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Des avocats descendent dans la rue

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La Presse Canadienne

2013-06-12 13:46:00

Des milliers d'avocats turcs en toge noire sont sortis de leurs bureaux, mercredi, pour dénoncer la brutalité dont auraient été victimes leurs collègues aux mains de la police.

Ceci dans la foulée du plus grand mouvement antigouvernemental en Turquie depuis des années.

Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan, jugé de plus en plus autoritaire et intransigeant par les manifestants, s'est entretenu avec un petit groupe de militants mercredi après-midi, mais certains ont souligné que la délégation de 11 personnes n'était pas représentative du mouvement et ont affirmé que la rencontre ne mettrait pas fin aux manifestations.

La police et les manifestants ont battu en retraite après une nuit d'affrontements sur la place Taksim d'Istanbul. Selon la Fondation des droits de l'homme de Turquie, 620 personnes, dont un bébé âgé d'un an, ont été blessées par la police dans la nuit de mardi à mercredi. Les autorités ont arrêté environ 70 personnes durant les incidents.

Des milliers d'avocats turcs sont sortis de leurs bureaux pour dénoncer la brutalité dont auraient été victimes leurs collègues
Des milliers d'avocats turcs sont sortis de leurs bureaux pour dénoncer la brutalité dont auraient été victimes leurs collègues
La circulation automobile a repris sur la place Taksim, avec le retour des voitures, des taxis et des autobus. De nombreux policiers ont été déployés près d'une nouvelle barricade érigée par les manifestants avant l'aube pour empêcher les policiers antiémeute de tirer des gaz lacrymogènes vers le parc Gezi, toujours occupé par des manifestants.

À Istanbul et à Ankara, des milliers d'avocats ont manifesté mercredi contre les mauvais traitements allégués subis par des dizaines de leurs collègues, qui ont été brièvement arrêtés à Istanbul en marge des troubles de mardi.

La vice-présidente de l'association des avocats d'Ankara, Sema Aksoy, a déclaré que ses collègues avaient été menottés et jetés au sol par les policiers. Il s'agit d'un affront au système judiciaire turc, a-t-elle dit.

"Les avocats ne peuvent être jetés au sol!", ont-ils scandé en coeur en sortant d'un tribunal d'Istanbul. Des policiers antiémeute montaient la garde, protégés par leurs boucliers.

La Fondation des droits de l'homme de Turquie a indiqué que les procureurs d'Istanbul avaient ouvert une enquête sur les allégations de force excessive de la police durant les manifestations.

73 avocats avaient été arrêtés au Palais de Justice d’Istanbul mardi
73 avocats avaient été arrêtés au Palais de Justice d’Istanbul mardi
Pendant ce temps, le gouvernement a tenté d'apaiser la colère populaire mercredi. Le président Abdullah Gul, considéré par plusieurs comme plus modéré que le premier ministre, a déclaré que le gouvernement ne pouvait tolérer l'instabilité qui perturbe Istanbul et plusieurs autres villes du pays depuis plusieurs jours. Mais il a promis que les autorités écouteraient les revendications des manifestants.

"Je suis confiant que nous surmonterons cela par une maturité démocratique", a déclaré M. Gul devant les journalistes. "S'ils ont des objections, nous devons les écouter, entrer dans un dialogue. C'est notre devoir de leur prêter une oreille attentive."

Les manifestations ont commencé le 31 mai après une violente opération policière contre un "sit-in" pacifique de militants qui s'opposaient à un projet de restauration du parc Gezi. Le mouvement s'est ensuite propagé à 78 villes turques et a attiré des dizaines de milliers de personnes presque chaque soir.

Le premier ministre Erdogan a reçu 11 militants dans les bureaux de son parti à Ankara. Certains groupes de la société civile, dont Greenpeace, ont refusé de participer à la rencontre à cause du "climat de violence" dans le pays.

Le groupe Solidarité Taksim, qui regroupe des universitaires et des architectes opposés au projet de restauration du parc Gezi, a déclaré que ses membres n'avaient pas été invités à la rencontre et a prédit que la main tendue par M. Erdogan n'aurait aucun effet.

"Alors que la violence policière se poursuit sans relâche, (...) ces rencontres ne mèneront en aucun cas à une solution", a affirmé le groupe dans un communiqué. Solidarité Taksim a réitéré ses demandes, soit que le parc Gezi reste un lieu public, que les hauts responsables des excès de la police soient congédiés et que tous les manifestants détenus soient libérés.

"Nous sommes toujours ici et nos demandes n'ont pas changé", a déclaré l'un des membres du groupe, Ongun Yucel. "Les gens qui participent à la rencontre ne sont pas représentatifs de Solidarité Taksim. Ce sont des gens qui n'ont rien à voir avec ce qui se passe ici."
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