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« Il faut suivre son instinct » _ Kim Thomassin

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Dominique Tardif

2010-03-31 15:00:00

Cette semaine, Dominique Tardif rencontre Me Kim Thomassin, associé directrice de McCarthy Tétrault pour la région du Québec, qui nous parle de sa carrière et de ses grands défis professionnels.

Me Kim Thomassin est l’associée directrice du cabinet McCarthy Tétrault pour la région du Québec.

1. Pourquoi avez-vous décidé d’être avocate?

Pour moi, ça a été en quelque sorte un concours de circonstances. J’hésitais entre le droit et la médecine, mes études de cégep me permettant de faire l’un ou l’autre. J’ai appliqué, entre ma 2e et 3e année de cégep, dans des hôpitaux et des bureaux d’avocats pour un emploi d’été. Peut-être que les choses auraient été différentes si un hôpital m’avait appelé en premier, mais c’est le cabinet d’avocats qui l’a fait! J’ai fait de tout cet été là, de l’ouverture du courrier au remplacement de la réceptionniste en passant par des mises à jour à la bibliothèque. J’aimais l’esprit de camaraderie qu’il y avait entre les avocats, et l’atmosphère qui régnait. Ça a été le coup de foudre! Je suis ensuite entrée en droit, et j’ai adoré ça!

2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face?

Je pense que mes plus grands défis sont probablement à venir, mais jusqu’ici, mon plus grand défi a été de clôturer des dossiers alors que j’étais à l’étranger. C’est un défi que de travailler avec des intervenants multiples sur plusieurs fuseaux horaires. Il faut savoir travailler avec des ressources limitées et s’adapter à différentes cultures, en satisfaisant « coûte que coûte » les clients sans le niveau de confort auquel on est habitué.

Je me rappelle en particulier d’un cas où un intervenant assez important au dossier allait dans le sens contraire de tout le reste de l’équipe : un climat de méfiance s’est instauré entre les parties, et ça envenimait les relations. Mon travail était d’assurer la clôture de la transaction malgré tout. J’étais à l’étranger pour ce dossier, et il fallait coordonner les choses en vivant sur les fuseaux horaires de là-bas et d’ici à la fois. Il y avait peu de temps pour trouver le sommeil! Cela dit, je suis très contente : on a réussi, après des négociations qui se sont échelonnées sur plusieurs mois.

3. Si vous pouviez changer quelque chose à la pratique du droit, de quoi s’agirait-il? /Quels sont selon vous les changements à anticiper au cours des années à venir quant à l’exercice de la profession en entreprise?

Je pense qu’il faudra faire preuve de plus de créativité dans notre façon de rendre les services juridiques dans le futur. La gestion de projets à l’interne est importante, de même que la prévisibilité des coûts. On utilise maintenant une sorte de document Excel ressemblant beaucoup à ce que les ingénieurs font, sur lequel on travaille avec les clients, ce qui nous permet de mieux prévoir et de faire encore plus équipe qu’avant avec les clients.

Quant à ce j’aimerais changer, c’est probablement le scepticisme qui est associé à la pratique du droit, en dehors de nos cercles immédiats. Je crois que le scepticisme est moindre ici qu’il ne l’est ailleurs - mais il est quand même présent. De plus en plus, les avocats sont perçus non pas comme un mal nécessaire, mais comme ils devraient l’être, c’est-à-dire comme de vrais conseillers. Je crois que ça prendra du temps, mais je souhaite que les mentalités changent encore plus en ce sens.

4. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière?

Il est incroyable de voir les cv et la qualité des jeunes avocats qu’on rencontre aujourd’hui! Les jeunes avocats ont beaucoup plus d’expériences variées qu’avant : ils ont voyagé, ils ont démarré une entreprise tout en faisant leurs études, etc. Je crois que cela devrait d’ailleurs aider à diminuer le scepticisme envers la profession dont je parlais plus tôt.

Quant aux conseils que je donnerais à quelqu’un débutant sa carrière, je crois qu’il est important pour les gens de suivre leur instinct : les jeunes doivent se fier à ce qu’ils font. Ils doivent aussi développer leur ''entrepreneurship''. Avant, nous nous attardions beaucoup à la rigueur professionnelle et aux résultats académiques pour évaluer les avocats. Maintenant, on prend cela un peu plus pour acquis, et on requiert d’eux qu’ils développent une connaissance des marchés, un sens de l’''entrepreneurship'', etc. Une personne qui se présente en entrevue doit être capable de parler de ce qui l’intéresse, et doit s’intéresser à des opportunités diversifiées. Évidemment, les choses ne sont pas faciles dans les conditions économiques actuelles : il faut donc être prêt à travailler fort. Il y a vraiment de belles opportunités pour ceux et celles qui persévèrent.

