Étudiants ou étudiants noirs ?

Pourquoi existe-t-il une association d’étudiants noirs en droit au Canada? Est-ce pour lutter contre une forme de ségrégation? Ou pour être un lobby de défense communautaire? Non, plus prosaïquement « pour faire du réseautage », dit Anthony N. Morgan, président de l’ Association des Étudiants Noirs en Droit du Canada (AENDC).

Anthony N. Morgan, 24 ans, est étudiant en deuxième année de droit à McGill. Auparavant, il a obtenu un bac en déontologie, société et droit à Toronto.

Après son barreau, il voudrait travailler en politique internationale des Antilles, pourquoi pas au sein d'une des institutions de la CARICOM, le marché de libre échange de la communauté du bassin des Caraïbes.

Un plan de carrière, pour ainsi dire, déjà tout tracé.

Pourtant, quelques années en arrière, tout cela n'était pas si évident pour lui.

"Je voulais faire du droit depuis mon secondaire, dit-il. Pourtant, si l'AENDC n'avait pas existé, c'est sûr je n'y serais jamais allé. A l'association, des membres m'ont appris à me présenter en entrevue, à rédiger une lettre de motivation, ensuite, ils m'ont aidé à choisir mes matières, ils m'ont aussi mis en relation avec les bonnes personnes de la communauté juridique, celles susceptibles de me donner de l'information."

Se créer un réseau

L'AENDC a été pour Anthony un passeport d'accès à la communauté juridique, comme un relais au réseau qu'il n'avait pas.

«Dans ma famille, il n'y a pas d'avocat, dit-il. Je n'avais personne pour me conseiller sur mes choix d'orientation. Ce que j'ai vécu, c'est aussi le cas de nombreux étudiants noirs en droit qui n'ont pas, non plus, deux ou trois générations qui les ont précédés. Et puis, pour nous tous, s’ajoute une difficulté supplémentaire à cause des médias, qui ne donnent pas toujours une image positive des Noirs. »

Selon Anthony, « beaucoup d’étudiants noirs seraient handicapés sans cette organisation pour trouver l’emploi légitime auquel ils peuvent prétendre. En particulier ceux qui ont excellé ». Voilà pour lui la nécessité première de l’AENDC.

Promouvoir l’excellence des étudiants noirs en droit

Un autre rôle important de l'association est d'attirer des membres de la communauté juridique, afin qu'ils parlent aux étudiants noirs en droit, et en même temps qu'ils prennent conscience des difficultés et des enjeux de cette communauté.

Elle organise ainsi régulièrement des réunions ou des débats.

Et dans cette tâche, pas de discrimination de la part d’Anthony Morgan. Toutes les initiatives sont les bienvenues, comme ce palmarès des meilleurs employeurs du Canada pour la diversité.

« Le Canada est multiculturel, c’est donc bon que les grands cabinets s’engagent dans cette voie et démontrent qu’il y a de la place pour la diversité dans les firmes d’avocats, dit-il. Avec eux, de plus petits cabinets suivront ensuite. »

Une association qui a besoin de soutien

Crée à Toronto il y a une vingtaine d’années, l’association compte d’anciens membres qui ont réussi et qui s’impliquent dans l’activation des contacts avec le milieu professionnel. Anthony N. Morgan cite Linc Rogers, associé chez Blakes à Toronto et Andrew C. Alleyne, associé chez Fasken Martineau à Toronto également.

Ce n’est pas encore aussi bien au Québec, où l’association s’est implantée il y a seulement 7 ans et n’a pas encore un réseau de contacts aussi développé que dans le Canada anglophone.

Quoi qu’il en soit, en termes de nombre, l’association est encore peu représentative de sa communauté, puisqu’elle ne compte curieusement que 170 membres dans tout le Canada. C’est peu. Il y a pourtant beaucoup plus d’étudiants noirs. Anthony N. Morgan en est conscient et cherche aujourd’hui à obtenir plus de représentativité pour l’association qu’il préside. Au Québec, l’Uqam et l’Université de Montréal sont en ligne de mire.

C’est pourquoi il profite de la rencontre avec Droit-Inc pour faire appel à toutes les bonnes volontés. Et pas seulement aux étudiants noirs en droit.

« Tous sont les bienvenus à devenir membres ou à s’associer à notre organisation pour servir la communauté canadienne dans la réalisation de l’esprit du multiculturalisme à son état le plus pur. »