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Le grand plongeon dans le bassin du droit

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Dominique Tardif

2011-06-15 14:15:00

Cette semaine Dominique Tardif rencontre Richard Pound, un as en matière d'arbitrage international et un ancien champion de natation. Il revient sur son parcours qui l'a mené aux Jeux Olympiques et à figurer dans le Time...

Richard Pound est associé chez Stikeman Eliott au bureau de Montréal, membre du groupe de droit fiscal.

1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier/profession ?

Mon père était ingénieur dans quelques villes de pâtes et papiers – des villes petites et qui sentaient mauvais! J’avais donc écarté dès mon jeune âge la possibilité d’être ingénieur et, à l’âge de douze ans, ai décidé de devenir comptable agréé.

À mi-parcours, j’ai réalisé que j’avais besoin de quelque chose de plus, et les choix auxquels je pensais étaient ceux des affaires et du droit. J’ai choisi le droit, aimant l’idée de devenir membre d’une profession et d’en apprendre plus sur un métier qui implique de solutionner des problèmes. La combinaison des deux disciplines a d’ailleurs été pour moi une combinaison fantastique, d’autant plus que je pratique en fiscalité.

2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière, qu’il s’agisse du droit ou de votre implication dans la communauté sportive ?

Si vous êtes un professionnel, votre plus grand défi, au quotidien, est de vous assurer de maintenir votre indépendance professionnelle. C’est ce qui fait de vous un bon avocat. Vous devez avoir la capacité, quand vous travaillez au nom de votre client, d’être indépendant et de ne pas devenir l’esclave de quiconque. Je crois qu’il s’agit du plus grand défi, et aussi de la raison pour laquelle de nombreux professionnels se retrouvent dans de mauvaises situations : ils l’oublient.

Pour Me Pound, il est important de jamais être l'otage d'un client ou d'un point de vue
Pour Me Pound, il est important de jamais être l'otage d'un client ou d'un point de vue
Il est donc important de ne jamais devenir l'otage d'un client ou d’un point de vue. Cela implique parfois de dire à un client que, même s’il est de sa prérogative de ne pas suivre votre conseil, il est aussi de votre devoir, bien qu’il ne s’agisse pas toujours de la réponse qu’il souhaite obtenir, de lui indiquer ce qui pourrait se produire s’il choisissait telle ou telle avenue.

3. Si vous pouviez changer quelque chose à la pratique du droit, de quoi s’agirait-il ?

Il est important de se rappeler que le droit n’est pas une « business » pratiquée par des professionnels. C’est plutôt, à l’inverse, une profession dont la pratique, il est vrai, peut être bonifiée par la discipline qu’une personne acquiert de par ses connaissances en affaires, qu’il s’agisse de la gestion du temps ou de l’efficacité, à titre d’exemples.

Cela dit, il faut toujours se rappeler qu’il s’agit d’une profession, non d’une « business ». Il n’y a évidemment aucune raison de ne pas être efficace dans son travail - là n’est pas la question - mais le droit n’est pas et ne devrait pas être une « business », bien que je crois que cette perception constitue une tendance croissante dans la profession.

Notre objectif est et doit être de devenir les meilleurs professionnels du milieu juridique – et non d’être les plus profitables. Nous pouvons évidemment être profitables, et devrions en principe l’être, mais cela ne doit pas constituer le point de départ de notre approche en tant qu’avocat.

4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique ? Et pourquoi, à votre avis ?

La perception du public est très influencée par ce qu’il voit à la télévision. Et ce que l’on y voit a contribué, à mon avis, à produire une génération d’avocats qui sont rudes et mal préparés. Cela dit, je crois que les choses changeront à cet égard, comme on apprend rapidement dans la profession que si l’on se conduit de cette façon, on n’est pas aussi bon et que le risque de perdre augmente! La question de la civilité est un enjeu qui, je crois, affecte la perception envers la profession: le moins civilisé vous êtes, le moins le public est impressionné par votre comportement.

