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«Être bon en droit ne suffit pas»

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Dominique Tardif

2014-09-24 14:15:00

Cette semaine, Me Dominique Tardif, de ZSA, s’entretient avec Me Stephen Kelly, associé chez Norton Rose Fulbright et conseiller juridique externe de SNC Lavalin…

1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier? Était-ce de famille, le fruit de longues réflexions ou encore une évidence pour vous?

Je suis le premier avocat de la famille ! J’ai d’abord fait des études en histoire et science politique à l’Université Carleton. J’ai ensuite travaillé comme page parlementaire sur le plancher de la Chambre des communes entre 1990 et 1992, à l’époque où Monsieur Mulroney était Premier ministre. Le droit me semblait être un sujet d’étude qui m’ouvrirait bien des portes éventuellement.

Je ne pensais donc pas nécessairement devenir avocat en entrant à la faculté. Je dois avouer que je connaissais encore bien peu de choses de la discipline à mes débuts. J’ai rapidement pris conscience, une fois à McGill, du fait que non seulement j’aimais beaucoup le droit, mais que j’aimais particulièrement le rapport entre le droit et le monde des affaires et cette relation de partenariat qui existe entre un client et son aviseur juridique, surtout dans un contexte transactionnel. N’ayant pas les aptitudes pour devenir hockeyeur professionnel, je suis resté en droit! (rires)

2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière ?

Me Stephen Kelly est associé chez Norton Rose Fulbright et conseiller juridique externe de SNC Lavalin
Me Stephen Kelly est associé chez Norton Rose Fulbright et conseiller juridique externe de SNC Lavalin
Plusieurs savent que je suis, tout comme mon cabinet, fier d’être l’un des principaux conseillers juridiques externes de SNC-Lavalin. Comme il en a été largement fait état dans les médias, les événements du printemps 2012, que certains qualifieraient de crise, ont mené à une période remplie de défis pour la compagnie. Sans entrer dans les détails, cela a aussi représenté pour moi un très grand défi sur le plan professionnel et, surtout, une opportunité d’apprentissage véritable et unique.

Le fait d’être bon en droit ne suffit pas nécessairement dans ce genre de situation. Pour bien faire son métier, il faut savoir bien comprendre les gens avec lesquels on interagit et leurs différentes perspectives. Travailler avec une grande société composée de personnes aux approches différentes, aux traits de caractère et aux émotions distincts requiert aussi de bonnes habiletés interpersonnelles pour pouvoir bien guider et appuyer la compagnie dans une période difficile.

Je suis très fier du fait que notre cabinet ait pu jouer, dans cette période plus difficile, le rôle qu’il a eu, et je suis d’autant plus fier de pouvoir constater que la compagnie avance aujourd’hui dans une direction très positive.

3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?

La technologie a, depuis mes débuts ici à l’été de 1997, changé bien des choses dans la pratique du droit. Tout se fait plus rapidement. Même si c’est dans une large mesure pour le mieux, je déplore parfois le fait qu’on ait moins de temps pour réfléchir. Nous allions auparavant consulter un avocat pour comprendre la règle et la façon de l’appliquer; nous demandions à notre avocat d’y réfléchir, et cela avait du bon. C’est donc ce que je changerais d’un coup de baguette magique. Je ne suis pas en train de suggérer de revenir en 1965 pour autant! Je suis bien sûr très à l’aise de répondre rapidement à un client; je crois simplement qu’on pourrait parfois trouver avantage à avoir un peu plus de temps, et ce, au bénéfice du client en question.

4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?

Je ne vois pas d’énorme différence depuis mes débuts, à vrai dire. Je trouve cependant intéressant de constater la perception de ceux qui évoluent dans un domaine où ils ne fréquentent pas souvent des avocats. Les gens pensent en effet peu à ce qu’un avocat de droit des affaires peut faire, et sont encore surpris du rôle que nous pouvons avoir, à savoir non pas aller à la Cour mais plutôt aider des sociétés clientes à lever des fonds pour croître, leur permettre d’acquérir d’autres entreprises ou encore les assister dans leurs négociations contractuelles. Ils sont étonnés d’entendre que, généralement, les clients qui m’appellent sont contents de ce qu’ils veulent faire de leur entreprise!

5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant devenir un avocat à succès de droit des affaires en cabinet?

Il y a, à mon avis, deux parties à cette réponse : d’abord, il faut demeurer ouvert d’esprit,être prêt à travailler fort et vouloir s’investir personnellement. Au début de ta carrière, et même si tu sais que tu veux faire du droit des affaires, il te faut explorer différents secteurs de droit et faire non seulement des fusions acquisitions, mais aussi du droit bancaire, des valeurs mobilières, de l’immobilier, etc. J’encourage les jeunes à le faire non seulement pour leur permettre de découvrir ou de confirmer leur préférence pour un domaine donné, mais pour acquérir une compréhension de base des différents secteurs de droit et de la façon dont ceux-ci interagissent entre eux.

De plus, il faut toujours se souvenir que même si le droit et la pratique constituent une grande partie de nos vies, ils ne doivent pas prendre toute la place. Je remarque que les gens qui ont le plus de succès sont ceux qui travaillent très fort, mais qui ont aussi d’autres intérêts. Qu’il s’agisse de la famille, des amis, d’une passion pour la culture, d’implication communautaire ou de sport, il faut se rappeler qu’une partie de sa vie doit nécessairement se passer à l’extérieur des murs de son cabinet.

En vrac…

Son livre du moment – L’autobiographie de Keith Richard : Life.

Le dernier bon film qu’il a vu – Dallas Buyers Club (réalisateur : Jean-Marc Vallée).

Un de ses groupes fétiches, lui qui est un amateur de musique – The National.

Son expression préférée – ‘un jour après l’autre’ (‘One day at the time!’)

Son péché mignon – La bonne bouffe et le bon vin! C’est d’ailleurs généralement lui qui cuisine à la maison!

Ses restaurants préférés – Joe Beef & Liverpool House (rue Notre-Dame Ouest).

Le pays qu’il aimerait visiter – L’Espagne

Le personnage historique qu’il admire le plus (et pourquoi?) – Winston Churchill, un orateur magnifique et un leader extraordinaire, qui savait motiver les autres autour de lui. Il a une affiche de lui dans son bureau, disant : Deserve victory!

S’il n’était pas avocat, il serait…animateur de radio (on dit qu’il a la voix pour ça!) ou barman!

Me Stephen Kelly est associé de Norton Rose Fulbright au sein du groupe Droit des affaires au bureau de Montréal, et siège sur le Comité de Société du cabinet. Il pratique le droit des sociétés et le droit des valeurs mobilières et s’intéresse particulièrement au financement des sociétés et aux fusions et acquisitions. Il agit régulièrement pour le compte de sociétés ouvertes, de preneurs fermes et d’investisseurs dans le cadre de nombreux appels publics à l’épargne.

Me Kelly participe souvent à des opérations de fusion et acquisition de sociétés ouvertes et fermées tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle internationale. Il a conseillé nombreux conseils d’administration et de comités indépendants dans le cadre de fusions et d’acquisitions et relativement à des questions générales de conformité et de gouvernance. Il est aussi régulièrement appelé à fournir des conseils à des clients en matière de restructuration d’entreprises, d’obligations d’information continue, de questions de gouvernance, de préparation des assemblées d’actionnaires et d’autres questions habituelles touchant le droit des valeurs mobilières.
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