Comment devenir recruteur ?

Question

Bonjour Monsieur Arcand

Je pratique depuis quelques années et je ne suis pas convaincue que c’est ma place. Je regarde ce que les recruteurs font et je me dis que j’aimerais probablement ça. Quelle formation doit-on obtenir ? Comment devient-on recruteur ?

Réponse

Chère lectrice

Plusieurs juristes se questionnent sur leur avenir après quelques années de pratique et je peux vous confirmer que cette situation trouve également écho chez les autres professionnels tel que les comptables, les actuaires et les ingénieurs. Pourquoi ? Parce que ça prend souvent 3 à 5 ans avant de pouvoir être vraiment autonome dans ses dossiers, pouvoir prendre des initiatives, voler de ses propres ailes. Avant ça, je considère une remise en question comme étant prématurée. C’est la raison pour laquelle je vous mets en garde et vous incite à un peu de patience avant de prendre une décision d’une telle importance.

Cette mise en garde étant faite, je peux commencer à répondre à votre question. Comment devenir recruteur, quelle formation doit-on obtenir ?

Vous n’avez besoin d’aucune formation, d’aucun diplôme. Il n’y a aucune barrière à l’entrée. Vous pouvez démarrer votre propre business demain matin et vous déclarer recruteur professionnel. C’est aussi facile que cela et c’est une des raisons qui explique pourquoi les recruteurs ont parfois mauvaise réputation. N’importe qui peut utiliser le titre recruteur. Devrait-il y avoir des règles ? Probablement mais là n’est pas la question ou plutôt votre question, je me limiterais donc à dire que si une formation ou un titre ne garantirait pas la qualité des services, un ordre professionnel pourrait cependant imposer des règles d’éthiques lesquelles seraient sans aucun doute les bienvenues. Plusieurs recruteurs son membres de l’ordre des conseiller en ressources humaines agréés mais il s’agit d’une adhésion volontaire.

Donc, en théorie vous pouvez être recruteur professionnel dès demain matin. Mais qu’en est-il de la pratique ? C’est également vrai en pratique dans la mesure où vous êtes capable d’avoir des mandats de recrutement et de bien les exécuter. J’aime l’adage qui dit que « la valeur n’attend pas le nombre des années », cependant j’y apporte un petit bémol en ce qui a trait aux services de recrutement. Il faut un minimum de bagage afin d’être en mesure de bien faire le travail de recruteur.

J’ouvre une petite parenthèse afin de vous souligner que nous parlons depuis le début de ce texte du métier de recruteur et non d’une agence de placement ou de dotation. Quelle est la différence ? Les agences de placements travaillent souvent au volume, ils prennent de nombreux mandats dans plusieurs domaines et les gens en charge des mandats ont rarement une expérience ou formation dans le domaine visé par les mandats. Finalement, les agences vont rarement faire de la chasse de têtes (appels à des gens qui ne sont pas en recherche active et qui ne nous ont pas contactés afin de sonder leur intérêt) mais vont se limiter à « analyser » les candidatures reçues et envoyer les meilleurs au client.

Un recruteur quant à lui œuvre habituellement dans un environnement plus restreint et il est spécialisé dans un nombre limité de types de mandats. Il dispose fréquemment d’une expérience dans ce domaine ou encore de plusieurs années d’expérience en recrutement, peut-être en agence de placement, et il a décidé de se concentrer sur un secteur de l’économie.

Le recruteur est aussi appelé chasseur de têtes parce qu’il chasse vraiment. Il va afficher les postes sur les réseaux mais il va aussi être très proactif dans sa démarche et va appeler un minimum de 50 à 100 personnes par mandat afin de sonder leur intérêt pour le poste à combler. C’est cette démarche qui fait de lui un recruteur car il va recruter, souvent chez les compétiteurs de son client, les meilleurs candidats de l’industrie.

Je ferme la parenthèse. Si vous êtes jeunes, que vous avez peu d’expérience et que vous avez bien pesé les pour et les contres découlant de votre décision de quitter la pratique du droit alors vous pouvez faire le saut mais je vous suggèrerais d’aller faire quelques années en agence afin de gagner vos gallons. Ces agences ne sont pas spécialisées dans le secteur juridique mais quelques une placent des adjointes ou des parajuristes. Ces agences sont facile à trouver, allez sur les moteurs de recherche internet ou sur les sites tels que Workopolis, Monster, Jobboom, Droit-inc, etc… regardez les compagnies qui affichent de nombreux postes et vous aurez identifié les agences de placement.

Après quelques années, vous aurez acquis une certaine expérience au niveau de l’analyse de candidatures, de l’évaluation de candidats, de techniques d’entrevue et de bien d’autres aspects de la profession. Vous serez alors plus en mesure d’effectuer des chasses de têtes plus efficaces et aurez aussi plus de crédibilité avec vos interlocuteurs, tant client que candidat potentiel.

Cependant, avant de faire le grand saut, rencontrez plusieurs recruteurs dans différents secteurs et posez-leur des questions afin de bien comprendre leur métier. Vous réaliserez peut être que ce n’est pas aussi rose que vous le croyez.

Dernier conseil, si vous n’aimez pas la pratique du droit parce que vous n’aimez pas rencontrer de nouvelles personnes dont quelques unes ne sont pas toujours agréables, parce que vous n’aimez pas faire du développement de clientèle et vous ne carburez pas à l’écoute des autres, parce que vous voulez être au centre du processus décisionnel plutôt que simple conseiller… ne devenez pas recruteur, vous y retrouverez les mêmes conditions.

Sur ces mots, je vous souhaite une bonne semaine.


La Question au recruteur

Chaque semaine, le recruteur juridique Me Pierre Arcand répond à une question posée par vous, chers lecteurs.

La Question au Recruteur de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes pour autant qu’elles concernent votre carrière de juriste.