Dossier spécial: Desjardins Ducharme

Desjardins Ducharme : Autopsie d’un déclin

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Rene Lewandowski

2007-06-29 10:52:00

Bien des causes peuvent entraîner la chute d’une organisation. Absence de leadership, manque de liquidités, stratégie douteuse, mauvais positionnement…

Pour Desjardins Ducharme, aucun événement n’illustre aussi bien sa situation actuelle que ce qui s’est passé l’automne dernier.

En septembre 2006, le cabinet a été incapable de payer en totalité aux associés les avances monétaires prévues dans leur contrat. Ces avances – versées chaque trimestre – permettent aux associés d'acquitter au fisc leurs acomptes provisionnels.

Manque de liquidités ? Peut-être. Toujours est-il que pour beaucoup d’associés, ce fut la goutte qui a fait déborder le vase. Nombreux sont ceux qui ont dû se débrouiller à la va-vite pour payer leur facture fiscale. Certains ont même dû emprunter ! D’autres ont tout simplement décidé de quitter le navire.

Cette anecdote n’explique pas tout. À vrai dire, il s’agit plutôt de la résultante d’un long déclin amorcé depuis le nouveau millénaire.

Il y a dix ans à peine, Desjardins Ducharme était la star juridique du Québec Inc. Les mandats s’empilaient, les associés empochaient. Que s’est-il passé depuis ? Les raisons sont multiples :

Incapacité de devenir un cabinet national
Au milieu des années 90, Desjardins Ducharme roulait à toute vapeur, grâce notamment au Québec Inc., et à son partenariat stratégique et exclusif avec Torys : le cabinet torontois lui refilait les mandats en provenance de Toronto, Desjardins Ducharme lui référait des clients québécois.

À mesure que ses clients du Québec prenaient de l’expansion, toutefois, de plus en plus exprimaient le souhait de se faire servir par un cabinet national, tannés de se faire référer à un autre bureau chaque fois qu’ils sortaient du Québec. Cela mettait de la pression sur les associés, qui eux aussi souhaitaient une plateforme nationale, particulièrement ceux œuvrant en valeurs mobilières.

Desjardins Ducharme a donc proposé un mariage à Torys…qui a refusé. Normal, diront certains, pourquoi Torys aurait accepté de convoler en justes noces avec un cabinet dont les avocats ont un taux de rentabilité trois fois plus faible ?

Desjardins Ducharme frappe alors à toutes les portes, tentant de convaincre un cabinet national n’ayant pas de place d’affaires au Québec de l’épouser. Le cabinet discute avec McMillan Binch, avec Goodmans, avec Blakes, et d’autres encore, en vain.

Voyant que la démarche n’aboutira pas, des associés partent pour Gowlings, pour Fasken, bref, tous ceux qui souhaitaient bosser pour un cabinet national quittent le navire.

En 2001, Osler débarque à Montréal, et débauche plusieurs autres associés, dont Michel Benoît, à qui on fait une offre impossible à refuser.

Les récents départs ont été le dernier clou dans le cercueil. Celui de Gilles Séguin fait particulièrement mal, car il était celui responsable d’apporter de l’eau au moulin en provenance des bureaux torontois. Avec beaucoup de succès d’ailleurs.

Un système de rémunération qui déplaît
L’autre raison qui explique le départ de nombreux associés est le système de rémunération du cabinet. Pour beaucoup d’associés – surtout les plus performants – ce système a longtemps été une source de frustrations.

Car, contrairement à d’autres cabinets qui récompensent les meilleurs, le système mis en place chez Desjardins Ducharme nivelle la rémunération de tous, peu importe – ou si peu – leur performance.

Cette situation devenait intolérable pour les associés qui rapportaient gros, mais qui se trouvaient injustement payés.

Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs souvent réclamé une « épuration » des éléments les moins performants. Sans succès.

Aujourd’hui, il est peut-être trop tard pour agir. Car beaucoup d’observateurs estiment que les meilleurs sont déjà partis de toute façon.
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