ABC-Québec : « On ne représente pas que les grands bureaux! »

La pluie est battante au-dehors mais Me Stéphane Lacoste, le nouveau président de la division Québec de l’Association du Barreau Canadien (ABC), est tout sourire. Il vient d’assister à la rentrée des tribunaux de Montréal et au lunch organisé par le Barreau du Québec.

À ses côtés, des bâtonniers issus de toute la Francophonie. « C’est inspirant, on peut comparer le droit, la pratique...», estime-t-il. De ses explications, on pourrait retenir l’ouverture d’esprit et la volonté ferme de mener l’ABC-Québec encore un peu plus loin. « À chaque nouveau mandat, il faut faire encore mieux, parce que l’ABC a 100 ans d’existence et que l’on veut que dans 100 ans, l’ABC-Québec soit encore là. »

En plus des enjeux auxquels il doit faire face, de ses mandats et de son parcours, Me Lacoste revient pour Droit-inc sur sa vision de l’ABC-Québec et le chemin qui l’a mené jusqu’au poste de président.

Droit-inc : Quels sont les principaux objectifs de l’ABC-Québec?

Me Stéphane Lacoste : Toute organisation doit s’améliorer. Nous avons du travail du côté de la formation professionnelle. Il y a un vrai problème de concurrence. Nous avons une base de participation et de membership mais nous devons aller plus loin, et si possible faire encore plus avec moins de financement. Mais surtout nous voulons nous consacrer à nos membres, endiguer la baisse et comprendre pourquoi l’association paraît aujourd’hui moins importante au point que nos membres nous quittent. Nous allons nous concentrer sur les services utiles à nos membres, ce qui pourrait leur rendre l’association indispensable. Il y a eu beaucoup de consultations et il va y avoir de gros changements. Nous allons cependant rester proches de nos membres en gardant le contrôle de la division Québec.

Pourquoi y a-t-il encore trop peu d’implication?

J’ai l’impression que les gens croient qu’on ne représente que les grands bureaux de Montréal, mais ce n’est pas le cas! Regardez, moi, je pratique dans un syndicat! Bien sûr qu’il y a des juristes de grands bureaux mais ce n’est pas vrai qu’on est un outlet de ces avocats! Si tu veux être présent, représenté, viens mettre ton nom!

Quels sont selon vous les enjeux des avocats d’aujourd’hui?

Il faut qu’ils aient accès à une bonne formation, qu’ils soient capables de recruter des clients, qu’ils aient accès à de nouvelles façons de pratiquer, qu’ils soient informés quant aux modes alternatifs de tarification. De plus en plus de gens font le choix de se représenter seuls car ils ne voient pas l’utilité de prendre un conseiller. Il faut former nos avocats à proposer aussi autre chose. On ne veut pas se ramasser du Uber ou de la sous-traitance en Inde.

Vous êtes devenu membre de l’ABC sitôt votre Barreau obtenu en 1989, pourquoi?

Pour moi, ça allait de soi. L’association donnait des formations, faisait de la représentation auprès de différents gouvernements. Il y a un aspect lobby, comme récemment lorsque nous avons signé une lettre à l’adresse du gouvernement pour soutenir l’accès à l’école des enfants sans papiers.

C’était à votre ordre du jour d’en devenir président?

Non, je l’espérais, mais je ne pensais pas le devenir si tôt. J’ai commencé à m’impliquer il y a 8 ans. Je me suis fait élire sur l’exécutif, mais je pensais qu’il y aurait un roulement et que je deviendrais président dans quelques années. Le poste est venu plus vite que ce à quoi je m’attendais. J’avais cependant présidé le comité organisateur du colloque hommage à Louis LeBel, un événement important qui a été fort apprécié.

Quels vont être vos défis maintenant ?

Un président, de mon point de vue, préside justement. Ce n’est pas un dictateur. Je suis là pour motiver les gens, l’équipe et rallier l’engagement de plus de membres. Pour le moment nous avons un petit nombre de gens qui s’impliquent énormément. J’aimerais que le travail, l’implication, soient répartis plus équitablement. Je souhaite aussi qu’on initie une plus grande communication, qu’on soit plus visible. C’est bien de faire des choses mais encore faut-il que le public sache ce qu’on fait! On pourrait par exemple proposer un podcast. J’ai déjà fait cela par le passé, ça permet de diffuser l’information de façon interactive.