Entrevues

À quoi ressembleront les avocats de demain?

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Theodora Navarro

2016-03-10 15:00:00

L'avenir des nouveaux avocats est-il aussi sombre qu’on le dit ? Un guide dessine le futur des jeunes juristes de demain…et promet de gros bouleversements! Lesquels?

Me Jordan Furlong est un avocat et un consultant basé à Ottawa
Me Jordan Furlong est un avocat et un consultant basé à Ottawa
L'avenir des jeunes juristes. Voici un sujet préoccupant. Le Jeune Barreau de Montréal (JBM) a d’ailleurs exprimé récemment son inquiétude sur Droit-inc quant au nombre trop important d’avocats diplômés chaque année.

Conscient que cet avenir est en pleine mutation, Me Jordan Furlong, professeur à l'Université d'Ottawa, a répondu à la volonté de l'ABC de créer une ressource pour les nouveaux avocats. « On voulait être réalistes mais aussi optimistes, les choses sont en mutation mais ça ne signifie pas qu'il n'y aura plus de travail pour les diplômés en droit, il sera seulement différent ».

Si l'on en croit le guide émis par Me Furlong et son équipe, de gros bouleversements attendent les avocats récemment diplômés ou sur le point de l'être. La dérèglementation de la pratique, en premier lieu, devrait permettre à un nombre croissant d'acteurs de s'approprier le domaine du droit. « Les parties plus administratives, la recherche, seront définitivement laissées à d'autres professions », estime Me Furlong.

La pression concurrentielle permettra au client de trouver de nombreuses solutions à moindre coût, surtout pour des services comme la révision sommaire, la rédaction et les recherches de base. Les grands cabinets devraient se raréfier et laisser la place à un fonctionnement plus virtualisé. « L'avocat aura toujours besoin d'une secrétaire juridique, rappelle Me Furlong. Mais désormais celle-ci travaillera de chez elle, dans une autre ville, voire dans un autre pays. »

L'emploi d'avocat en déclin

L'emploi d'avocat lui-même serait en déclin. Les demandes des clients demanderont de moins en moins d'avocats payés à temps plein, mais plutôt des contractuels ou engagés de façon ponctuelle. À ce titre, il est impératif que les nouveaux avocats mesurent d'ores et déjà l'importance de se spécialiser. « Le monde devient de plus en plus complexe, on ne peut pas ne pas être un avocat spécialisé aujourd'hui, affirme Me Furlong. L'aspect généraliste sera récupéré par des fournisseurs qui fourniront des services plus économiques. »

Mais le renouveau a parfois du bon! Si le métier d'avocat est entièrement à réinventer, de nouvelles perspectives sont déjà évaluables. Il sera, par exemple, de plus en plus possible de faire carrière dans une grande organisation, au service juridique d'une entreprise.

Mais d'autres carrières se dessinent dans le futur : les juristes volants sont ainsi une tendance en vogue présentement au Royaume-Uni. Ces avocats et notaires travaillent ponctuellement, soit dans les locaux du client, soit à domicile. Une méthode de travail qui met une nouvelle fois le télétravail à l'honneur.

Programmer l'intelligence artificielle

Si vous êtes passionné par les nouvelles technologies, sachez qu'il existera également une niche quant à l'intelligence artificielle censée prendre en charge une partie des tâches cléricales actuelles de l'avocat. S'il ne fait aucun doute que ces tâches incomberont un jour ou l'autre à une intelligence robotisée, il n'en reste pas moins qu'une importante programmation sera nécessaire. Une belle façon de devenir un véritable avocat du futur!

« Les niches se situeront également dans la pratique de certains droits, pense Me Furlong. À l'image du droit des Premières Nations, ou droit autochtone. Mon avis est que nous avons, par le passé, laisser gangrener des situations qui nécessiteront un jour ou l'autre d'être réglées, juridiquement parlant. Les avocats spécialisés en la matière sauront tirer leur épingle du jeu. »

Et quid de la mise en place d'un ratio pour limiter les avocats ayant la possibilité d'exercer ? « Pour moi, ça n'a pas lieu d'être, estime Me Jordan Furlong. Un cas similaire s'est présenté aux Etats-Unis il y a dix ans. 35 ou 40% des gradués en droit ne trouvaient pas d'emploi après l'université. Le problème a été très médiatisé et les jeunes ont cessé d'eux-mêmes de s'inscrire en droit puisqu'il n'y avait pas de travail à la sortie.

Certaines facultés ont dû fermer faute d'inscrits et le problème s'est résorbé de lui-même. » Peut-on espérer une telle autorégulation de ce côté-ci de la frontière? L'avenir des jeunes avocats nous le dira…

Me Jordan Furlong est un avocat et un consultant basé à Ottawa. Il travaille notamment pour l’entreprise Edge International Consulting. Il a été diplômé en droit en 1993 de la Queen’s University.
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