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Sormany ne savait pas qu’il pouvait effacer son message concernant Lapierre!
Agence Qmi
2012-06-29 14:00:00
Il aura fallu quatre jours à Pierre Sormany pour effacer son message diffamatoire sur Jean Lapierre. S’il affirme « n’y avoir pas pensé », l’avocat du chroniqueur politique a qualifié de « boiteuse » l’explication, mettant en doute la « série d’erreurs incohérentes » du défendeur.
Tout a débuté le 25 septembre 2011, lors du passage de l'ex-patron de l'Unité anti-collusion Jacques Duchesneau à l’émission « Tout le monde en parle », où il avait mentionné avoir été intimidé par « certains journalistes ».
Peu après, une journaliste de la presse canadienne a mis en ligne un message sur son babillard (mur) Facebook, se demandant qui étaient les journalistes visés.
Or, Sormany a affirmé qu’il avait eu vent d’un lunch entre Jean Lapierre et Tony Accurso, auquel Jacques Duchesneau aurait été témoin. « L’intermédiaire, c’est Jean Lapierre, ancien politicien et animateur choc de TVA et LCN, mais qui offre aussi ses services-conseils en relations publiques et qui a parmi ses clients nul autre que son “ami” l’entrepreneur Antonio Accurso », avait répondu Sormany sur le babillard de la journaliste, enchaînant avec le « Fabulous fourteen », un groupe d’entrepreneurs qui se serait partagé des contrats publics.
Le message est rapidement devenu viral et Lapierre, choqué d’être lié à Accurso et plus généralement à la mafia, a intenté une poursuite pour diffamation de 350 000 $.
Demande d’entrevue
Lors du procès qui a débuté mardi au palais de justice de Montréal, Jean Lapierre avait affirmé avoir déjà rencontré Tony Accurso, puisqu’ils se croisaient à l’occasion au restaurant Milos.
Lorsque le nom d’Accurso est sorti dans les médias, il l’a alors abordé pour tenter d’obtenir une entrevue. « Sur deux ans et demi, j’ai vu Accurso une dizaine de fois (…), on a déjà partagé une couple de repas (dans le restaurant). »
Interrogé par l’avocat de Lapierre, Pierre Sormany a d’ailleurs affirmé n’avoir « jamais pensé » que Jean Lapierre avait des liens avec la mafia.
Sormany a expliqué qu’il croyait que son message avait été envoyé en privé. Ordinateur à l’appui, le journaliste a montré à la cour la « ressemblance » entre les messages privés et publics.
« Catastrophé »
Mais le lendemain, une journaliste d’« Enquête » lui a fait savoir que le message avait « beaucoup été “twitté” ». « Catastrophé », Sormany a alors essayé de constater l’ampleur de la propagation du message, mais ses recherches se sont avérées infructueuses.
« J’étais dans un état de panique, mais je me suis dit que si j’étais chanceux, il n’y aurait pas de conséquences », a-t-il confié à la cour jeudi.
Ce n’est que quatre jours plus tard, après avoir été suspendu par son employeur, qu’il a pensé à effacer le message. « J’avais tellement lu et enseigné qu’il fallait faire attention à Facebook que je n’avais pas imaginé qu’on pouvait enlever quelque chose de là », a-t-il dit.
Lors de sa plaidoirie, l’avocat de Jean Lapierre, Me Jacques Jeansonne, a qualifié de « boiteuses » et « d’incohérentes » les explications du défendeur, rappelant que Pierre Sormany n’a « jamais exprimé le moindre remord » pour son geste.
« Quelqu’un qui cause une blessure accidentelle va naturellement s’excuser », a-t-il plaidé, rappelant qu’une réputation pouvait être « anéantie en un seul “tweet” ».
L’avocate de Pierre Sormany, Me Julie Chenette, devrait entamer ses plaidoiries vendredi matin.
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