Des avocats discriminés

Le Barreau du Haut-Canada a publié le 30 octobre dernier un rapport soulignant la discrimination dont font l’objet en Ontario les avocats et para-juristes de couleur noire ou appartenant à d'autres minorités visibles, rapporte thestar.com.

Selon le document intitulé « Developing Strategies for Change : Addressing Challenges Faced by Racialized Licensees » il s’agit d’une réalité quotidienne dont on doit parler.

En 2012, le Barreau a créé un groupe de travail chargé d’étudier les défis auxquels sont confrontés ces professionnels du droit et d’envisager les stratégies à adopter pour améliorer leur inclusion à toutes les étapes de leur carrière. À noter que les autochtones ne sont pas inclus dans cette étude qui dresse des constats inquiétants.

En dépit d'une multiplication presque par deux depuis 2001 du nombre d'avocats provenant des minorités, leur intégration au sein de la profession est encore difficile.

Le manque d'embauches, d'opportunités de promotion et de respect comptent parmi les problèmes qu’ils rencontrent. Des professionnels consultés dans le cadre de l'étude se sont plaints que leurs collègues, les juges et les clients estiment en général qu'ils sont incompétents ou inefficaces. Ils indiquent aussi être exclus des activités sociales au travail.

Par ailleurs, les données recueillies démontrent que les avocats noirs pratiquent davantage dans les plus petites structures. « Il y a des firmes qui pensent que si elles embauchent des avocats noirs elles perdront leurs clients », explique l’un des participants.

L'avocat criminaliste Me Gordon Cudjoe était le seul étudiant noir de sa classe lors de sa graduation en 1999 à l'Université de Toronto. Alors que ses camarades ont décroché 10 à 15 entrevues pour le stage du Barreau, il n’en a eu que quatre dont deux n'étaient pas dans des cabinets de Bay Street. Pour lui, le Barreau a tardé à prendre en main le problème.

Selon le rapport, les défis auxquels ces hommes et femmes de loi des minorités doivent faire face ont un impact sur la réputation de la profession, l'accès à la justice et la qualité des services juridiques rendus.

La même discrimination s’observe aussi à l’égard des para-juristes des minorités visibles, et encore plus chez les femmes de ces communautés.

L'une des avocate qui s'est exprimée a indiqué que si les femmes doivent travailler fort pour être prises au sérieux dans cette profession, celles des minorités doivent oeuvrer encore davantage.

Les professionnels du droit sont invites à faire part de leurs commentaires sur le document de consultation tout au long de l'automne et jusqu'au 1er mars 2015. Il leur aient également demandés de donner leur avis sur le traitement des plaintes de discrimination et la meilleure façon de collecter des données démographiques précises.

Leurs remarques et suggestions aideront le groupe de travail à déterminer les prochaines étapes et à présenter ses recommandations.