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Examen du Barreau : quatre petits points de plus….

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Florence Tison

2020-06-08 15:00:00

L’École du Barreau a trouvé la solution pour compenser les ratés allégués de son examen en ligne. Les étudiants sont enragés!

Jocelyne Tremblay, directrice de l'École. Photo de courtoisie.
Jocelyne Tremblay, directrice de l'École. Photo de courtoisie.
Les finissants de l’École du Barreau ont finalement su ce matin quelle serait la solution apportée pour pallier les prétendus problèmes techniques de leur examen en ligne du 25 mai dernier.

Dans un courriel dont Droit-inc a obtenu copie, le Barreau a annoncé qu’il octroierait quatre points de plus à tous les étudiants, qu’ils soient en situation d’échec ou non.

La solution a été proposée par Louise Arsenault, experte en mesures et évaluations de la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université Laval, et basée sur le rapport du cabinet de service-conseil KPMG.

Selon ce rapport, que le Barreau n’a pas divulgué, « si tous les étudiants avaient répondu à toutes les questions, nous aurions recensé 16 620 réponses. Or, pour l'ensemble des étudiants, seulement 294 questions sur 16 620 questions n'ont pas été répondues, soit 1,78 %. À chaque année, il arrive qu'un certain nombre d'étudiants laisse des réponses en blanc. »

Les modifications non enregistrées, elles?

Le Barreau a donc décidé de donner une réponse gratuite à tous les étudiants, soit l’équivalent de quatre points.

« Ces points correspondent à la valeur maximale de points accordés pour une question », souligne le Barreau dans son courriel. En fait, l’une des questions de l’examen valait 10 points.

Les étudiants de l’École du Barreau n’en reviennent pas et jugent que la solution n’est pas du tout équitable.

« Pour vrai, je n’ai pas de mots, soupire la finissante Kateri Rivard, dont trois réponses ont été affectées par le bogue. On dirait qu’on se bat dans des sables mouvants. »

« Ça admet ses torts à demi mots, ça veut acheter la paix, pis ça gosse n’importe quoi comme solution, s’enflamme l’étudiante Corinne à qui Droit-inc a parlé. La question de rédaction valait 10 points. Si c’était ta dernière réponse non enregistrée, tu perds six points que tu aurais peut-être eus direct en partant. Ça ne tient pas compte de ceux dont plus d’une réponse n’a pas été enregistrée. »

Le principal problème soulevé par les étudiants, c’est que la solution du Barreau ne tient pas compte des modifications aux réponses, qui elles aussi ont pu ne pas être enregistrées. En effet, bien des étudiants ont modifié leurs réponses au cours de l’examen de cinq heures. C’est une vieille version de leurs réponses qui risque d’être évaluée.

« Je pense que le problème n’est pas si les étudiants ont répondu mais plutôt si les dernières modifications sont prises en compte, écrit l’étudiant Noah dans une discussion sur Facebook. Je peux modifier ma réponse et elle ne sera pas enregistrée, mais aux yeux de KPMG, j’ai répondu. C’est là le problème. Malheureusement, KPMG a juste évalué si les questions sont remplies. Peu importe par quoi. Ça peut être une virgule. »

Pas facile d’enregistrer ses réponses

Le Barreau n’admet toujours pas qu’un problème technique a eu lieu, bien que plusieurs étudiants se sont fait dire par un technicien de la plateforme que leur examen avait bel et bien été victime d’un bogue.

Dans son courriel, le Barreau clame que la plateforme de l’examen « a fonctionné comme elle a été programmée, c'est-à-dire qu'à l'expiration du temps alloué pour compléter l'examen, seules les réponses ou les modifications enregistrées manuellement par les étudiants ont été consignées sur la plateforme. »

Les problèmes soulevés par les étudiants seraient donc le fruit d’une « erreur possible résultant de l'interprétation des instructions au moment d'enregistrer une dernière réponse ou une dernière modification à une réponse ».

La vidéo explicative de la plateforme en ligne indiquait pourtant que toutes « les réponses que vous avez déjà saisies seront automatiquement soumises » à la fin du temps chronométré.

La foire aux questions de l’École du Barreau mentionne en outre que « le fait de passer à la question suivante enregistre une réponse dans le système », et que « l'étudiant peut aussi enregistrer sa réponse en cliquant à l’extérieur de la zone de rédaction avec sa souris ».

Effectivement, les étudiants qui ont cliqué à l’extérieur de la boîte après une question ne semblent pas avoir connu de problème avec celle-là. Toutefois, cette option n’était mentionnée que dans la FAQ de l’École du Barreau.

« Dans ma tête c’est assez important comme point, s’indigne Mathieu sur Facebook. Mettre ça dans la FAQ n’est pas suffisant. Ça leur aurait pris 30 secondes rajouter à l’examen qu’il faut cliquer à l’extérieur de la case pour que la réponse s’enregistre. »

Les associations étudiantes planchent actuellement sur une réponse appropriée à la solution proposée par le Barreau. Kateri Rivard attend les résultats de son examen pour envisager la suite. Les étudiants devraient les recevoir le 19 juin.

Pour les étudiants, une chose est sûre : la réponse du Barreau n’est pas du tout adaptée au problème.

« Leur conclusion, c’est de l’esti de marde, écrit Laurie sur Facebook. Ben oui, on avait mis des réponses, mais ce n’est pas les réponses qu’on avait écrites au final. »

Pour tout commentaire, le Barreau a envoyé cette réponse par courriel à Droit-inc.

« Les étudiants de l’École du Barreau ont reçu ce matin une communication détaillée concernant l’examen du 25 mai dernier. Pour toute question ou tout commentaire, nous les invitons à communiquer avec l’École du Barreau à l’adresse qui leur a été fournie dans cette communication à cet effet. »

  • Les noms de certains étudiants ont été modifiés.



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14 commentaires

  1. Mk
    Surprise
    C'est une belle solution pour régler le problème. Bravo au barreau. Les grincheux auraient voulu quoi? Une petite gomette "bravo"? Ou mieux passer l'examen automatiquement et avoir un stage à 100 000$ et une BMW fourni par le barreau? Ah les millenials.

  2. Je suis un Millenial
    Je suis un Millenial
    il y a 3 ans
    Mensonges
    Continuez de mentir.

    Il n'y a eu aucun problème avec la plateforme. Mais vous continuez de mentir pour obtenir l'accès à la profession gratuitement.

    Chers cabinets, ne faites pas l'embauche des membres de notre cohorte.

    Merci.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 3 ans
      Obvious troll
      is obvious

  3. Albertine
    Albertine
    il y a 3 ans
    Cafouillage au Barreau
    Cette cohorte n'en démord pas. Ils ont proposé un stage noté plutôt qu'une évaluation. Ils ne l'ont jamais obtenue.

    Ils ont eu 2 sujets... plutôt que 6.

    Ils ont eu 5 heures d'examen... plutôt que 9.

    Ils ont eu un examen à distance, avec tous les outils... plutôt qu'un examen sur place.

    Ils ont eu deux mois pour étudier... plutôt que des activités obligatoires jusqu'à la dernière semaine.

    D'une manière ou d'une autre, les étudiants de l'École du Barreau ont eu l'examen le plus facile de l'histoire du Barreau du Québec. Mais il semblerait que la culture victimaire qui habite nos facultés de droit leur permette de toujours remettre en question les décisions prises par les autorités.

    Bien hâte de les voir sur le marché du travail!

  4. Guy Laurin
    Guy Laurin
    il y a 3 ans
    Reprendre l'examen
    La vraie solution, reprendre l'examen.

    Point à la ligne.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 3 ans
      Si facile?
      Non. Je suis confiant que j'ai bien performé et je n'ai aucune intention de reprendre mon examen.

      Seule une infime partie des réponses sont manquantes. Et sur cette infime partie, certainement plusieurs sont restées vides intentionnellement car l'étudiant n'a pas eu le temps de finir ou ne savait pas quoi écrire. Donner 4 pts à tous est équitable considérant que très peu d'étudiants sont affectés négativement par la situation.

  5. Anonyme
    Anonyme
    il y a 3 ans
    Solution acceptable
    Je crois que la solution du Barreau est totalement justifiée. 4 points en plus peut tout changer dans ce type d'examen. Également, ces étudiants ont bénéficiés d'environ 2 mois d'études à temps plein pour seulement 2 domaines de droit et tout cela en 5 heures alors que les étudiants ont normalement 6 sujets à l'examen ainsi que seulement 1 mois pour étudier les sujets précis, et ce, pendant l'enseignement du Barreau qui termine seulement quelques jours avant les deux examens de 4h30 chacun! À mon avis, le Barreau ne doit pas laisser toute la cohorte passer sans avoir eu les résultats qui sont demandés, donc de donner des points de plus afin d'essayer d'équilibrer la situation était somme toute une décision raisonnable. ''text''

  6. Louis Fortier
    Louis Fortier
    il y a 3 ans
    Le saut du guerrier vanuatais!
    Il est étonnant que les intervenant(e)s, tous anonymes, attribuent une valeur aussi magique voire talismanique à l'examen du Barreau.

    Comme rite de passage, cet examen est aussi probant que le rituel du "saut du Gol" pratiqué sur l'Île de Pentecôte au Vanuatu par les jeunes guerriers pour prouver leur virilité. L'ancêtre du Bungee (saut à l'élastique) a été révélé au grand public en 1960 par Sir David Attenborough dans un documentaire de la BBC intitulé The Land Divers of Pentecost Island.

    Dans ce dossier, il serait intéressant de savoir : 1) quelle plateforme électronique a été choisie pour l'examen et combien elle a coûté et 2) quel est le montant des honoraires versés au cabinet de service-conseil KPMG et à l'experte en mesures et évaluations (la même que dans la "célèbre" affaire Khan c. Barreau du Québec, 2011 QCCA 792 et 2009 QCCS 1070).

    Dans un souci de transparence, il serait aussi souhaitable que l'École du Barreau du Québec rende publics le rapport de KPMG et celui de l'experte.

    L'actuel programme de formation professionnelle de l'École du Barreau était désuet dès son entrée en vigueur il y a une quinzaine d'années. Il ne tient aucunement compte de l'évolution des connaissances et des pratiques pédagogiques des cinquante dernières années.

    Qu'en sera-t-il du nouveau programme? Il est déjà regrettable qu'il ait été conçu dans le plus grand secret. Le Barreau étant un ordre professionnel censé protéger le public, des intervenant(e)s de la société civile auraient dû être invité(e)s à participer à cette réforme.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 3 ans
      Nouveau programme
      Il y a 4 représentants du public sur le CA du Barreau.
      Et l'École du Barreau prépare le programme en toute consultation. Je siège d'ailleurs sur le comité consultatif.

    • Louis Fortier
      Louis Fortier
      il y a 3 ans
      For your eyes only/Rien que pour vos yeix
      Faux! Il est possible que le nouveau programme s'avère être la meilleure invention depuis la découverte du pain tranché et c'est ce que je souhaite de tout coeur. Mais prétendre que l'École du Barreau l'a préparé "en toute consultation" est une présentation inexacte des faits.

      Tous les passages des procès-verbaux des réunions du conseil d'administration traitant de la réforme du programme de formation professionnelle sont systématiquement caviardés (sauf un; par erreur ou oubli?).

      Qui sont les membres du comité consultatif et quelles sont leurs qualifications? Combien la réforme a-t-elle coûté jusqu'à maintenant? Quel(le)s expert(e)s ont été consulté(e)s). De quels modèles s'est-t-on inspiré? Qui a été consulté?

      Les membres n'ont pas été consultés. Les étudiant(e)s n'ont pas été consulté(e)s. Le grand public n'a pas été consulté. Personnellement, j'aurais bien aimé être consulté.

      Bien que souhaitable, la présence de quatre représentants du public au conseil d'administration du Barreau est nettement insuffisante lorsqu'il s'agit de procéder à une réforme aussi importante. Compte tenu de l'échec patent de la réforme antérieure et du fait que ses auteures font encore partie de la permanence, il est permis de douter.

      Et vous, qui êtes-vous? Pourquoi faire un commentaire anonyme? Il n'y a pourtant pas de honte à faire partie de ce comité consultatif. Vous devriez en être fièr(e) et nous devrions vous en être reconnaissant(e)s.

    • Un étudiant
      Un étudiant
      il y a 3 ans
      Dans le bon vieux temps
      La formule pédagogique actuelle est complètement déficiente. En voici juste un exemple : forcer les étudiants a participé à un procès simulé qu'ils doivent préparer 2-3 jours avant leurs examens finaux pour lesquels ils doivent étudier 6 sujets de droit. Un exercice qui ne sert à rien dans les circonstances de l'examen final, mais qui pourrait être autrement utile ou même ludique si situé ailleurs dans le calendrier.

      Mon prof de droit des affaires au Barreau (encore plutôt jeune) nous a confié que "dans son temps" il y avait un examen par matière et une reprise par matière mais que la formation se faisait toujours sur 10 mois (?). Cela semble être plus humain que de demander aux étudiants de se bourrer le crâne avec 6 sujets de droit pour finalement se faire poser seulement 5 questions par sujet. En Ontario, corrigez-moi quelqu'un si je me trompe, les examens sont sous forme de questions à choix multiple seulement. Deux examens séparés par une semaine ou plus d'une durée de 8heures où l'ont doit répondre à 100 ou plus questions à choix multiple. Au Québec nous avons un petit 24h pour respirer entre les deux examens. Pourquoi?

      Bref la formation professionnelle du Barreau du Québec c'est un espèce de "bootcamp" dont ont pourrait fort bien se passer ou du moins revoir le déroulement. Le problème c'est que ceux qui ont passé au travers ne sont pas très préoccupés par le sort de ceux qui s'y cassent les dents par la suite. Ça fait moins de "compétition" anyway...

  7. Anonyme
    Anonyme
    il y a 3 ans
    Solution alternative
    Il y a une erreur dans le texte. On aurait dû lire:
    «Aucune pitié, il y a déjà trop d'avocats» voulait proposer Louise Arsenault, experte en mesures et évaluations de la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université Laval, et basée sur le rapport du cabinet de service-conseil KPMG.

  8. Barreau 2013
    Barreau 2013
    il y a 3 ans
    Avocat
    L'École du Barreau faisait déjà n'importe quoi en 2013. Malheureusement la pandémie n'a fait qu'empirer les choses.

    Vu tous les dommages occasionnés et l’imbécillité des actes de l'École, il me semble qu'un recours collectif serait de mise... ça leur donnerait peut-être une leçon, sans mauvais jeu de mots.

    Je dis ça... je dis rien...

  9. Étudiant
    Étudiant
    il y a 3 ans
    Fausse compensation
    Ces 4 points ne compensent aucunement tous les autres points perdus par tous les étudiants n'ayant pas eu leurs modifications enregistrées.

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