Comment pratiquer en solo

Comment se faire payer ?

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Ioanna Lianis

2015-01-12 14:15:00

Vos clients ne manquent pas de vous appeler la veille de l’audience mais vous oublient quand vient le temps de payer vos honoraires. Voici comment y remédier…

Me Ioanna Lianis pratique exclusivement en droit criminel et pénal au sein de son propre cabinet.
Me Ioanna Lianis pratique exclusivement en droit criminel et pénal au sein de son propre cabinet.
Près de la moitié des Québécois vivent d’une paie à l’autre, ce qui veut dire que si vous n’arrivez pas en tête de liste des priorités de vos clients, il ne leur restera jamais assez d’argent pour honorer votre compte d’honoraires.

Dans le cadre de ma pratique, j’accorde une importance capitale à cet aspect. À moins d’être fortuné et d’avoir la vocation de tout donner à son prochain, on ne vit pas d’amour et d’eau fraîche. Il nous faut aussi payer nos comptes.

En janvier 2014, j’ai pris la résolution de m’assurer d’être payée pour tous les services que j’allais rendre et ça a fonctionné ! Comment j’ai procédé ? En étant claire dès le début avec chaque client que je rencontre. Voici quelques unes de mes astuces.

Facturer la rencontre initiale : Plusieurs avocats ne chargent pas le premier rendez-vous afin de s’attirer plus de clientèle. Mais quel message envoie cette offre ? Celui que vous n’avez pas assez de clients et que vous avez du temps et des conseils gratuits à donner. En facturant la rencontre initiale, vous démontrez dès le départ que votre temps est précieux et qu’il a une valeur sur le marché.

Déterminer si le client a la capacité de payer vos honoraires : Il est important de vérifier si le client possède des ressources financières suffisantes pour mener à terme son dossier. Sinon, à quoi bon commencer le travail ? Cet exercice peut parfois être fait dès l’appel initial, surtout si vous avez des doutes sur la capacité de payer du client.

Une bonne façon d’en avoir le cœur net ? Demandez-lui s’il est admissible à l’aide juridique. Si c’est le cas, que vous acceptez ces mandats et que son dossier n’est pas urgent, demandez-lui de se rendre au bureau d’aide juridique avant de se présenter à votre bureau pour le rendez-vous, puis vérifiez si cela a été fait auprès du bureau d’aide juridique avant de le recevoir, quitte à reporter le rendez-vous. De cette façon, vous serez certain d’être payé par la Commission des services juridiques pour les services rendus.

S’il est admissible à l’aide juridique et que vous n’acceptez pas les mandats, dites-lui que vous pouvez le référer à quelqu’un qui en prend. Vous pourriez être surpris en l’entendant dire qu’un être cher paiera pour vos services. Informez-le des coûts à prévoir et demandez-lui carrément si ce bienfaiteur pourra les assumer.

S’il n’est pas admissible à l’aide juridique, informez-le tout de même des coûts afin de valider que son budget lui permettra de faire face.

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Procéder à l’évaluation sommaire des coûts : L’évaluation sommaire des coûts doit se faire au plus tard à la fin de la rencontre initiale. Le client qui comprend combien d’argent il lui faudra investir dans sa cause ne pourra pas se plaindre de ne pas en avoir été informé en cours d’aventure…

Cet exercice peut être plus difficile à quantifier si vous fonctionnez à taux horaire. Avec l’expérience, vous serez capable d’évaluer plus facilement chaque dossier. Essayez de scinder les actes que vous poserez et ensuite, fixez approximativement le prix de chacun de ces actes (ex : vacations à la cour, lecture de documents, rédaction de procédures, préparation du procès, etc.) pour ensuite établir le coût approximatif total (minimum-maximum moyen pour un dossier similaire). Cet exercice devrait être fait à voix haute devant le client afin qu’il puisse suivre votre raisonnement.

Faire signer une convention d’honoraires : La convention d’honoraires devrait être signée à la fin de la première rencontre. Elle permet d’y consigner la nature et l’étendue du mandat octroyé ainsi que les considérations financières (taux horaire, délai de paiement, etc.). Un modèle est disponible sur le site du Barreau du Québec. Ce document peut s’avérer un argument de taille pour le recouvrement de ses honoraires.

Demander des avances : Avoir de l’argent en quantité suffisante dans son compte en fidéicommis avant d’entreprendre chacun des actes à poser, n’est-ce pas la meilleure assurance d’être payé ? Vous pourrez ainsi vous concentrer sur la substance au lieu de vous inquiéter de savoir si vous allez travailler pour rien !

Facturer régulièrement : Facturer après chaque acte important posé (ex : après chaque date de cour) crée une habitude chez le client, lequel saura déterminer la date de son prochain paiement et ainsi éviter de dépenser sa dernière paie au complet. Il lui sera aussi plus aisé de vous payer plus rapidement si vous réclamez de petits montants successifs plutôt qu’une somme importante en une seule fois.

Effectuer un suivi régulier : Si le délai de paiement est passé, débutez par une missive visant à vérifier que le client a bien reçu la dernière facture. Puis, demandez-lui quand il l’acquittera et de quelle façon (mode de paiement), cela crée un sentiment d’engagement. Souvent, cette démarche s’avère fructueuse. Si tel n’est pas le cas, envoyez un avis de retard par la poste ou téléphonez-lui pour l’informer que le paiement doit être fait avant la prochaine étape dans son dossier. Si le paiement tarde trop, faites-vous une faveur et cessez d’occuper.
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6 commentaires

  1. argent pas très propre
    argent pas très propre
    il y a 9 ans
    Bienfaiteur, vraiment???
    "Vous pourriez être surpris en l’entendant dire qu’un être cher paiera pour vos services. Informez-le des coûts à prévoir et demandez-lui carrément si ce bienfaiteur pourra les assumer."

    Elle pratique en exclusivement en droit criminel. Elle croit vraiment au bienfaiteur??

    Un accusé qui vient dire ça à son avocate, c'est un accusé qui va la payer avec de l'argent du crime (apr exemple, de son trafic de drogue).

    Il faut donc, à mon avis, se poser la question de l'aveuglement volontaire dans ces cas-là. L'avocat peut-il se faire complice de son client qui blanchira ainsi son argent?

    • Santiago
      Santiago
      il y a 9 ans
      droit criminel
      Vous n'avez pas pigé grand chose dans le jeu de la vie et la nature du droit criminel vous.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 9 ans
      ah non?
      Et bien éclairez moi de vos lumières, je vous prie.

  2. Cormier
    Cormier
    il y a 9 ans
    C'est possible
    Le "bienfaiteur" existe parfois.. Je suis [http://www.avocatcriminel.ca|avocat criminaliste]. Dans certaines communautés, l'argent circule au sein d'une même famille.

    Par exemple, on voit parfois un immigrant qui a besoin de 2000$ pour un petit dossier en droit criminel (un vol) l'emprunter a un membre de sa famille au Québec ou a l'étranger. Je doute qu'il obtienne cet argent du trafic de la drogue!

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 9 ans
      Question
      Le lien externe qui a été déposé dans ce commentaire m'amène à me poser la question du racolage par l'avocat sur internet. Non pas que je crois qu'il s'agit de racolage ici, je me demande s'il existe des balises à cet égard. Il me semble que les limites sont très floues.

    • GBS
      GBS
      Quelles limites?

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