Entrevues

Elles ont trouvé la liberté en solo!

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Diane Poupeau

2019-03-08 15:00:00

C’est pour se libérer du carcan des grands cabinets et de leur structure rigide que les cinq avocates ont choisi la voie solo.

Elles ont trouvé la liberté en solo!
Elles ont trouvé la liberté en solo!
En cette journée du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, impossible pour Droit Inc. de ne pas célébrer les avocates.

Cinq d’entre elles ont décidé de quitter un grand cabinet pour se lancer en solo.

Elles nous ont confié les raisons de ce choix, les avantages de la pratique en solo mais aussi ses inconvénients.

Gagner en réactivité

Me Martine Burelle.
Me Martine Burelle.
Me Martine Burelle a rejoint Bélanger Sauvé en 2012 avant d'être nommée associée trois ans plus tard. Elle a pourtant décidé en juillet dernier de monter son propre cabinet spécialisé en droit municipal, notamment pour gagner en réactivité.

« Quand un cabinet compte 35 associés, les décisions ne peuvent pas se prendre du jour au lendemain. Et quand on ne peut pas prendre de décisions rapidement, on a tendance à faire des choix moins risqués, plus conservateurs », témoigne-t-elle.

Aujourd'hui, Me Burelle peut mettre en place ses idées plus rapidement, notamment en matière de communication. Surtout, elle se donne le droit « de faire des erreurs ».

Moins de politique, plus d'humain

Mes Pascale Dionne-Bourassa et Annie Boivin-Breton.
Mes Pascale Dionne-Bourassa et Annie Boivin-Breton.
Mes Pascale Dionne-Bourassa et Annie Boivin-Breton ont fondé en janvier 2016 le cabinet d3b après s'être rencontrées chez BDBL. Dans leur structure, où elles pratiquent en duo, elles ont voulu « garder les bons côtés des grands cabinets et abandonner les mauvais ».

Parmi ces mauvais côtés, selon Pascale Dionne-Bourassa, « l'aspect assez politique, notamment en termes de gestion des employés et des clients, qui peut créer des problèmes ». Chez d3b, elles ont donc conçu un environnement « exempt de politique et plus humain ». Un environnement qui leur ressemble.

Pour sa part, Me Sophie Bérubé a fondé son cabinet spécialisé dans la médiation familiale après avoir exercé chez Fasken Martineau. Elle apprécie particulièrement d'être libérée de la pression de la performance : « en solo, on n'a à impressionner personne d'autre que nous-même ».

Plus de disponibilité

Me Sophie Bérubé.
Me Sophie Bérubé.
La flexibilité ne se fait pas ressentir que dans leur pratique. Sur le plan personnel aussi, ces avocates reconnaissent avoir beaucoup gagné.

« C'est le jour et la nuit », nous confie Me Fanny Brodeur qui a fondé Droit Fiscal inc. en 2011, après sept années de pratique en grands cabinets. « Aujourd'hui, je gère mes horaires sans avoir de compte à rendre à un employeur ».

Ce sentiment est partagé par Annie Boivin-Breton qui a adapté ses horaires depuis la création de d3b. « Je travaille tôt le matin et tard le soir, mais je peux consacrer une plage horaire à mes enfants », nous confie-t-elle. « J'arrive à gérer à la fois mon rôle d'avocate et mon rôle de mère ».

Me Burelle a quant à elle fait le choix d'installer son cabinet près de chez elle.

« Ça me prend cinq minutes à pied pour aller au bureau. Je passe moins de temps dans les transports, et je vois la différence au quotidien ».

Au-delà de cet aspect pratique, elle reconnaît ressentir moins de pression. « Je ressens le stress normal de tout chef d'entreprise, pas le stress lié à la politique interne du bureau ».

Toujours autant de travail

Me Fanny Brodeur.
Me Fanny Brodeur.

Mais quitter un grand cabinet ne veut pas dire travailler moins, au contraire.

Martine Burelle a dû renoncer à ses quatre semaines de vacances par an. « Aujourd'hui, c'est impensable, je ne prends pas plus d'une semaine, et toujours au même moment que mes clients », regrette-t-elle. « Et même en vacances, je dois rester proche du réseau pour pouvoir continuer à travailler ».

Pascale Dionne-Bourassa confirme qu'elle et son associée « ne travaillent pas moins, au contraire, mais on le fait pour nous. Travailler fort, c'est un beau problème ».

Me Sophie Bérubé a fait un autre choix, notamment parce qu'elle mène plusieurs carrières de front. En plus de son activité d'avocate, cette ancienne journaliste est aussi auteure de romans (elle en compte déjà quatre à son actif) et animatrice de télévision.

