Secrets de femmes

Devant une assemblée de femmes attentives, se tiennent quatre conseillères juridiques, quatre femmes de pouvoir.

Brigitte Catellier, vice-présidente aux affaires juridiques et secrétaire chez Astral Media inc, Christine Desaulniers, vice-présidente, chef des affaires juridiques et secrétaire chez Transcontinental inc, Caroline Lemoine, vice-présidente aux affaires juridiques et secrétaire corporative d’Industries Lassonde inc, et Martine Turcotte, vice-présidente exécutive chez BCE inc.

Dans le cadre d’une conférence organisée par l’Association des conseillers juridiques (ACC) et le cabinet Norton Rose, et initiée par Me Antonietta Maro, conseillère juridique principale chez Aveos - qui déclare avoir eu l’idée d’un tel évènement l’année dernière au congrès annuel de l’ACC à Denver- le quatuor se partage micros et anecdotes, offre bons mots et conseils à des femmes désireuses d’atteindre le sommet.

Voici leur recette du succès :

1. « Performer »

« Que vous soyez un homme ou une femme, votre client c’est l’entreprise. Il faut savoir où l’on s’en va, s’adapter », explique Me Christine Desaulniers de Transcontinental.

Avoir conscience de sa valeur, aussi. Ne pas être la « Madame Virgule », selon elle, mais comprendre que l’on peut avoir une valeur ajoutée.

Cela passe par l’écoute, l’intérêt manifesté pour les opérateurs mais également par trois essentiels : se bâtir des réflexes, savoir réagir au stress, développer un sens plus pratique.

« Mais ne pas se négliger, ajoute Me Caroline Lemoine de Lassonde. Dans le tourbillon du travail il faut apprendre à conjuguer travail et vie personnelle même si cela demande des efforts et quelques acrobaties »

Son travail, selon elle, ne l’empêche nullement de se livrer à ses activités favorites : la gastronomie, la musique, le sport. L’une des clés du succès, sans aucun doute.

Pour « trouver l’équilibre », Me Brigitte Catellier,d’Astral, possède même sa petite recette miracle qu’elle appelle sa théorie « des trois paniers », où chacun des trois dits paniers (responsabilités quotidiennes, travail d’équipe, initiatives) doit toujours être égal à l’autre.

2. « Établir ses priorités à court et moyen terme »

« Cela veut dire savoir dire non, savoir déléguer, être multitâche », dit Me Caroline Lemoine, qui avant d’accéder au sommet, a travaillé sept années chez Miller Thomson. Ainsi, acquérir une capacité d’organisation est primordial.

Le plus souvent, dans ses fonctions, elle fait face à des gens de caractère, il est donc nécessaire de savoir persuader et de faire valoir ses idées.

« Distinguer l’important de l’urgent », ajoute Me Martine Turcotte de BCE. Être également capable de se déplacer pour une promotion. « Si vous n’êtes pas capable de cela, ne venez pas vous plaindre », lance-t-elle.

3. « Se détacher »

De l’employeur :

« Je suis pour et contre le mentorat. J’aime bien parler aux jeunes, conseiller les gens sur leurs carrières mais il faut parler à plusieurs personnes, ne pas prendre tous les bons et mauvais côtés d’une seule personne », dit Me Catellier.

Préférer se coller à l’entreprise, plutôt qu’au patron donc.

« C’est bien d’avoir deux ou trois mentors en entreprise », affirme Me Desnaulniers.

Du juridique :

« Aller au-delà du juridique afin de gagner le respect », dit Me Martine Turcotte.

Selon elle, la réponse doit être une réponse de gestion de risques, plus qu’une simple réponse juridique.

“La bonne réponse, c’est celle qui se base sur notre jugement et confiance.”

Du bureau :

« S’impliquer dans sa communauté et ne pas perdre la notion de la réalité est très important », dit Me Desnaulniers, Car, il est facile de se laisser piéger dans la bulle d’un bureau.

S’ouvrir, interagir, créer des liens facilite le travail. Il ne faut pas négliger le réseautage selon les quatre conférencières.

« Le succès est du à l’équipe, il faut engager les bonnes personnes, ajoute Me Brigitte Catellier, des gens qui sont même, plus forts que vous ».

« Le plus important, c’est le réseau à l’interne », affirme Me Desnaulniers.

4. «Être vrai »

Pour cela, impossible de se cacher derrière un masque que l’on ne pourra pas, de toute façon, garder intact bien longtemps.

« Il faut se montrer sous son vrai jour, dit Me Desnaulniers, on n’est pas là pour faire plaisir mais pour faire une job. »

« Il faut exprimer son opinion, sortir de sa zone de confort, gérer les incertitudes, prendre des risques », même si cela implique faire des erreurs », pense Me Turcotte.

Selon Me Catellier, il faut « être transparent sur ses besoins de flexibilité », par exemple.

Mentir sur ce que l’on est, sur ce que l’on souhaite, sur la manière dont on envisage le futur ne mène strictement à rien.

Pour Me Caroline Lemoine, également, les femmes doivent accorder une grande importance aux « valeurs de l’employeur ».

Être vrai, honnête avec soi et autrui. Chose que résume efficacement Me Turcotte : « Si vous n’aimez pas votre travail, partez. La vie est trop courte pour un tel sacrifice ».