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Quand tattoo rime avec tabou

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Céline Gobert

2011-08-17 15:00:00

A l’heure où le milieu juridique déploie de nombreuses politiques internes mises au service de la diversité, il semble qu’un dernier tabou persiste encore chez les avocats : le tatouage. Guy Tremblay, associé directeur chez Heenan Blaikie, et Dominique Tardif, directrice de ZSA, ont accepté de nous en dire un peu plus.

Fort heureusement, au sein des cabinets juridiques, il est de mise aujourd’hui de multiplier les politiques internes pour normaliser la diversité. Et les tatoués alors ?

Il semble bien que le milieu juridique ne soit pas très ouvert sur le sujet. Peut-être parce que le tatouage est moins répandu ici qu’ailleurs ?

Les tatouages sont admis dans certains milieux professionnels plus que d'autres selon Me Tardif
Les tatouages sont admis dans certains milieux professionnels plus que d'autres selon Me Tardif
« Je pense que certains milieux sont plus ouverts sur la question du tatouage que d’autres. C’est sûrement le cas pour le milieu de la publicité, des arts ou de la communication », nous dit Dominique Tardif, directrice de ZSA.

Ce qu’il ressort très clairement des débats, c’est l’idée d’une inadéquation entre l’image de l’avocat et celle, du tatoué.

« Aujourd’hui, c’est généralement accepté et cela touche toutes les tranches d’âge et tout type de population, mais à mon époque le tatouage était surtout répandu chez les marins et les criminels », nous dit Guy Tremblay, associé directeur du cabinet Heenan Blaikie.

L’image que donne l’employé, est l’image que veut donner l’employeur. D’où le problème que pose le tatouage, en milieu professionnel. D’autant plus, si celui-ci est … visible.

Se posent alors plusieurs questions : l’avocat est-il obligé d’en informer son supérieur ? Est-il tenu de cacher son tattoo ?

« Absolument pas ! Il s’agit du domaine privé et de la liberté d’expression ! », affirme Me Tremblay qui évoque une affaire intéressante sur le sujet, et qui pourrait bien faire jurisprudence en la matière.

Art corporel et raisonnabilité

Soit le conflit qui oppose Nadine Bélisle à ses employeurs d’un Centre de la Petite Enfance. Une affaire qui soulève l’épineux problème de la raisonnabilité.

L’objet de la discorde ? Un tatouage, sur l’omoplate droite. Le verdict ? Obliger une employée à couvrir son tatouage au travail est nulle et contraire à la liberté d’expression et au droit au respect de la vie privée garantis aux articles 3 et 5 de la Charte des Droits et Libertés de la Personne.

Me Trembaly estime que le tatouage ne devrait pas être un facteur décisif à l'embauche même s'il peut poser des difficultés
Me Trembaly estime que le tatouage ne devrait pas être un facteur décisif à l'embauche même s'il peut poser des difficultés
« Admettons qu’une employée arbore un tatouage de fleur sur l’épaule avec le mot amour, est-ce raisonnable d’exiger qu’elle le cache ? De même, est-il de mise de condamner un employé au port de pantalons longs si ce dernier est tatoué sur le mollet ? », s’interroge Guy Tremblay.

Mais, comment définir précisément la notion de raisonnabilité ? Où situer les limites entre liberté d’expression et conflit entre vie privée et vie professionnelle ?

Admettons maintenant, cette même jeune femme avec une fleur au poignet qui souhaiterait être réceptionniste au sein d’un cabinet d’avocats. Connaîtrait-elle des difficultés à trouver un emploi ?

« Cela ne devrait pas être un facteur décisif à l’embauche, parce que ce sont les compétences qui priment, mais elle rencontrerait certainement quelques difficultés, oui », nous confie Me Tremblay.

« Je ne sais pas si cela poserait problème à une majorité, mais je présume que oui, cela pourrait faire lever quelques sourcils », déclare Me Tardif.

Pas de tatoos chez les avocats ?

Pour autant, on retrouve tout de même des tatoués parmi les membres de la profession !

Le montréalais Rico n'a eu aucun mal à trouver du travail... comme modèle pour les créateurs de mode
Le montréalais Rico n'a eu aucun mal à trouver du travail... comme modèle pour les créateurs de mode
« Bien sûr, je connais plusieurs avocats tatoués, au sein même du cabinet. Il y a beaucoup de personnes tatouées parmi les courriéristes également », nous dit Me Tremblay.

Et même s’il reconnaît ne pas être adepte de la chose, Guy Tremblay n’hésite pas à se positionner du côté de la liberté de choix et d’expression !

« De toute façon l’avocat n’arrive pas chez son client en chemise courte ! Il porte un complet. Donc, il n’y a pas vraiment de problèmes », conclut-il.
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6 commentaires

  1. DSG
    Je pense que certains milieux sont plus ouverts sur la question du tatouage que d’autres.
    Gee, you think? So perhaps tattoos would be more acceptable if I were a biker or a wrestler?

    Personally I find tattoos tacky, especially since this ridiculous tattoo craze. Would that affect my decision to hire someone? Assuming that the person doesn’t get tattooed in order to make up for some insecurity or lack of self worth (which is often the reason why people get tattoos), and assuming that the tattoos don’t consist of Nazi crap or daggers through a skull, to me it would be no different than wearing a suit from Moores or driving a Honda Civic.

    • O.
      Re : Je pense que certains milieux sont plus ouverts sur la question du tatouage que d’autres.
      > Gee, you think? So perhaps tattoos would be more acceptable if I were a biker or a wrestler?
      >
      > Personally I find tattoos tacky, especially since this ridiculous tattoo craze. Would that affect my decision to hire someone? Assuming that the person doesn’t get tattooed in order to make up for some insecurity or lack of self worth (which is often the reason why people get tattoos), and assuming that the tattoos don’t consist of Nazi crap or daggers through a skull, to me it would be no different than wearing a suit from Moores or driving a Honda Civic.

      Quand je lis ce genre de commentaire, j'ai honte d'être avocat et l'idée qu'on puisse m'associer à ce genre d'individus me répugne.

    • Tannante
      Tannante
      il y a 12 ans
      Re : Je pense que certains milieux sont plus ouverts sur la question du tatouage que d’autres.
      Not sure that's why people get tattoos...

      However, I am certain that people who feel the need to criticize and bitch about people they don't know do so because they are insecure and lack self worth.

      > Gee, you think? So perhaps tattoos would be more acceptable if I were a biker or a wrestler?
      >
      > Personally I find tattoos tacky, especially since this ridiculous tattoo craze. Would that affect my decision to hire someone? Assuming that the person doesn’t get tattooed in order to make up for some insecurity or lack of self worth (which is often the reason why people get tattoos), and assuming that the tattoos don’t consist of Nazi crap or daggers through a skull, to me it would be no different than wearing a suit from Moores or driving a Honda Civic.

    • Marge
      Fraknly I think that's absolutely good stuff.
      Fraknly I think that's absolutely good stuff.

  2. Anonyme
    Anonyme
    il y a 12 ans
    regards
    ya. people get tattooed to make up for some insecurity or lack of self worth. that made alot of sense.

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 12 ans
    Sociologie du tatouage
    would be more acceptable if I were a biker ...?

    Seulement si tu posais au milieu de la faune appropriée.

    Par exemple:

    http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/justice-et-faits-divers/201108/17/01-4426542-un-proche-des-hells-accuse-de-menaces-contre-des-policiers.php

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