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France ou Québec, cette ex-avocate a dû choisir

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Delphine Jung

2020-01-27 14:45:00

Cette Française a passé trois ans au Québec, fait ses équivalences pour exercer le droit, ouvert son cabinet à Montréal. Aujourd'hui, elle est rentrée au bercail...

Mme Blandine Gardey de Soos. Photo : Courtoisie
Mme Blandine Gardey de Soos. Photo : Courtoisie
Vous vous souvenez de Mme Blandine Gardey de Soos? Cette ancienne magistrate française devenue avocate au Québec? L'expérience aura duré trois ans. L'avocate est de retour dans ses contrées et travaille désormais au ministère de la Justice, sur la chic place Vendôme de Paris.

« C'est un peu un troisième travail... Je n'exerce plus de fonction juridictionnelle, mais je suis au service de l'administration française. Je m'occupe des avocats, des notaires, des huissiers et de leur discipline, de leur déontologie », explique-t-elle, contactée par Droit-inc.

Au Québec, à son arrivée, elle avait dû passer justement un examen de déontologie pour obtenir le droit d'exercer ici. « J'avais alors lancé mon propre cabinet baptisé Expat vos droits. Je m'étais rendue compte, à peine installée, qu'il y avait un besoin de conseils juridiques en droit français pour les Français qui vivent à l'étranger. Ce n'est pas du tout le rôle du consulat de le faire », raconte-t-elle.

Poussée à développer sa fibre entrepreneuriale

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, Mme Gardey de Soos n'exerçait pas en droit de l’immigration, mais en droit international privé.

« Je n'ai pas vraiment eu besoin de chercher du travail, c'est le travail qui est venu à moi ». En effet, lorsqu'elle était magistrate, elle n'avait pas besoin d'aller chercher des clients. « Là, c'était à moi de développer ma fibre entrepreneuriale. J'ai fait des podcasts, créé un site internet, fait beaucoup de réseautage. Ce sont des choses que je n'aurais jamais faites si j'étais restée en France », assure Mme Gardey de Soos.

Après une première carrière de magistrate en France, en tant que juge au Tribunal de grande instance de Versailles et vice-présidente placée à la Cour d'appel de Versailles, le changement était donc grand. « Cette fois, je choisissais mes dossiers, j'ai beaucoup aimé cette indépendance. C'est aussi pour cela que ça ne m'a pas vraiment dérangé de ne pas travailler dans un cabinet », dit-elle.
Toutefois, elle a aussi été avocate-conseil pour le consulat général de France et elle a parfois été consultée par des cabinets qui avaient des questions concernant le droit français entre autres. « Et aussi pour des cabinets français, mais là, c'était plus à cause de mon passé de magistrate », ajoute-t-elle.

Des Québécois chanceux

Désormais, Mme Gardey de Soos, qui n'est donc plus inscrite au Tableau de l'ordre des avocats du Québec ni d'un quelconque Barreau en France, n'est plus pourvue du titre de « maître ». Mais par son expérience, elle a un regard sur les deux systèmes de justice.

« Il y a des différences dans les procédures. J'ai pu m'en rendre compte lorsque j'ai été amenée à plaider devant des tribunaux québécois. C'était une expérience passionnante. La démonstration de la preuve n'est pas du tout la même. J'ai l'impression que les Québecois sont chanceux, car la justice prend le temps de travailler sur les dossiers », dit-elle.

Mais alors, pourquoi rentrer en France avec son mari et leurs quatre enfants? « Ce n'est pas parce qu'on n'aime pas le Québec! On était très heureux à Montréal », assure-t-elle. Pour tout dire, elle a eu cette proposition d'emploi au ministère de la Justice qu'elle ne se voyait pas refuser. Elle pense d'ailleurs que sa candidature a pesé grâce à son expérience québecoise.

Neige, sérénité et bienveillance

« Ce n'est pas exclu qu'on revienne au Québec car nous venons d'obtenir la résidence permanente. On a tous le mal du Québec, petits et grands », confie-t-elle. D'ailleurs, le froid qu'elle maudissait il y a un an lui manque désormais! « Nous allons revenir pour des vacances dans deux semaines », précise-t-elle.

Plus généralement, c'est surtout le rythme de vie qui lui manque beaucoup. « Il est bien plus paisible... Ici c'est plus stressant, sans compter que j'ai trois heures de trajet par jour... », ajoute Mme Gardey de Soos. Et c'est sans compter la « bonne humeur » des Québecois et leur bienveillance. Car il faut se le dire, « les Français ont tendance à râler. J'ai décidé de ne pas me laisser contaminer », lâche-t-elle.

D'ailleurs, pour garder ce petit goût du Québec, elle dit « bon matin » à ses collègues. Il faut dire qu'elle et sa famille « ont laissé une partie de leur cœur au Québec ».
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