Vézina affirme n'avoir jamais eu connaissance des pots de vin

Main image

La Presse Canadienne

2012-11-13 11:22:00

Gilles Vézina, le supérieur de l'ingénieur Luc Leclerc, qui a admis avoir reçu au moins 500 000 $ en pots-de-vin lorsqu'il était employé par la Ville de Montréal, a affirmé mardi n'avoir jamais eu connaissance de ce stratagème.

Il a assuré n'avoir pris connaissance du rôle des ingénieurs Gilles Surprenant et Luc Leclerc que lors de leur témoignage devant la Commission Charbonneau, en octobre.

"Je n'ai jamais eu connaissance des rôles que ces deux personnes-là ont pu jouer à la Ville avant de les apprendre à la télévision en 2012", a affirmé l'ingénieur superviseur Vézina devant la Commission Charbonneau.

"Moi, le secret de Polichinelle, je n'en faisais pas partie, parce que je n'étais pas au courant", a soutenu l'ingénieur superviseur.

MM. Leclerc et Surprenant ont admis avoir touché chacun des centaines de milliers de dollars en argent comptant de la part des entrepreneurs en construction, durant plusieurs années, sans compter les repas au restaurant, tournois de golf, billets de hockey et autres faveurs.

M. Vézina était même le supérieur immédiat de M. Leclerc et devait cosigner les réclamations d'"extras" qu'il présentait à la Ville au nom des entrepreneurs en construction.

En plus des billets de hockey, repas au restaurant et bouteilles de vin, M. Vézina s'est fait offrir les services d'une escorte par deux entrepreneurs en construction. Il a assuré avoir repoussé ces deux offres.

Il a affirmé ne pas s'être étonné de ces offres, estimant que les entrepreneurs voulaient seulement savoir ainsi ce qui lui plairait ou jusqu'où ils pouvaient aller.

M. Vézina a affirmé sous serment qu'il n'avait "jamais" reçu d'argent comptant de la part des entrepreneurs, ni à Noël, ni à son anniversaire, ni en aucune occasion. "Je n'ai jamais fait de demande et je n'ai jamais reçu d'enveloppe", a-t-il martelé.

Le commissaire Renaud Lachance et la présidente de la commission, France Charbonneau, se sont étonnés du fait que M. Vézina prétende n'avoir reçu que des cadeaux, mais pas d'argent, de la part des entrepreneurs, alors qu'il a admis connaître l'entrepreneur Catania depuis plus de 30 ans.

"Vous fréquentez M. Catania régulièrement et M. Catania paie des 'cuts' à monsieur Leclerc, paie des 'cuts' à monsieur Surprenant. Et monsieur Leclerc relève de vous. Et M. Catania ne vous dit pas qu'il paie une 'cut' à Leclerc?" s'est étonné le commissaire Lachance.

"Il ne m'a jamais dit ça", a répliqué M. Vézina, qui a fait sourciller les deux commissaires à plusieurs reprises mardi.

Les questions des commissaires laissaient voir qu'ils doutaient de la sincérité du témoin. "Dans les faits, vous étiez le gestionnaire de ces gens-là. Avez-vous déjà posé la question s'ils recevaient des enveloppes brunes? Est-ce que c'est un bon réflexe de gestionnaire de ne pas poser ces questions-là, quand on sait qu'ils ont des tournois de golf, des repas gratuits, des bouteilles de vin gratuites? Et vous n'avez jamais eu le réflexe de dire 'j'espère que tu ne reçois pas d'enveloppes brunes là!' " s'est exclamé Renaud Lachance, un ancien vérificateur général.

L'ingénieur superviseur a aussi estimé avoir reçu régulièrement des bouteilles de vin de la part de 15 à 20 entrepreneurs en construction, à raison d'une ou deux par entrepreneur. Ces bouteilles étaient le plus souvent livrées à son domicile, rarement au bureau.

Une fois, une bouteille lui a été livrée de la part de Garnier construction par l'intermédiaire de l'ingénieur subalterne Luc Leclerc, ce qu'il n'a pas trouvé "élégant", a-t-il témoigné. "Ce n'est pas poli", a-t-il répliqué, quand la procureure de la commission, Me Claudine Roy, lui a demandé pourquoi il n'avait pas apprécié recevoir des cadeaux d'entrepreneurs en passant par un intermédiaire.

Me Roy a aussi relevé à quel point l'ingénieur Leclerc _ qui faisait partie du stratagème _ était souvent affecté aux dossiers de certains entrepreneurs, comme Nicolo Milioto, de Mivela Construction, un spécialiste des trottoirs, et se faisait souvent adjoindre les mêmes surveillants de chantiers.

Or, c'est M. Vézina, le supérieur, qui s'occupait d'affecter les ingénieurs et surveillants de chantiers aux projets.

Il a justifié le nombre élevé de projets qui ont été accordés à M. Leclerc par le fait que cet ingénieur était rapide et efficace. Il a assuré que les entrepreneurs n'émettaient pas de préférence quant aux ingénieurs de la Ville qu'ils désiraient voir sur leurs chantiers, sauf exception.
3630

Publier un nouveau commentaire

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires