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Épauler chaque nouveau bâtonnier

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Dominique Tardif

2018-11-28 14:15:00

Cette semaine, Dominique Tardif, de ZSA, s’entretient avec Me Doris Larrivée, directrice générale du Barreau de Montréal.

1- Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocate plutôt que de choisir un autre métier ou encore une autre profession?

Me Doris Larrivée, directrice générale du Barreau de Montréal.
Me Doris Larrivée, directrice générale du Barreau de Montréal.
J’ai, en fait, fait le droit pour compléter ma formation en administration.

J’étais à l’origine entrée à l’université avec pour objectif de devenir professeure de mathématiques. Après une session, j’ai changé d’idée, quitté puis fait une session à la Faculté des arts, tenant à commencer mon nouveau baccalauréat à l’automne plutôt qu’à l’hiver. J’ai ensuite complété mon baccalauréat en administration, option « gestion des ressources humaines », ayant toujours en tête la possibilité d’être un jour professeure.

Une fois mes études complétées, et dans un contexte où les emplois étaient plutôt rares, j’ai travaillé comme stagiaire à la gérance chez Zellers. Contrairement à ce qui était prévu à l’origine, les dirigeants ont décidé que les stagiaires n’allaient dorénavant plus être ceux qui se chargeraient des ressources humaines dans les nouveaux magasins. Les possibilités
étaient donc dès lors moins intéressantes pour moi.

À cette même époque, je connaissais quelqu’un qui étudiait le droit et le sujet me semblait intéressant : j’ai donc fait ma demande, me disant que j’irais ainsi compléter ma formation par des notions de droit – et principalement de droit du travail.

Je n’avais pas, à l’époque, pour objectif de pratiquer comme avocate. J’ai cependant été recrutée par un grand cabinet et ai fait mon stage puis travaillé deux ans chez McCarthy Tétrault, d’abord en valeurs mobilières puis en droit immobilier. Après être passée chez Ogilvy Renault (aujourd’hui Norton Rose), j’ai réalisé que la pratique du droit ne me
rejoignait pas. J’étais membre du conseil du Jeune Barreau de Montréal et, ce faisant, ai rapidement été impliquée sur des comités du Barreau de Montréal.

C’est d’ailleurs ainsi que j’ai connu le directeur général du Barreau de Montréal et que j’ai pris le poste d’adjointe au DG, pour 10 ans plus tard, devenir à mon tour la directrice
générale.

2- Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?

Mon plus grand défi professionnel, qui me stimule d’ailleurs beaucoup, est de chaque année m’adapter à de nouvelles façons de faire, à savoir, soutenir adéquatement le nouveau bâtonnier dans ses projets et idées.

Si, en effet, les tâches elles-mêmes et les événements se ressemblent en partie d’une année à l’autre dans mon travail, l’approche, elle, varie. Chaque année, c’est un nouveau conseil d’administration et un nouveau bâtonnier qui font ainsi leur entrée, et la façon de les
soutenir change.

Certains viennent de grands cabinets, d’autres de plus petits, certains sont de l’entreprise, etc. Ils ont de la personnalité, une expérience et un bagage qui leur sont propres, et ils conjuguent ce rôle à temps partiel avec leur travail. Notre travail consiste à s’adapter à eux, à savoir les guider et les épauler du mieux que nous pouvons.

3- Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?

Si j’avais une baguette magique, j’améliorerais l’accès à la justice : cela demeure encore trop complexe. Si je le pouvais, je simplifierais donc les choses, dont le Code de procédure civile du Québec, qui est encore difficilement accessible à monsieur et madame tout-le-monde.

J’’unifierais aussi les tribunaux, notamment en matière familiale et de garde en établissement. Plutôt que de se retrouver avec un système où les mêmes parties se retrouvent parfois devant des cours différentes, on devrait à mon avis, pouvoir faire en sorte qu’un tribunal puisse régler tous les problèmes d’une même famille.

4- La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?

D’après moi, la perception a relativement peu changé. On entend encore beaucoup parler de ce que certains avocats font de répréhensible : ces cas sont souvent médiatisés, et le phénomène n’est probablement d’ailleurs pas unique à la profession d’avocat. Quant au litige, il y a forcément toujours une partie qui perd, et il est évidemment parfois plus facile de jeter le blâme sur l’avocat que d’accepter que la cause n’était peut-être pas la bonne…

On entend évidemment moins parler de tout ce que les avocats font de bien, et il ne faut pas l’oublier. Ils sont très présents dans les fondations, sur les conseils d’administration, ils donnent de leur temps, etc. Les sondages démontrent par ailleurs que les gens qui font affaires avec des avocats se disent généralement satisfaits.

5- Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant avoir une pratique non traditionnelle?

D’abord, l’implication est très importante. Je n’aurais pour ma part pas eu ce travail si je n’avais pas été impliquée au Jeune Barreau et au Barreau de Montréal : j’ai entendu parler du poste avant qu’il ne soit affiché.

Il est évidemment difficile de savoir ce qui existe d’autre que la pratique traditionnelle du droit avant de s’y retrouver. Il est donc nécessaire d’avoir des contacts pour entendre parler de ces opportunités.

Les gens qui ont ce qu’on appelle des « carrières alternatives » ont par ailleurs généralement fait de la pratique avant et ont souvent des formations complémentaires, qu’il s’agisse par exemple de MBA ou d’études en administration.

Quant aux qualités requises pour travailler dans un ordre professionnel, je mentionnerais « le gros bon sens », le sens de l’organisation et la capacité à coordonner les choses. Il faut savoir mettre en place des projets et avoir des idées pour améliorer des processus, deux
choses que le sens de la logique qu’on acquiert en droit nous aide à développer.

  • Un bon livre qu’elle a lu : La Part de l’autre (auteur : Éric-Emmanuel Schmitt)

  • Un spectacle musical qu’elle a bien aimé : Les choristes (metteur en scène : Serge Denoncourt)

  • Sa chanson fétiche : Happy (artiste : Farrell Williams) et… toute chanson qui la fait danser!!

  • Sa citation préférée? Il n’arrive rien pour rien dans la vie.

  • Son péché mignon : Tout ce qui goûte l’érable, du poulet jusqu’au dessert! C’est peut-être parce que ses deux grands-parents avaient une cabane à sucre!

  • Elle adore… la bonne bouffe italienne.

  • Le pays qu’elle aimerait visiter : l’Italie!

  • Si elle n’était pas avocate et gestionnaire, elle serait…probablement comptable ou notaire!


Admise au barreau en 1987, Me Doris Larrivée est directrice générale du Barreau de Montréal depuis le 1er août 2002. Elle était directrice générale adjointe du même organisme depuis janvier 1992. Auparavant, Me Larrivée a pratiqué le droit commercial immobilier au sein de deux grands cabinets d’avocats de Montréal (McCarthy Tétrault et Ogilvy Renault, maintenant connu sous le nom de Norton Rose Fulbright).
Me Larrivée est également détentrice d’un baccalauréat en administration des affaires, option gestion des ressources humaines (1982) et d’un baccalauréat en droit (1986) de l’Université de Sherbrooke.
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