Selon elle, « dans la pratique en solo, si on n'est pas trop gourmande dans nos dépenses, on peut avoir des phases où on est productive et d'autres moins ».

La charge administrative

Elles admettent néanmoins que la pratique en solo n'est pas exempte d'inconvénients.

La première et, peut-être, la plus importante d'entre elles, est la charge de travail administratif et comptable. « Quand on travaille en solo, il n'y a plus d'assistants ou de stagiaires et c'est parfois lourd à porter », confie Me Bérubé.

Martine Burelle a rapidement fait le choix de s'entourer, et notamment d'un comptable : « au départ, j'essayais de tout faire toute seule, puis j'ai décidé de m'entourer. Il ne faut pas hésiter à aller chercher des ressources quand on ne peut pas faire les choses nous-mêmes ».

Par ailleurs, qui dit cabinet, dit client. « Il faut générer le business, faire du marketing, poser les bons gestes pour aller chercher les dossiers qu'on veut avoir » précise Pascale Dionne-Bourassa. « Dans une grosse entreprise, cette impression est plus diluée. Le salaire est versé quoi qu'il arrive et les dossiers entrent en interne ».

La présence de collègues peut aussi manquer. Martine Burelle nous a confié que, « quand on exerce seule, c'est exaltant d'obtenir un nouveau mandat. Tu sais que c'est grâce à ton travail. Mais d'un autre côté, quand tu as un problème, une mauvaise nouvelle, tu n'as personne autour de toi pour t'aider à l'encaisser ».

Aucun regret

Me Annie Boivin-Breton.
Me Annie Boivin-Breton.
Malgré ces inconvénients, toutes sont unanimes : pour rien au monde elles ne feraient machine arrière. Si elles reconnaissent que la pratique en grand cabinet est enrichissante et extrêmement formatrice, elles ne regrettent pas la vie des grands bureaux.

Mes Boivin-Breton et Dionne-Bourassa sont fières d'avoir créé quelque chose qui leur appartient et qui leur ressemble. Elles conseillent toutefois aux avocates de bien réfléchir avant de se lancer.

Annie Boivin-Breton estime qu'avant tout, « il faut bien se connaître, parler à des gens qui font ça pour savoir si c'est ce qu'on veut vivre aussi. Puis il faut essayer pour savoir si on aime ça ou pas ».

Go for it !

Me Pascale Dionne-Bourassa.
Me Pascale Dionne-Bourassa.
Pascale Dionne-Bourassa déconseille de se lancer à l'aveugle mais plutôt « d'acquérir de l'expérience dans une plus grande structure pour apprendre à maîtriser la gestion des dossiers, de la clientèle et de la facturation ».

Sophie Bérubé encourage toutes celles qui seraient tentées par la pratique en solo à franchir le pas.

« Go for it ! Il faut vous faire confiance et ne pas hésiter à aller chercher des réponses aux questions que vous vous posez auprès d'autres personnes ».

Martine Burelle partage la même opinion. Elle recommande de bien s'entourer mais de ne pas hésiter à se lancer.

« Quand on se rend compte qu'on est pas heureuse quelque part, ça veut dire qu'on est déjà là depuis trop longtemps!».
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22 commentaires

  1. A
    A
    Il faut que les femmes arrêtent de faire la course aux stages. Elles doivent laisser la place aux avocats masculins capables. Anyway la moitié se retrouvent en entreprise et la moitié chez Delegatus (après une grossesse, évidemment).

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      ?????
      Est-ce une blague ? Dans tous les cas, c’est de très mauvais goût.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Du grand n'importe quoi
      Honnêtement, de lire cela en 2019, je trouve cela aberrant et très désolant!!! Nous sommes aussi si ce n'est pas plus performantes que les hommes. Des commentaires comme cela c'est inutile!!!

    • Me
      pas fort...
      Si votre commentaire se voulait humoristique, c'est raté. L'esprit qu'on veut avoir gâte celui qu'on a. Meilleure chance la prochaine fois.

    • A
      A
      Comment pouvez-vous demander si ce que j'ai dit est une blague lorsque les statistiques parlent d'elles-mêmes? Bon nombre femmes ne viennent dans des grands cabinets que pour passer et ce, année après année.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Le commentaire de ce monsieur(?) valait la peine...
      ... ne serais-ce que pour vous avoir fait pondre cette perle:

      "Nous sommes aussi si ce n'est pas plus performantes que les hommes."


      Excellente performance!

      J'espère qu'une généralesse des brigades féminiss remarquera la soldate d'exception que vous êtes, et vous décernera une médaille.

    • Svp
      Au modérateur de Droit-Inc.
      11. Nul ne peut diffuser, publier ou exposer en public un avis, un symbole ou un signe comportant discrimination ni donner une autorisation à cet effet.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Demande de censure
      Cher censeur,

      Cet article de la Charte parle d'un avis, dans le sens une notice, je ne crois pas que ce soit la même chose qu'une opinion.