Par ailleurs, il est très difficile pour le public de bien comprendre et cerner l’ensemble du travail de l’avocat. La plupart des avocats ne vont pas à la cour. Les meilleurs avocats, d’ailleurs, n’y vont pas chaque fois, comme la plupart des cas devraient être réglés. Si vous êtes bon avocat, vous devriez être en mesure de prédire et d’anticiper l’issue du dossier. Et si vous en connaissez l’issue, vous devriez être en mesure de convaincre votre client de la chose à faire. Un règlement est sauf exception meilleur qu’une poursuite.

Enfin, je crois que les consommateurs de services juridiques sont plus experts qu’ils ne l’étaient, et que les organisations et avocats qui permettent aux clients de fournir un service de qualité à un coût inférieur sont susceptibles de devenir de plus en plus nombreux dans le futur.

5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et qui, comme vous, voudrait percer dans le milieu juridique, mais aussi dans le milieu du sport ?

Tout d'abord, faites votre travail, c'est-à-dire la portion de votre temps pour laquelle vous êtes engagé. Puis, redonnez à votre communauté. Pour moi, l’implication a été faite auprès des communautés sportive et éducative, et c’est par le bénévolat que je suis devenu partie du monde administratif du sport.

Un autre conseil pour réussir dans la profession est d’apprendre à écrire. La capacité de communiquer n’a jamais été plus importante qu’aujourd’hui, à un moment où nous en sommes à l’ère digitale.

Enfin, les meilleurs avocats que j’ai rencontrés sont tous capables d’aller à l’essentiel rapidement, et de séparer ce qui importe de ce qui importe moins.

Et rappelons-nous : on apprend la bouche fermée et les oreilles ouvertes!

En vrac…

• Les derniers bons livres qu’il a lus, et qui lui sont utiles pour rédiger son volume sur les Jeux olympiques de Montréal de 1844 : « The life and correspondence of Charles, Lord Metcalfe » Auteur : John William Kaye (1858)

• Deux de ses films préférés : « Dave » Réalisateur : Ivan Reitman. « Men in Black » Réalisateur : Barry Sonnenfeld

• Ses restaurants préférés : Le Piémontais (rue du Bullion), Il Cortile (rue Sherbrooke Ouest), Le Mas des Oliviers (rue Bishop), Molivos (rue Guy).

• Des pays qu’il aime particulièrement : Il passerait volontiers plus de temps en France et en Italie !

• S’il n’était pas avocat, serait-il… un athlète olympique ? Non, répond-il, il aime simplement trop le droit pour penser à une autre carrière !


Biographie


Richard Pound est associé au bureau de Montréal de Stikeman Elliott. Il est membre du groupe de fiscalité. Il exerce principalement dans les domaines du litige fiscal et des négociations avec l’administration fiscale pour le compte de clients, en plus d’agir à titre de conseiller en fiscalité générale et en arbitrage commercial.
Me Pound est reconnu par l’édition 2011 de The Canadian Legal Lexpert Directory, comme un avocat de premier rang « très souvent recommandé » dans le secteur de l’arbitrage international. Il figure dans l’édition 2011 du répertoire The Best Lawyers in Canada et a figuré dans la publication Lexpert/American Lawyer Media, A Guide to the Leading 500 Lawyers in Canada, édition 2009. Me Pound figure également comme chef de file en droit fiscal dans le répertoire PLC’s Cross-border Tax on Corporate Transactions Handbook 2009. Il a obtenu la cote la plus élevée (« AV ») dans le Martindale Hubbell Peer Review Ratings.
Me Pound a été nommé par le magazine TIME comme étant l’une des cent personnes les plus influentes du monde pour ses efforts dans sa lutte contre le dopage dans le sport.
En juillet 2009, il a reçu le prix Ernest T. Stewart, soit le plus grand honneur décerné par le CASE (Council for the Advancement and Support of Education) à un diplômé s’étant dépassé pour son université. Il est le deuxième Canadien en 56 ans d’histoire à recevoir ce prix.
En février 2008, il s’est vu décerner le trophée Laureus «Spirit of Sport» pour son travail à la direction de l’Agence mondiale antidopage.
Ancien nageur olympique et vice-président du Comité International Olympique, Me Pound est intronisé au Canada Olympic Hall of Fame en tant qu’athlète et administrateur, et sera intronisé au Canada Sports Hall of Fame en novembre 2011 pour sa grande contribution en tant que bâtisseur dans le monde du sport.
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