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Ne pas avoir peur, et oser!

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Dominique Tardif

2018-10-31 14:15:00

Cette semaine, Dominique Tardif, de ZSA, s’entretient avec Sandra Abitan, Associé Directrice de Osler, Hoskin & Hacourt.

1- Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocate plutôt que de choisir un autre métier ou encore une autre profession? Était-ce de famille?

 Sandra Abitan, Associé Directrice de Osler, Hoskin & Hacourt
Sandra Abitan, Associé Directrice de Osler, Hoskin & Hacourt
Je viens plutôt d’une famille de comptables : c’était notamment le cas de mes deux parents, de ma sœur, de mon beau-frère, etc. Or, cela ne m’intéressait pas du tout! De ma famille élargie, je suis, en fait, la seule avocate.

Mes parents me disaient, alors que j’étais toute jeune, que je deviendrais avocate. J’allais naturellement à la défense des autres, et je posais des questions constamment : pourquoi ceci, pourquoi cela, etc. Le droit était, tout simplement, un cheminement naturel pour moi.

2- Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?

Certains dossiers en particulier ont évidemment posé tout un défi. Cela dit, c’est de cumuler les fonctions de gestion de cabinet de Montréal, à titre d’associée directrice, en même temps que d’avoir une pratique à plein temps qui est mon plus grand défi en carrière.

En faisant cela, on devient nécessairement de bons gestionnaires du temps! Les journées sont bien remplies! En effet, ma pratique en insolvabilité & restructuration implique par ailleurs de très souvent travailler dans des dossiers de crise, en faisant de très longues heures jour après jour pour assister une compagnie en détresse ou encore un créancier garanti. Cela dit, le fait de continuer à pratiquer à temps plein est à mon avis le bon modèle : cela facilite la transition une fois les fonctions de gestion terminées, et ce, sans besoin de devoir rebâtir sa clientèle et son réseau.

Mon rôle implique aussi de savoir cumuler à tout cela mon rôle de mère de trois enfants et de coordonner leurs vies, la mienne et ma vie de couple en même temps! Je ne crois pas qu’il y ait de recette miracle et uniforme: il faut savoir prendre les choses une journée à la fois, établir ses priorités et, le lendemain, tout simplement recommencer!

3-Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?

Si j’avais une baguette magique, je ralentirais un peu le rythme. Dans tous les aspects de la pratique, la technologie est un outil formidable, mais qui nous oblige aussi à fonctionner à une vitesse incroyable.

Les clients se font imposer des délais et, lorsqu’ils cherchent des professionnels pour les accompagner, s’attendent aujourd’hui à des réponses par courriel, messages textes et téléphone de façon immédiate. Il y a évidemment du bon dans tout cela, mais il faut parfois savoir ralentir la cadence pour en arriver à des solutions novatrices au bénéfice de nos clients.

4- La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?

À mon avis, la perception du public n’a pas vraiment changé : ceux qui ont des préjugés en auront probablement toujours.

Dans le monde des affaires, cependant, j’ai le sentiment que les choses ont évolué, et pour le mieux. Le client est beaucoup plus sophistiqué qu’autrefois, nous valorise beaucoup plus dans notre rôle de conseiller d’affaires, comprend mieux ce qu’un avocat talentueux peut lui apporter et apprécie la qualité du service rendu. Dans mon milieu à moi, et peut-être aussi parce que je travaille avec des compagnies en détresse, les clients nous font une confiance incroyable, ce qui est aussi très gratifiant.

5- Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant gravir les échelons dans l’univers de la pratique privée d’aujourd’hui? En d’autres mots, comment réussir quand on est une femme en pratique privée?

Pour réussir, il faut toujours, à mon avis, garder l’esprit ouvert, ne pas avoir peur de l’échec non plus que de prendre sa place. Comme Sheryl Sandberg l’a si bien dit dans son livre : ''Lean In''!

Les femmes ont généralement ce souci de toujours savoir de quoi elles parlent avant de s’avancer dans une négociation, d’être à l’abri de reproches, etc. Les hommes, eux, foncent souvent plus rapidement, ils n’ont pas peur.

Je crois que le message à communiquer aux femmes est de ne pas avoir peur et d’oser. Il n’y a rien que les femmes ne peuvent faire. Elles se démarquent notamment dans l’art d’être diplomate, de connaître les règles du jeu et de convaincre…toutes des qualités requises en droit!

Je suis une « championne des femmes » et du pouvoir des femmes, oui, mais aussi - et surtout - de la méritocratie. Les femmes veulent avoir une place non parce qu’elles sont femmes, mais parce qu’elles sont compétentes. Et n’oublions pas, dans tout cela, qu’il y a tout autant de « champions » du côté masculin. Dans mon cas, j’ai eu la chance de travailler avec des hommes comme Max Mendelsohn, Martin Desrosiers et Shahir Guindi, trois personnes qui ont toujours voulu me faire de la place et grâce à qui j’ai réussi. J’encourage donc tous ceux qui débutent à identifier les personnes qui peuvent les aider, qui peuvent donner des conseils –faciles à prendre ou non! - dans le but de leur permettre de grandir professionnellement et de trouver leur chemin.
  • Elle lit… Diplomacy (auteur : Henry Kissinger)

  • Elle aime le documentaire… RBG (Réalisatrices : Betsy West et Julie Cohen).

  • Sa chanson fétiche… What A Wonderful World, de Louis Armstrong, qui lui rappelle sa “première danse” lors de son mariage, il y a 26 ans!

  • Son proverbe préféré? ''“You are never too old to learn.”''

  • Son péché mignon : les chips…une petite poignée tous les soirs en revenant du bureau!

  • Son restaurant préféré : Damas (avenue Van Horne à Montréal)

  • Le pays qu’elle aimerait visiter : l’Australie.

  • Elle la trouve inspirante : Rosalie Abella, juge puînée à la Cour suprême du Canada, une femme exceptionnelle, charmante, sympathique et d’une grande humilité, qui a contribué au droit canadien et international ainsi qu’à à la défense des droits de la personne.

  • Si elle n’était pas avocate, elle serait… chef cuisinière! C’est qu’elle se débrouille plutôt bien derrière les fourneaux et qu’elle adore recevoir !


Me Sandra Abitan est l’associée directrice du bureau de Montréal de Osler, Hoskin & Harcourt. Elle a joué un rôle important dans l’expansion du bureau de Montréal au cours des 16 dernières années et occupé plusieurs rôles de leadership au cabinet. Me Abitan est une leader reconnue dans le secteur de l’insolvabilité et des restructurations au Québec et à l’échelle nationale. Sa clientèle est variée et reflète le milieu des affaires canadien et international – des sociétés mondiales, des institutions financières, des investisseurs et des représentants des tribunaux ont sollicité ses conseils dans le cadre de réorganisations, de restructurations de capital et d’acquisitions stratégiques.

Me Abitan possède de l’expérience dans les questions transfrontalières et internationales et a conseillé un certain nombre d’importantes sociétés à capital fermé et ouvert œuvrant dans divers secteurs. Elle se distingue par son approche créative et pratique dans la résolution de problèmes et l’apport de solutions à des problèmes commerciaux et juridiques complexes.

Me Abitan est une avocate de premier plan dans le secteur de l’insolvabilité et des restructurations. Elle a d’ailleurs été reconnue par diverses publications telles que ''The Canadian Legal Lexpert Directory'', 2014-2018; ''The Lexpert /American Lawyer Guide to the Leading 500 Lawyers in Canada'', 2012-2018; ''Chambers Global: The World’s Leading Business Lawyers'', 2012-2018; ''IFLR 1000: The Guide to the World’s Leading Financial Law Firms'', 2012-2018; ''Chambers Canada: Canada’s Leading Lawyers for Business'', 2016-2019 et ''The Best Lawyers in Canada'', 2006- 2019. De plus, The Best Lawyers in Canada, 2006-2019 a souligné son travail en droit bancaire et financier. Me Abitan a été reconnue en 2016 comme étant une femme de pouvoir par la Fédération CJA (Montréal) et a été nommée « Avocate de l'année » par Best Lawyers in Canada, 2019.

Me Abitan a présidé le conseil de l’Association de redressement d’entreprises – chapitre de Montréal et est membre active de l’Institut d’insolvabilité du Canada et d’autres organisations reconnues dans ses domaines d’expertise.
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1 commentaire

  1. Felipe
    Felipe
    il y a 5 ans
    Chapeau
    Probablement l'avocate la plus inspirante que j'ai eu la chance de côtoyer.

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