      Monsieur A postule que selon lui, les (ses) statistiques établissent qu'une très grande partie des femmes quittent les grands cabinets pour l'entreprise et Delegatus.

      Ayant remarqué la même chose à temps perdu, je suis d'avis que même s'il a tort, Monsieur A devrait avoir le droit de nous faire part de cette observation s'il croît vrament qu'elle est exacte.

      Même si toute vérité n'est pas bonne à dire et que je n'aurais pas dit la même chose que A, vouloir le censurer est inacceptable.

    • Awa
      It's funny because it's true
      lmao

  2. Avocate féminine capable
    Avocate féminine capable
    il y a 5 ans
    A for Angry or Absurd?
    Le fait que certaines personnes puissent pratiquer le droit avec des idées aussi rétrogrades sur l'équité en milieu de travail est affligeant. Je vous souhaite une bonne Journée de la Femme.

  3. SBS
    Très drole
    Les femmes faisant la course aux stages Ne prennent la place de personne. Seuls les incompétents ne trouvent pas de stage . Arrêtez de mettre la faute sur les autres

    • Me
      Seuls les incapables??
      Vous êtes dans le champ et votre commentaire est très réducteur. Plusieurs candidats compétents ont de grandes difficultés à trouver un stage. Pensez aux personnes provenant de minorités, celles qui ont un handicap. Allez passer une entrevue en étant voilée et vous verrez le traitement qui vous est réservé. Le Barreau est de plus en plus difficile à réussir, et on peut prendre pour acquis que ceux qui traversent cette étape répondent aux exigences de l'emploi.

  4. A
    A
    On peut choisir entre se gargariser de pensée roses et se dire la vérité en face:
    Une grande partie des femmes dans les grands cabinets ne sont pas à leur place.
    Un mauvais choix quant au stage reste un mauvais choix (et ce, de la part des deux, employeur y compris).

    • Apprendre à lire
      Apprendre à lire
      il y a 5 ans
      Apprendre à lire
      Vous n'êtes pas sur le bon forum: l'article parle des Femmes qui font le choix de se partir en affaire.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Bravo
      On peut aussi se dire une autre vérité en face: les gros imbéciles mysogines dans votre genre comme partner, ça aide vraiment pas les femmes à vouloir rester en grand cabinet.

      On a eu un bel exemple dans [https://www.lapresse.ca/actualites/enquetes/201903/10/01-5217744-crise-a-la-fondation-du-dr-julien.php|La Presse|Article] de ce matin de gestionnaires qui sont absolument incapables de voir où se situe le problème de leur boite. À la place de polluer la section des commentaires de droit-inc. de réflexions sorties d'un autre siècle, prennez donc cinq minutes pour remettre un peu en question votre style de gestion.

  5. YB
    Les hommes aussi...
    La blague de A est, certes, de très mauvais goût, mais ce n'est pas totalement faux. Ceci dit, il y a aussi beaucoup d'hommes efféminés qui sont incapables de supporter le rythme d'un grand cabinet qui changent après 1 à 3 ans pour aller en entreprise ou ailleurs. Ce ne sont donc pas juste les femmes.

    • Me
      Homophobe en plus
      Alors les femmes et les hommes efféminés n'ont pas de place dans les grands bureaux? Mais d'où sortez-vous? J'ai des associés gais (certains sont efféminés) qui n'ont aucun problème avec le rythme des grands bureaux. Ils travaillent fort, ont un excellent réseau, et n'ont pas tendance à prendre des congés de paternité ou parental. Ce sont des associés exemplaires. J'ai aussi des associées et collègues féminines qui travaillent plus fort que bien des mâles. Je pense que je vais cesser de lire Droit-Inc.

    • YB
      Je me suis mal exprimé
      Ce n'est pas ce que je voulais dire. J'emploie certains mots à différentes sauces, et en somme, ce que je voulais dire, c'est que dans mon livre à moi, une personne, homme, femme, homo, hétéro, peu importe, qui est incapable de facturer un minimum de 45 heures par semaine, n'a pas sa place dans un grand bureau.

    • YB
      Épiderme sensible
      Ceci dit, et avec égard, je trouve que vous avez l'épiderme drôlement sensible...

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      C'est le propre des croisés de la diversité
      Il ne tolère qu'une différence: la leur !

  6. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Chanceux ! Moi je travaille avec des vieilles sacoches :(
    "J'ai aussi des associées et collègues féminines "

  7. VL
    Droit-inc.
    À mon avis Droit-inc. participe au problème en n'effaçant pas les commentaires sexistes, déplacés et inacceptables qui se trouvent sous cet article.

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