Campus
Comment l’innovation transforme la profession ?
Marie Pâris
2014-04-04 11:15:00
Libéralisation de la profession, nouvelles technologies, modèles de pratiques alternatifs : une table ronde à l’UdeM s’est penchée sur l’avenir du droit…
Devant les étudiants de deuxième cycle en common law, huit intervenants ont présenté leur vision de l’avenir du droit et ses enjeux.
Yves Faguy, ancien diplômé de l’UdeM, rédacteur du National Magazine et animateur de cette conférence bilingue, a parlé de changements évidents, qui s’adressent surtout aux étudiants et futurs avocats plus qu’à l’associé sénior. De quelles compétences auront-ils besoin ?
« Cette question des compétences est vraiment celle que doivent se poser les étudiants, plutôt que de penser au titre qu’ils voudraient décrocher, associé ou autre… », explique M. Faguy.
Repenser le droit
Fred Headon, président de l'ABC, a insisté sur l’importance d’adapter la pratique, les services et la façon de les délivrer à l’évolution du monde juridique. Et de citer Darwin : « Ce n’est pas le plus fort de l’espèce qui survit, ni le plus intelligent. C’est celui qui sait s’adapter au changement ».
L’ABC veut être aux côtés des avocats pour les aider dans cette transition ; un rapport à ce sujet devrait d’ailleurs être publié en août prochain. « Nous développerons trois axes dans ce rapport : la formation des étudiants en droit, l’évolution de la loi et la régulation, et les modèles différents de pratique », indique M. Headon.
Mitch Kowalski, auteur de « Avoiding Extinction: Reimagining Legal Services for the 21st Century » et professeur dans les universités d’Ottawa et Calgary, a pour sa part parlé aux étudiants du client et de l’importance de le garder au centre de la pratique des avocats.
Alors que les clients sont aujourd’hui mieux éduqués et plus exigeants, « il est essentiel que les avocats prennent conscience de ces évolutions, et repensent le droit. Vous voulez du changement ? Il dépend de vous », a lancé le professeur aux étudiants.
Modèles alternatifs et diversité
Sujet très attendu par les jeunes auditeurs, les modèles alternatifs de pratique ont ensuite été abordés par Marie-Claude Rigaud, enseignante à l’UdeM. Les attentes des clients étant souvent loin d’être comblées, les « alternatives business structures » (ABS) peuvent être une réponse, notamment à travers des technologies spécialisées, et tout en restant attachées aux valeurs éthiques.
Mme Rigaud a cité LegalZoom ou CPA Global comme exemples de succès, mais a aussi évoqué la peur des ABS qu’ont certains avocats, résistants au changement, ou qui craignent d’écorner leur image professionnelle.
Se sont ensuite succédés au micro Mathieu Bouchard, de chez Irving Mitchell Kalichman, qui a parlé de la diversité chez les avocats, puis Béatrice Bergeron, de Juripop, qui s’est exprimée sur l’accès à la justice.
« Les relations humaines sont au coeur de la profession »
Monica Goyal, ancienne ingénieure et fondatrice de Aluvion Law, a pour sa part abordé le thème des technologies au croisement du droit. Les clients veulent tout toujours plus vite, et les avocats peuvent se poser la question de l’avenir des tribunaux physiques… « Est-ce que Google sera un jour le concurrent principal des avocats ? »
Mais la conférencière a rappelé qu’en matière de droit, les clients ne peuvent pas se contenter de documents accessibles en ligne, car ils ont aussi besoin d’avis et de conseils juridiques. « Les relations humaines étant au coeur de la profession, le droit ne pourra pas être complètement automatisé », a-t-elle analysé.
Deux autres intervenants ont également participé à la table ronde par vidéoconférence : Natalie McFarlane, entrepreneure juridique à l’origine de Positive Impact Law, et Richard Susskind, auteur de « The End of Lawyers ? » et « The Future of Law : Tomorrow’s Lawyers », ont ainsi partagé leur vision du droit et de la profession.
À la fin des présentations, les étudiants ont classé par ordre d’importance les compétences de l’avocat de demain ; arrive en premier la résolution créative de problèmes, suivie de l’innovation et la maîtrise des procédés et de la collaboration interdisciplinaire.
En tout cas, la conclusion a été unanime chez plusieurs panélistes, et encourageante pour les étudiants : « C’est actuellement le moment le plus intéressant pour devenir avocat ».
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