Le ton monte en contre-interrogatoire

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La Presse Canadienne

2012-06-20 11:25:00

Les avocats de l'Association des constructeurs de routes et de grands travaux ainsi que du Procureur général du Québec ont tenté, mercredi matin, de miner la crédibilité des témoignages de Jacques Duchesneau et de ses collaborateurs devant la Commission Charbonneau.

Le ton a particulièrement monté en contre-interrogatoire, lorsque l'avocat du Procureur général du Québec, Me Benoît Boucher, a demandé à l'enquêteur Martin Morin, de l'Unité anticollusion et de l'Unité permanente anticorruption, s'il avait présumé de certaines choses lors de son témoignage sur le rapport Duchesneau.

L'avocat a ainsi laissé entendre que ce qui avait été présenté lors du témoignage de M. Morin comme une estimation de référence pour un projet, censée venir du ministère des Transports (MTQ), proviendrait plutôt d'un chantier municipal.

Il a aussi laissé entendre que ce qui avait été présenté comme une indemnité de 1,1 million $ versée par le ministère à une entreprise aurait plutôt servi à l'achat de matériel.

L'enquêteur Morin a expliqué qu'en témoignant, il avait dû présumer de certains faits écrits dans le rapport Duchesneau, étant donné qu'il n'avait pas mené toutes ces enquêtes personnellement. Il ne faisait que résumer les résultats de l'ensemble des enquêtes menées par les enquêteurs de l'Unité anticollusion.

L'échange entre l'enquêteur Morin et Me Boucher a été plutôt musclé: "J'ai présumé que l'information qu'il y avait ici provenait du MTQ", a d'abord répondu l'enquêteur Morin en faisant référence au rapport Duchesneau.

"Vous avez présumé?" lui a lancé Me Boucher.

"Présumé oui, parce que c'est ce qu'on avait fait comme recherche. Mais si vous désirez _ si vous me permettez de finir ma réponse _ si vous désirez le savoir, je vais vérifier et je vais vous la fournir la réponse. Mais donnez-moi le temps de la donner la réponse!" a lancé à son tour l'enquêteur.

"Combien d'autres présomptions vous avez faites dans votre rapport?" lui a répliqué l'avocat du Procureur général.

Le procureur-chef adjoint de la commission, Me Claude Chartrand, s'est lui-même porté à la défense du témoin, l'enquêteur Morin, en expliquant que c'est lui qui lui avait demandé de témoigner pour l'ensemble des enquêteurs qui ont contribué au rapport Duchesneau, justifiant ainsi le fait que M. Morin ne pouvait connaître lui-même la provenance de tous les tableaux ou affirmations du rapport.

Même la présidente de la commission, la juge France Charbonneau, s'est élevée contre le ton employé par Me Boucher lorsqu'il contre-interrogeait M. Morin. "Je ne permettrai pas que le contre-interrogatoire soit fait d'une façon aussi agressive", a-t-elle prévenu.

PQ et ministère

Contre-interrogé par l'avocate du Parti québécois, Me Estelle Tremblay, l'ancien chef de l'Unité anticollusion, Jacques Duchesneau, a été appelé de nouveau à décrire l'attitude du ministre des Transports d'alors, Sam Hamad, lorsqu'il lui a présenté son rapport, le 1er septembre 2011, avant qu'il soit rendu public.

M. Duchesneau avait déjà témoigné d'une attitude d'indifférence de la part du ministre Hamad. "Si j'avais fait de l'acupuncture, il n'aurait pas bougé", a-t-il illustré mercredi.

Il a également souligné que le ministère s'était engagé à fournir à l'Unité anticollusion des analystes de marché et des juricomptables, ce qu'il n'a jamais fait. L'avocate du PQ cherchait ainsi à démontrer que M. Duchesneau n'était pas le seul à avoir rompu ses engagements envers le ministère, en brisant le sceau de confidentialité de son rapport, puisque le ministère n'avait pas rempli ses propres engagements envers M. Duchesneau.

"Peut-être qu'on aurait déposé un rapport différent, plus soutenu" si on avait obtenu cette aide spécialisée de la part du ministère, a fait valoir M. Duchesneau.
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