Pratiquer en solo

Elle n’a jamais voulu des grands cabinets…

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Céline Gobert

2012-08-13 15:00:00

…Et pourtant, voilà 37 ans que cette avocate mène sa barque avec succès. Une expérience en droit familial qui lui permet aujourd’hui de tirer un bilan sur sa pratique et la société québécoise. Qui est-elle ?

« Une femme est semblable à un sachet de thé, vous ne savez jamais à quel point elle est forte avant de l’avoir plongée dans de l’eau bouillante », dit la pancarte, posée sur le bureau de Me Miriam Grassby, avocate solo en droit de la famille.

Une phrase qui s’adresse à ses clients, le plus souvent en train de traverser des phases difficiles lorsqu’ils viennent à sa rencontre.

Me Grassby n’a jamais voulu travailler dans un grand cabinet
Me Grassby n’a jamais voulu travailler dans un grand cabinet
« C’est un cadeau que quelqu’un m’a donné et qui convient aussi bien aux hommes qu’aux femmes, cela veut dire que c’est lorsque l’on a des difficultés que l’on se rend compte à quel point on est résilient. »

En solo depuis 37 ans, elle exerce aujourd’hui avec deux avocates qui travaillent pour elle.

« Sans elles, je ne pourrai travailler de la même façon, dit-elle, elles m’appuient pour ma recherche et lorsqu'il me manque un œil civiliste, elles me rappellent les notions de droit. Une d’entre elle va également à la Cour pour moi. »

Parce que tous les « très beaux dossiers » qu’elle a à gérer, requièrent bien trois avocats, dit-elle.

Au départ, on est en 1975.

L’avocat avec qui elle travaille à l’époque, s’en va chez un employeur qui ne voulait pas… de femmes parmi les employés !

Elle se lance alors en solo trois ans à peine après avoir été reçue au Barreau.

De toute façon, elle n’a jamais voulu travailler dans un grand cabinet.

« En travaillant à mon compte, j’ai la possibilité d’accepter les dossiers que je souhaite accepter, refuser ceux dont je ne veux pas, être plus catholique que le pape en quelque sorte. »

Pas question pour elle de travailler dans un bureau où l’on fait de l’argent avec des activités qu’elle n’approuve pas, des gens qui polluent, qui trichent sur des questions d’actions.

« J’aime pouvoir gagner ma vie en représentant des clients dans des dossiers où je suis d’accord avec leur position. Quand je vois des injustices dans l’application de la loi, je peux prendre tout le temps nécessaire pour pallier à la chose. »

Ainsi a-t-elle pu participer, entre autres, à des comités consultatifs ou des séances de travail pour l’introduction de barèmes de pensions alimentaires pour les enfants et les époux, au niveau du Ministre fédéral de la justice.

« Mais je ne travaille pas dans des dossiers où de l’argent comptant est pris, et n’est pas déclaré à l’impôt. Cela existe beaucoup. Par exemple, des médecins, dentistes ou restaurateurs qui prennent de l’argent sans le déclarer. »

Évolutions

Être en solo lui a également permis de concilier carrière et maternité. Elle a deux jumelles de 43 ans et cinq petits enfants.

Me Miriam Grassby entourée d'étudiants
Me Miriam Grassby entourée d'étudiants
« Cela m’a permis d’avoir plus de flexibilité. Je n’ai pas été active au Barreau dans les années où j’étais jeune. J’avoue que c’est plus complexe pour les jeunes avocates d’aujourd’hui. »

Toutefois, elles ne devraient pas se décourager selon elle.

« Nous pouvons, en tant que femmes québécoises, avoir une belle carrière et une famille. Nous sommes très chanceuses lorsque l’on regarde ce qui se passe ailleurs dans le monde. »

Autre évolution : la teneur des dossiers en droit de la famille.

On doit porter beaucoup de jugements, explique-t-elle, lorsque l’on amène des dossiers à la Cour, par exemple.

Les femmes travaillent davantage, beaucoup plus de gens sont mariés en société d’acquêt, il y a donc des biens ou des corporations à évaluer.

C’est là qu’elle intervient, en collaborant notamment avec de grandes firmes comptables montréalaises.

« Trente sept ans plus tard, les Québécois sont plus riches. Auparavant, il y avait très peu de ''Lola et Éric'', maintenant, avec la croissance du Québec Inc., il y a beaucoup plus de gens d’affaires et évidemment leurs dossiers peuvent présenter des problèmes intéressants. »

Les dossiers qu’elle préfère sont ceux où elle sent que l’une des parties est vulnérable, quand tout semble être contre le ou la cliente.

« Je souhaite aider les clients à passer à une autre étape de leur vie, lorsqu’ils divorcent. J’encourage certaines personnes à avoir recours au programme de médiation mis en place au Québec. Mon défi est d’identifier pour qui cela pourrait bien marcher. »

Si elle est arrivée à bâtir une clientèle si jeune, et à une époque moins évidente pour les femmes qu’aujourd’hui, c’est grâce au bouche-à-oreille.

« L’une des choses que les gens apprécient quand ils viennent voir un avocat, c’est de se sentir en confiance », déclare l’avocate, reconnue par le Best Lawyers et recommandée par le Canadian Legal Lexpert Directory en droit familial.

Via des conférences et commissions parlementaires, elle a gagné au fil du temps cette confiance en soi, nécessaire pour se lancer en solo.

« C’est important que le client pense que l’on a la réponse. C’est avec l’âge que l’on comprend qu’il n’y a presque pas de réponses ! », conclut-elle en riant.
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