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Bac en droit : il faut intégrer plus de pratique!

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éric Martel

2019-03-14 14:20:00

Pour une avocate québécoise, la formation des étudiants est trop loin de la réalité du quotidien des avocats. Êtes-vous d’accord?

Hadiya Roderique, diplômée de la faculté de droit à l’Université de Toronto et doctorante à la Joseph L. Rotman School of Management
Hadiya Roderique, diplômée de la faculté de droit à l’Université de Toronto et doctorante à la Joseph L. Rotman School of Management
Faudrait-il inclure une part de pratique dans le cursus des études en droit?

C’est l’idée qu’avance Hadiya Roderique, diplômée de la faculté de droit à l’Université de Toronto et doctorante à la Joseph L. Rotman School of Management, dans Canadian Lawyer.

L’article est tombé dans l’oeil de Me Marie-Hélène Dubé, du cabinet Goldwater Dubé, qui partage l’avis de l’auteure.





Auparavant, lorsque l’associée participait au processus de recrutement de son cabinet dans le cadre de la course au stage, il lui arrivait fréquemment de remarquer que les étudiants possédaient de bonnes connaissances théoriques, mais aucune expérience pratique.

« Leur formation ne porte pas du tout sur des aspects pratiques de ce qu’est le quotidien d’avocat, explique-t-elle à Droit-Inc. Mis à part les étudiants ayant déjà travaillé dans des bureaux, la préparation des étudiants aux tâches est inexistante. Outre la réflexion et la capacité d’analyse, l’université ne leur apprend aucune méthode de travail. »

À son avis, les étudiants n’ont un aperçu de ce qu’est réellement la pratique qu’en participant à des activités comme des concours de plaidoiries ou bien en s’inscrivant à l’université en mode coopératif, ce qui leur permet de compléter des stages.

Elle ajoute que la clinique qui serait suivie par les étudiants n’aurait pas forcément besoin de s’effectuer en milieu privé.

« Je crois qu’avoir une formation comme juriste formée uniquement de cours magistraux, c’est plus limitatif. La pratique permet de réaliser la réalité du domaine, contrairement à la théorie. »

Rien de mieux que le terrain

Tout comme Me Dubé, Hadiya Roderique part de sa propre expérience pour illustrer son point de vue dans sa publication du Canadian Lawyer.

En tant qu’étudiante en droit, elle a beaucoup travaillé au Downtown Legal Services, la clinique juridique communautaire de l’Université de Toronto.

Me Marie-Hélène Dubé.
Me Marie-Hélène Dubé.
Et si elle ne se souvient pas de ses cours de droit fiscal, elle a des souvenirs impérissables de ses premières expériences sur le terrain : sa première rencontre avec un client, sa première discussion avec un juge, un père de famille qu’elle servait dans un cas de droit de la famille, et qui avait jeté ses papiers par terre et faisait semblant de ne pas parler anglais…

Elle a appris de précieuses leçons sur le système juridique, l’équité, la pauvreté, les privilèges et les inégalités, les opportunités et l’humilité, qui l’ont aidée à se préparer pour son stage et le Barreau. Et elle se demande donc pour ce type d’expérience n’est pas requis dans les études de droit.

Se former en favorisant l’accès à la justice

Faire d’une formation pratique une condition requise serait gagnant-gagnant explique-t-elle. Non seulement les étudiants pourraient acquérir des compétences et parfaire leurs connaissances, mais cela favoriserait aussi un meilleur accès à la justice.

Pour de nombreux ménages, notamment ceux qui n’ont pas droit à l’aide juridique, avoir recours à un avocat signifie s’endetter. Or l’accès à la justice ne concerne pas seulement la représentation devant un tribunal : certains ont simplement besoin d’aide juridique.

Ces services pourraient être fournis par des étudiants qui travailleraient par la même occasion leurs capacités à faire de la recherche et à vulgariser des notions juridiques.

Aux États-Unis, de nombreuses écoles ont mis en place le bénévolat obligatoire. Les étudiants de Harvard doivent ainsi effectuer 50 heures de travail non rémunéré, sous la supervision d’un avocat agréé.

Avec la hausse des frais de scolarité, les étudiants occupent des emplois à temps partiel pour couvrir leurs frais, et ils ont peu de temps pour le bénévolat. Pour cette raison, celui-ci doit donc être intégré aux exigences académiques.

En collaboration avec Apolline Caron-Ottavi



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9 commentaires

  1. Me(e)
    Me(e)
    il y a 5 ans
    D'acc
    Tout à fait d'accord. D'ailleurs, j'ai connu plusieurs personnes qui ont déchantés après leur stage du barreau, et qui ont tout simplement changé de branche. Le fait d'avoir une expérience pratique permet également le filtrage naturel des étudiants, qui décident par eux-même de ne pas continuer en ce sens. Par ailleurs, on est très très mal préparé à la réalité quotidienne de la pratique privée en sortant du Barreau. Contrairement au Canada anglais, les québécois ont peu d'opportunités d'intégrer un cabinet avant d'avoir terminé le barreau, ce qui est dommage pour tous.

  2. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    La chaine des "Il faut que..."
    La chaine de ce genre de "Il faut que..." aboutie à "Il faut que les universités cessent des dispenser des cours visant à organiser l'esprit de ceux qui n'ont pas appris à le faire au CEGEP", car chaque cours de ce type en plus, c'est un cours de droit en moins.

    Il faut donc contingenter davantage, entre autre en faisant des examens d'entrée.

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Non
    L'école du Barreau et les stages parviennent à donner une idée de la pratique.

    • DSG
      Salut prof
      Tu es professeur, sans faute.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Non et...
      Les cours académiques sont utiles.

      La formation pratique devrait donc s'y ajouter. Or, pourquoi ajouter aux années à l'université alors que le stage fait bien l'affaire?

      La seule chose que je peux voir, c'est de rendre un stage plus long (comme les ingénieurs). Car l'alternative serait d'avoir une clinique supervisée par un avocat.... ce qui revient à faire un stage....

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Le vrai crime
      Le vrai problème, quel est-il?

      La pratique... s'apprend avec la pratique...

      Le problème, c'est qu'un stagiare, ça rapporte difficilement parce qu'il faut le former.

      Donc, les bureaux ne veulent pas de stagiaires. Comme dans tous les autres secteurs économiques, les entreprises au Québec ne forment pas ou très peu leurs employés.

      La raison pour laquelle certains appellent à une formation pratique plus exhaustive, c'est qu'ils veulent embaucher des jeunes qui vont rapporter dès le premier jour! Ils veulent que les autres paient pour la formation de leurs employés.

  4. DSG
    Êtes-vous d’accord?
    Like, yeah I agree, 100%. The schools need more practical material and less institutionalized professors who never practiced law in their lives. Some of them are teaching laws and jurisprudence that are no longer relevant. These kids they come out of school and get that "deer in the headlights" look the first time they are expected to think on their feet. Then they be like, "it's so hard to get a job offer after the stage."

    • CFF
      Like
      >__Like__, __yeah __I agree, __100%__
      >Then they be __like__...

      Occasional Cortex, please go back to making a fool of yourself in front of Wells Fargo's CEO and leave Droit-Inc alone.

      Best regards,
      CFF.

    • YB
      Encore le mépris pour l'académique...
      Personnellement, à choisir entre les deux, je préfère une sommité dans un domaine (et on s'entend, une vraie sommité, pas juste un adulte fraîchement sorti du doctorat) qu'un avocat de basse gamme ou de talent moyen pour enseigner une matière...

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