En vrac…

• Elle est à lire

« Too big to fail » de Andrew Ross Sorkin

• Derniers bons films qu’elle a vus

« Up in the air» (Réalisateur : Jason Reitman)
« The blind side » (Réalisateur : John Lee Hancock)

• Restaurants préférés

À Québec : il Matto (sur l’avenue Myrand, à Sainte-Foy)
À Montréal : Le Toqué (à la Place Jean-Paul-Riopelle) et Le Ferreira (sur la rue Peel)

• Endroits qu’elle aimerait visiter

L’Île Maurice, qui semble si magique, et la Côte amalfitaine, en Italie.

• Si elle n’était pas avocate, elle serait…

Probablement médecin – pas de la médecine de laboratoire, mais celle où il y a contact avec les gens. Ou encore maman avec ma fille! Et elle ajoute : Mais j’adore ce que je fais!! (Et nous n’en doutons pas!)


Biographie

La pratique de Me Thomassin porte principalement sur le financement de projets dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures, des acquisitions et des opérations de financement, ainsi que des opérations commerciales. Me Thomassin a participé à des opérations nécessitant la mise en place de fiducies de revenu et des placements en actions et en capital d’emprunt dans le cadre de projets d’énergie (hydroélectrique, éolienne, biogaz, biomasse et autres) et d’infrastructures. De plus, elle a représenté diverses institutions publiques et des promoteurs dans le cadre de partenariats public-privé.

Depuis 2008, Me Thomassin est membre de l’équipe de direction nationale du cabinet. Elle est associée directrice et membre du Groupe de travail sur la diversité et membre du Comité des ressources professionnelles de McCarthy Tétrault, qui soutient le Programme de perfectionnement professionnel du cabinet.

Me Thomassin a coprésidé, en août 2008, la Conférence juridique canadienne et l’Expo de l’Association du Barreau canadien, événement considéré comme le plus important rassemblement annuel d’avocats au Canada.

Me Thomassin est régulièrement invitée à s’exprimer dans le cadre de conférences et est l’auteure de bon nombre d’articles sur les énergies renouvelables, les infrastructures, le financement de projets et les partenariats public-privé destinés à des publications aussi bien canadiennes qu’américaines.

Me Thomassin a obtenu un B.C.L./LL. B. de l’Université Laval en 1996, après avoir effectué une mineure en psychologie à l'Université McGill. Elle a également étudié à la Faculté de droit de l'Université Western Ontario. Elle a été admise au Barreau du Québec en 1996 et est membre de l’Association du Barreau canadien.


imge #3665
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5 commentaires

  1. Me
    Me
    >>>> Je pense que mes plus grands défis sont probablement à venir, mais jusqu’ici, mon plus grand défi a été de clôturer des dossiers alors que j’étais à l’étranger. C’est un défi que de travailler avec des intervenants multiples sur plusieurs fuseaux horaires

    Avec des esclaves qui doivent être au bureau entre 10 PM et 4 AM, c'est pas un grand exploit. Vantez-vous donc de vos réalisations propres...

  2. anonyme
    anonyme
    il y a 13 ans
    anonyme
    Me a raison. Les associés se pétent souvent les bretelles pour des choses qu'ils sont incapables de faire sans 2-3 stagiaires et 2-3 juniors sous-payés et surmenés. Bon point. Allez, un petit effort. Une réalisation personnelle dont on est fière... ça doit pas être si difficile que ça à trouver.

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 13 ans
    Bravo
    Pour les commentaires et le modèle - une femme de carrière qui aime ce qu'elle fait et qui réussit!

  4. Me
    Me
    > Pour les commentaires et le modèle - une femme de carrière qui aime ce qu'elle fait et qui réussit!


    Connaissez-vous des femmes de carrière qui ne réussissent pas? Logiquement, si elles ne réussissent pas c'est qu'elles ne finissent pas par être devenues "femmes de carrière". Ainsi donc, "femme de carrière qui réussit" est obligatoirement un monstrueux pléonasme.

  5. Anonyme
    Anonyme
    il y a 13 ans
    Bravo!
    Bon article!

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