«J'ai pris un risque avec Mélanie»

Me Normand Marinacci est candidat dans l'arrondissement de l’Île-Bizard-Sainte-Geneviève, sur la liste conduite par Mélanie Joly. Membre du Barreau du Québec depuis 1976, il a pratiqué au sein du cabinet Mondor Fournier jusqu'en 2002. Il exerce actuellement à son compte dans un cabinet de quartier en droit civil et en litige.

Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans la campagne?

Ce n'est pas ma première campagne. Alors que j'étais président d'une association de propriétaires à l'Île Bizard en 1990, j'ai pu approcher de plus près l'administration municipale, et je n'ai pas aimé ce que j'y ai vu.

J'ai donc décidé de fonder un parti politique, «Renouveau Île Bizard». Avec douze citoyens bénévoles, on est parti de rien et on a réussi à faire rentrer trois conseillers. J'ai par la suite été élu deux fois au poste de conseiller, avant d'être élu maire en 1999.

En 2005, je me suis présenté avec Pierre Bourque, mais ça a été une mauvaise expérience, et j'avais donc pris ma retraite politique.

Mais quand est venue la Commission Charbonneau et les allégations de financement illégal qui touchaient le maire actuel, les gens m'ont demandé de revenir. Ils sont tannés de la corruption et veulent quelqu'un d'honnête.

Quels sont les principaux objectifs de votre programme?

Il y a des enjeux à l'Île Bizard, avec tous ses espaces verts et terres agricoles. Des promoteurs veulent construire, mais moi je suis plus du côté de la protection du caractère champêtre et de tout ce qui fait la particularité de l'île.

Je veux aussi une administration proche des citoyens, avec des gens intègres. J'instaurerai la web-diffusion des assemblées du conseil pour en finir avec la culture du secret, et nous permettrons aux citoyens de poser des questions au conseil sur Internet avant la tenue d'une assemblée.

En quoi votre métier d’avocat vous aide-t-il en politique?

Être avocat aide vraiment beaucoup. Quand on dirige une ville, il y a énormément de questions légales, comme sur les changements de zonage par exemple. Avec mes expériences de maire et de conseiller, j'en suis même venu à développer une pratique dans ce domaine, même si ce n'était pas le but initial.

Grâce à mes implications antérieures, les gens me sollicitent pour des questions municipales, je me suis donc forgé une certaine compétence.

Pendant la campagne, avez-vous continué à pratiquer?

Oui, et je suis encore au bureau en ce moment! C'est une période courte mais j'ai des journées de fou, chaque soir je fais du porte-à-porte.

Je continue de rencontrer les clients et de préparer mes dossiers, mais j'essaie de fixer mes requêtes ou mes procès à un autre moment et de rester maître de mon agenda autant que possible.

Si je suis élu, je diminuerais graduellement ma pratique, je terminerais mes dossiers et je conserverais les plus intéressants. Et si je devais avoir beaucoup de responsabilités à la Ville de Montréal, j'envisagerais alors de prendre ma retraite. J'ai 61 ans, le timing est peut être le bon!

Pourquoi avez-vous choisi de rejoindre la liste de Mélanie Joly?

J'ai vécu une mauvaise expérience en 2005, et cette fois j'ai pris un risque. Je ne voulais pas faire partie de la liste de Bergeron ou de Côté, ça ne fittait pas, et l'équipe Coderre avec le scandale des commandites, j'étais mal à l'aise.

J'ai pris la chance de rencontrer Mélanie et ça a cliqué, je me suis senti très bien. C'est une femme déterminée, studieuse et préparée, qui représente le changement. C'était risqué à l'époque parce qu'elle n'était pas connue, mais j'ai eu confiance.

Que retirez-vous de cette campagne, d’un point de vue personnel?

Il faut essayer de convaincre les gens, mais on n'est pas devant un juge où on dépose un document et où on fait sa preuve. On est devant 13 000 juges ici à l'Île Bizard, qui vont décider sur une preuve qui n'est pas toujours conforme à la réalité.

J'en ai retiré aussi une grande satisfaction, les citoyens ne m'ont pas oublié. J'ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec Mélanie et son groupe, elle a une bonne cote chez nous, je ne regrette pas mon choix.

Même question, mais d’un point de vue politique?

Les médias ne sont pas toujours objectifs et sont biaisés pour certains candidats. On dirait que TVA est derrière Coderre, et que La Presse soutient Côté. Mélanie Joly a dû se battre pour faire partie des débats, on la traitait comme une tierce partie. C'est quand les sondages sont sortis qu'elle a commencé à être plus considérée.

Je suis très content de son ascension. Les gens sont peut-être prêts pour le changement et je veux en faire partie.

Un message pour vos confrères?

Nous sommes membres de la même confrérie, du même Barreau. En tant que politicien, je suis avantagé par ma formation juridique. Pour le reste, ça dépendra de leur orientation. Le fait d'être avocat est un avantage mais à mon avis, ce n'est pas ce qui déterminera les votes.

Et même si la politique n'est pas faite pour tout le monde, pour ceux qui ont les compétences et un intérêt pour la chose, il est possible de jumeler sa pratique au désir de faire des choses pour sa communauté.