Le coffre-fort d'Union Montréal débordait d'argent

Main image

Agence Qmi

2012-10-30 07:00:00

Martin Dumont, ancien organisateur politique du parti Union Montréal, a témoigné hier après-midi. Il a notamment affirmé que le coffre-fort du parti du maire était tellement plein qu'il ne fermait tout simplement pas.

Martin Dumont a succédé à la barre des témoins à l'homme d'affaires Elio Pagliarulo, un ancien ami de l'entrepreneur Paolo Catania.

Conseiller spécial pour le maire Gérald Tremblay de 2001 à 2004, M. Dumont se souvient que les rapports étaient compliqués dans le domaine des infrastructures, les fonctionnaires n'offrant pas leur collaboration. «J'ai souvenir que c'était toujours pénible d'avoir de l'information», a-t-il rapporté.

Certains fonctionnaires auraient d'ailleurs critiqué le travail de Martin Dumont, estimant que ce dernier posait trop de questions.

Le conseiller spécial du maire Tremblay se souvient que les rapports étaient compliqués dans le domaine des infrastructures
Le conseiller spécial du maire Tremblay se souvient que les rapports étaient compliqués dans le domaine des infrastructures
Dans le cadre de ses fonctions, l'ancien organisateur politique rencontrait à l'occasion le président du comité exécutif Frank Zampino. Il ne travaillait pas directement avec lui, passant plutôt par son conseiller politique Sammy Forcillo.

Rencontre avec «Monsieur 3%»

En 2004, Martin Dumont devient directeur de l'organisation pour Union Montréal. «Je n'ai jamais fait de financement, ce n'était pas dans mes fonctions», a-t-il indiqué.

C'est Bernard Trépanier, aussi connu sous le sobriquet de «Monsieur3%», qui s'occupait de ce dossier. M. Dumont indique qu'il n'était pas au courant de ce surnom, qui lui venait des ristournes données par les entrepreneurs en échange de contrats publics.

À titre de directeur du financement, il possédait une carte qui lui permettait d'accéder à l'hôtel de ville, et ce, même s'il ne faisait pas partie du personnel politique. M. Dumont avait lui aussi droit à une carte d'accès.

Le coffre-fort trop plein d'Union Montréal

Martin Dumont a relaté un événement qui l'a «choqué», lundi, au sujet du coffre-fort qui se trouvait dans les locaux d'Union Montréal.

Bernard Trépanier lui avait demandé de venir à son bureau. Lorsque le témoin y est entré, Trépanier se trouvait devant son coffre-fort. Il admet n'avoir jamais vu autant d'argent. «Je me souviens des couleurs», indique-t-il : du rouge, du rose, du brun...

«Bernard, [le coffre-fort] ne ferme pas parce qu'il y a trop d'argent dedans», lui aurait alors dit Martin Dumont. Quelques semaines plus tard, Trépanier s'offrait un nouveau coffre-fort, d'une dimension de 4 pi par 4 pi, plus grand que celui qu'il avait auparavant.
Petit-déjeuner à 10 000 $ le couvert

Lors de son passage, l'ex-organisateur a rapporté qu'une activité de financement avait été organisée par Bernard Trépanier. En tout, 14 invités, entrepreneurs et représentants de firmes de génie-conseil, ont déboursé 10 000 $ pour payer leur droit d'assister à ce petit-déjeuner lors duquel le maire lui-même s'occupait d'accueillir les convives devant la porte.

Lors de cette première activité de financement pour laquelle il assistait M. Trépanier, le témoin devait observer un mot d'ordre : «On m'avait spécifié qu'une fois que la porte était fermée, il n'était plus possible que personne n'entre dans la salle», s'est souvenu M. Dumont.

Ce dernier ne se souvient pas des gens présents, «sauf un» : Nick Milioto, au sujet duquel Martin Dumont indique qu'il a maltraité son nom, incapable de le prononcer correctement. «Tu peux m'appeler "Monsieur Trottoir", lui a alors dit Milioto.

Lundi avant-midi, le témoin Elio Pagliarulo a présenté Nick Milioto comme l'intermédiaire entre les entrepreneurs et le clan mafieux des Rizzuto.

Une personne n'a pu se présenter comme prévu à l'événement de financement. «On m'a demandé d'aller chercher un chèque dans l'arrondissement Ville-Saint-Laurent», a indiqué M. Dumont. Il s'est donc rendu aux locaux de la compagnie Garnier Construction, où on lui a remis une enveloppe. Il n'y a rencontré personne sauf la réceptionniste, assure-t-il.

Lors de l'événement, le témoin se rappelle que les invités ont félicité Frank Zampino pour son accessibilité et pour «le partage de la job». M. Dumont ne se questionne pas sur la signification de cette expression.

Autre souvenir : l'usage du tutoiement entre les convives. «De mon côté, j'ai présumé qu'ils devaient se connaître», a-t-il dit.
Implication municipale

L'homme a commencé son témoignage en racontant comment il en est venu à s'impliquer sur la scène politique municipale montréalaise.

Il s'est présenté pour une première fois aux élections sous Nouveau Montréal, le parti de Jacques Duchesneau, et il a été défait. À l'été 2001, il a rencontré le chef d'Union Montréal, Gérald Tremblay. Il est ensuite devenu candidat de ce parti lors des élections qui ont eu lieu la même année.

Défait une deuxième fois, Martin Dumont est ensuite devenu conseiller spécial pour le maire Tremblay, avec qui il a déclaré avoir «une relation de proximité».

Après un passage au gouvernement de Stephen Harper, M. Dumont n’œuvre plus dans le milieu politique depuis août 2010.
4378

Publier un nouveau commentaire

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires