Cinéma

Séance ciné : apocalypse now

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Céline Gobert

2012-07-06 17:00:00

La fin du monde. Il n’y a peut-être pas meilleure année que 2012 pour en parler au cinéma. Cette semaine, deux variations sur le même thème. Comédie d’un côté, science-fiction de l’autre. Faites votre choix !

R comme Romantisme

Pour les avocat(e)s qui ont encore foi en l’humanité

La fin du monde. Lorene Scafaria en parle de façon éminemment originale, sur un ton tragi-comique très touchant, bien loin des propositions apocalyptiques dantesques (le 2012 d’Emmerich) ou dépressives (le Melancholia de Lars Von Trier).

Au son des Beach Boys, The Hollies ou encore Scissor Sisters, on suit le duo Dodge et Penny (très bons Steve Carell et Keira Knightley), voisins d’immeuble déphasés, rêveurs aux blessures ouvertes, grands enfants un peu paumés.

Lorsque le verdict tombe (il leur reste trois semaines à vivre), ils décident- plutôt que de piller, prier, pleurer- rouler jusqu’à leurs dernières volontés : serrer dans leur bras leur famille, retrouver un amour de jeunesse. Gnangnan ?

Détrompez-vous, Recherche ami pour partager fin du monde est un joli road trip, qui, s’il n’évite pas les violons, s’y adonne avec classe.

Grâce et surtout à de belles parenthèses plus sérieuses (réflexion sur la conscience de la mort, ou la vacuité de la société), le scénario du film de Lorene Scafaria se paye même le luxe d’effectuer plusieurs virages intéressants.

D’abord, en s’éloignant volontairement du film catastrophe attendu.

Ensuite en plongeant la tête la première dans un sentimentalisme atypique, parce que vécu en autarcie, parce qu’apposé en pied-de-nez à la mort et à l’égoïsme humain.

Qu’est-ce qui compte vraiment ?, se demande le film, oscillant sans cesse entre rires et larmes.

La réponse, bien que courue d’avance, est subtilement amenée, d’une poésie, d’un charme (naïf) et d’un romantisme renversants.

R comme Ridley

Pour les avocat(e)s qui questionnent leur foi en l’humanité

Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Qui nous a créé ?

Ridley Scott n’y est pas allé de main morte dans ce prequel à la célèbre saga Alien qu’il a initié il y a plus de trente ans.
Au-delà d’enjeux lucratifs évidents, son Prometheus s’inscrit avec cohérence dans une filmographie qui n’a jamais cessé d’explorer de mêmes obsessions : le rapport avec les dieux, les origines humaines, l’instinct de survie.

Aussi, Scott retrouve à nouveau chez Elizabeth Shaw (Noomi Rapace) un personnage de femme forte comme il les aime (depuis Thelma, Louise et Ellen Ripley).

Au final, à l’exception des moyens techniques déployés, pas grand chose n’a changé pour lui : sa SF est classe, son propos possède de forts accents féministes, son androïde David (époustouflant Michael Fassbender) rappelle les réplicants de Blade Runner.

Pas grand-chose, semble-t-il, sauf l’essentiel- tant ce Prometheus, à la sortie, paraît désincarné, Scott se contentant de recycler le meilleur de sa filmo, le pire de celle des autres (le spectre de l’Avatar de Cameron plane sur l'ensemble, sans que l’on sache trop pourquoi).

Le film, qui fouille la mythologie Alien en s’intéressant aux Space Jockey- créateurs des hommes, et infestés par les vilains monstres- se joue de notions intéressantes (le parent semble toujours enfanter le mal, il n’y a pas de création sans destruction, etc.) mais déroule un schéma habituel décevant (l’équipage, le carnage, la fin ouverte).

En sacrifiant l’étude de ses personnages (celui de Charlize Theron notamment) pour privilégier une imagerie impeccable, Scott oublie ce qui faisait le charme de ses chefs d’œuvre SF : l’intensité émotionnelle, et la dimension psychologique.
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