Tsarnaev sera-t-il condamné à mort?

Il a été reconnu coupable des 30 chefs d'accusation pesant contre lui, incluant complot et utilisation d'une arme de destruction massive _ deux chefs pouvant entraîner la peine de mort. En fait, 17 des chefs d'accusation contre Tsarnaev peuvent entraîner la peine de mort.

Le verdict a été annoncé mercredi après-midi à Boston. Les jurés se sont entendus après une douzaine d'heures de délibérations réparties sur deux jours. Des survivants de l'attentat étaient présents dans la salle d'audience, et quelques-uns se sont exprimés
à la sortie du tribunal.

« Ce ne sera jamais terminé. Nous ressentirons ce moment pour toujours. Il fera toujours partie de notre vie », a confié Karen Brassard, blessée aux chevilles et aux tibias par des fragments de la bombe.

Les avocats de la défense concèdent depuis le début que Dzhokhar Tsarnaev a participé à l'attaque, mais prétendent que son frère en était le cerveau, et que Dzhokhar a subi l'influence de son frère radicalisé. Tamerlan Tsarnaev est tombé sous les balles de la police quelques jours après l'attentat.

Dzhokhar Tsarnaev a plié les bras, se tortillant sur sa chaise et fixant la table devant lui, alors qu'il écoutait la lecture des verdicts de culpabilité.

La condamnation était acquise, étant donné l'admission surprenante de son avocate au procès, qui a affirmé que le jeune homme avait mené l'attaque aux côtés de son frère aîné.

« N'eût été Tamerlan, cela ne serait pas survenu », a fait valoir l'avocate de la défense, Judy Clarke, durant les plaidoiries finales.

Toutefois, les procureurs ont décrit les deux frères - des Tchétchènes ayant déménagé aux États-Unis à partir de la Russie il y a plus de dix ans - comme des partenaires à part entière dans un plan pour punir les États-Unis pour leur rôle dans les conflits dans des pays musulmans. Des écrits et vidéos djihadistes ont été trouvés sur les ordinateurs des deux frères, bien que la défense ait argué que Tamerlan avait téléchargé le matériel et l'avait envoyé à son frère.

Le gouvernement a convoqué 92 témoins en 15 jours, brossant le portrait de l'horreur des derniers instants du marathon de Boston. Le père d'un garçon de huit ans a relaté avoir pris la décision atroce d'abandonner son fils sur le point de mourir afin d'obtenir de l'aide pour sa fille de six ans, qui a perdu une jambe dans l'explosion.

Les deux bombes placées dans des autocuiseurs ont explosé près de la ligne d'arrivée du marathon, le 15 avril 2013, tuant trois spectateurs et blessant plus de 260 autres personnes, transformant une fin de parcours forte en célébrations en une scène de carnage et plaçant la ville sous haute tension pendant plusieurs jours.

Dzhokhar Tsarnaev a été tenu responsable non seulement de la mort de ces personnes, mais également de celle d'un agent de sécurité de l'université MIT abattu quelques jours après le drame au marathon, durant la tentative de fuite des deux frères.

« Je rends grâce pour la fin de cette étape du procès et suis confiant de voir des procédures rapides de détermination de la peine. J'espère que le verdict aujourd'hui (mercredi) offrira un peu de répit pour les survivants, les familles, et tous ceux affectés par les événements violents et tragiques en marge du marathon de Boston en 2013 », a affirmé le maire de Boston, Marty Walsh, qui est entré en poste l'année après l'attaque.

Une deuxième phase du procès s'entamera pour déterminer si le jeune homme de 21 ans doit écoper de la peine de mort ou d'une peine de prison à vie.

Durant la prochaine étape, qui pourrait se mettre en branle dès lundi, les avocats de Tsarnaev présenteront des facteurs dits atténuants dans l'espoir de lui éviter la peine capitale. La preuve pourrait s'attarder à sa famille, sa relation avec son frère, et son enfance dans l'ancienne république soviétique du Kirghizistan et plus tard dans la région contestée du Daguestan, en Russie.

Les procureurs feront valoir des facteurs dits aggravants en appui à la peine de mort, incluant le meurtre d'un enfant et la prise pour cible du marathon en raison du potentiel maximal de bain de sang.