La Presse

Les avocats du pétrole

Main image

Rene Lewandowski

2008-04-25 10:00:00

Les pétrolières font des affaires d'or. Les avocats pétroliers aussi.

Mais que font-ils au juste?

Jay Park n'aurait jamais pensé que son métier pourrait lui faire faire le tour du monde. Il y a 28 ans, lorsqu'il a commencé comme jeune avocat, il était convaincu qu'il passerait le gros de sa vie professionnelle dans un modeste bureau de Calgary, et qu'il aurait peu d'occasions de voir du pays.

"Manifestement, je me trompais", dit-il.

Car depuis le début de sa carrière, Jay Park a visité une quarantaine de pays. Il a représenté des dizaines d'entreprises, des sociétés d'État de gouvernements étrangers et des organismes internationaux comme la Banque mondiale. Cette semaine, il est à Abuja, au Nigeria, où il donne une formation à des cadres de la Nigerian National Petroleum Corporation. Il y fait une escapade d'une dizaine de jours qu'il l'a conduit en Indonésie, en Australie et en Angleterre, où il a rencontré des clients.

Pourquoi cet avocat de 50 ans est-il si sollicité? Jay Park est un juriste bien particulier: c'est un avocat du pétrole, un "Oil&Gas lawyer", comme disent les Anglais, un pro d'une industrie qui connaît ces temps-ci un boom sans précédent. Un bon en plus: le Who's Who Legal Awards vient de le nommer "l'avocat pétrolier" de l'année au Canada pour la deuxième année consécutive.

Jay Park n'est toutefois pas le seul avocat à s'être spécialisé en droit pétrolier. En fait, à Calgary, leur nombre a plus que triplé en deux décennies. Et ces temps-ci, avec le boom que connaît la région, et le prix de la ressource qui bat des records quasiment tous les jours, les avocats du pétrole ne manquent pas de boulot.

"C'est la folie!" dit Scott Whitby, qui dirige le secteur Énergie de Gowlings à Calgary. Il explique que la concurrence est féroce entre les cabinets pour embaucher les meilleurs talents. D'autant plus que les pétrolières possèdent elles aussi d'importants contentieux. Transcanada Pipelines, entre autres, emploie plus de 50 avocats. Juste à Calgary!

Résultats: les salaires augmentent à une vitesse vertigineuse, et le débauchage est légion, encore plus qu'à Toronto.

Des mégatransactions

Mais qu'est-ce qu'un avocat pétrolier? Qu'est-ce ça fait au juste? Plein de choses, explique Robert Desbarats, 57 ans, associé chez Osler, à Calgary. On peut les regrouper en deux catégories, dit-il, soit le droit commercial et le droit réglementaire.

En droit commercial, les avocats du pétrole négocient et rédigent des ententes. Ils participent à toutes sortes de transactions: des coentreprises entre entreprises qui s'associent pour partager le risque financier, des fusions et acquisitions, des contrats de cession de droits, etc.

On parle de mégatransactions qui rapportent des millions en honoraires. Par exemple, l'an dernier, Robert Desbarats a représenté ConocoPhillips dans une coentreprise de 2 milliards de dollars avec EnCana. Et en 2006, il a conseillé Canadian Natural Resources Limited lors de son acquisition d'Anadarko Canada Corporation pour 4 milliards de dollars.

Aux avocats du pétrole se greffent également des équipes de spécialistes en droit des valeurs mobilières (pour les émissions publiques, le financement, etc.), en fiscalité, en droit environnemental... Il faut aussi ajouter des équipes de plaideurs car les litiges entre pétrolières sont courants, explique John Iredale, chef national du groupe Énergie, chez Gowlings.

Pour être un bon avocat pétrolier, il faut à la fois être capable de bien rédiger des ententes complexes et négocier serré pour le compte des clients. Mais ce qu'il faut surtout, explique Jay Park, c'est bien comprendre l'industrie et ses subtilités. "C'est ce qui fait la différence entre un bon et très bon avocat", dit celui qui est associé au cabinet Macleod Dixon.

Évidemment, la plupart des avocats pétroliers se retrouvent en Alberta. Mais il y en a aussi au Québec. Pierre Boivin, associé au bureau de Québec de McCarthy Tétrault, en est un. Il se définit avant tout comme un avocat spécialisé en ressources, ce qui comprend bien sûr le pétrole et le gaz, mais aussi le secteur minier.

Parmi ses clients, il compte Gaz Métropolitain, qu'il représente notamment dans le cadre du projet Rabaska. Ce projet consiste à construire au coût de 840 millions de dollars un terminal méthanier dans l'est de Lévis. Mais il conseille aussi la pétrolière junior Junex, qui fait dans l'exploration gazière et pétrolière au Québec.

Et Pierre Boivin est catégorique: si l'on fait des découvertes au Québec, il y aura beaucoup de boulot pour les avocats. Comme en Alberta!
12199

Publier un nouveau commentaire

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires