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IVAC : « un désastre signé Stéphanie Vallée » - Marc Bellemare

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Marc Bellemare

2016-09-19 11:15:00

Depuis plus de deux ans, la ministre de la Justice a négligé honteusement les victimes aux prises avec l’IVAC, un désastre qui lui est entièrement imputable, dénonce Marc Bellemare…

Me Marc Bellemare a été ministre de la justice et Procureur général du Québec en 2003-2004
Me Marc Bellemare a été ministre de la justice et Procureur général du Québec en 2003-2004
Il y a quelques jours, la Protectrice du citoyen rendait publics les nombreux dérapages de l’IVAC, le régime québécois d’indemnisation des victimes d’actes criminels. Quiconque a eu à transiger avec l’IVAC au cours des dernières années n’en sera pas surpris.

Laissés à eux-mêmes, les fonctionnaires chargés d’administrer ce système abusent régulièrement de leurs pouvoirs, négligent sciemment d’informer adéquatement les victimes, retardent le paiement des prestations ou les interrompent sans raison.

Les victimes d’actes criminels vous le diront aisément. C’est le quotidien pour elles. Cantonnés dans leur tour du 1199, De Bleury à Montréal, les obscurs décideurs de l’IVAC se tiennent loin des visages des victimes qu’ils ne voient jamais, de leur réalité et de leur détresse. Ils savent bien que cette fillette agressés sexuellement, cette femme battue ou ce traumatisé crânien n’ont généralement aucune ressource pour se défendre, aucun micro pour dénoncer.

Ces victimes sont isolées, brisées, détruites par ce crime aussi odieux qu’imprévu. Plutôt que de les soutenir et de les indemniser correctement, on triche et on leur ment allègrement, sous l’œil désintéressé de la ministre de la justice, supposément « responsable de l’exécution » de la Loi sur l’indemnisation des victimes d’actes criminels.

L’IVAC exclut les parents d’enfants assassinés

Entre autres mensonges dénoncés par la Protectrice du citoyen, notons le refus systématique par IVAC des réclamations de parents d’enfants assassinés. On leur refuse le statut de victime lorsqu’ils n’étaient pas présents sur les lieux du crime au moment où celui-ci a été commis.

C’est ainsi que Patrick Desautels, ce père de famille qui a découvert ses trois enfants assassinés, le 2 décembre 2012, s’est vu refuser par IVAC le statut de victime et tout remplacement de revenu.

Cette interprétation mesquine et inhumaine a pourtant été maintes fois renversée par le Tribunal administratif du Québec, la seule instance indépendante où les victimes insatisfaites peuvent contester les décisions de l’IVAC. C’est là que Desautels s’est adressé pour être finalement indemnisé deux ans après le drame.

IVAC n’a jamais respecté cette jurisprudence et continue de refuser ces réclamations comme si de rien n’était. Que fait la ministre de la justice ? Rien. Elle laisse aller les fonctionnaires aux pires abus. Les victimes doivent se débattre dans cette bureaucratie obscure, demander des révisions qui n’en finissent plus et qui incidemment n’ont de révision que le nom.

Manque de juges

Depuis plus de deux ans, la ministre de la Justice a négligé honteusement les victimes aux prises avec l’IVAC
Depuis plus de deux ans, la ministre de la Justice a négligé honteusement les victimes aux prises avec l’IVAC
Depuis 2014 que la ministre est en poste, les délais de révision ont doublé, passant de 83 jours à plus de 150 jours. Et avant d’aller en révision, il faut d’abord s’être vu refuser un traitement, une allocation, un service. Or, IVAC n’a aucun délai à respecter pour rendre ses décisions ni aucun intérêt à payer sur les sommes payées des mois, des années plus tard.

Après une décision négative en révision, ce qui est très généralement le cas, la victime peut contester à nouveau devant le Tribunal administratif du Québec. Le Rapport annuel 2015 de ce tribunal indique toutefois qu’il lui faudra attendre 21.8 mois avant d’être entendue par un juge, un délai en constante progression.

Manque de juges? Certainement. Ledit rapport révèle que 18 postes de juges demeurent vacants sur les 128 autorisés. Plutôt que de s’attaquer résolument aux délais inacceptables qui sévissent ici, la ministre laisse pourrir la situation.

La semaine dernière, le TAQ (dont elle est également la ministre responsable) annonçait qu’il « prêtait » une de ses juges, Hélène de Kovachich, à l’Université de Montréal pour discuter des vertus de la conciliation.

Il est clair que la ministre de la justice se traîne littéralement les pieds dans ce dossier. Depuis plus de deux ans, elle a négligé honteusement les victimes aux prises avec l’IVAC, un désastre qui lui est entièrement imputable.

Me Marc Bellemare a été ministre de la justice et Procureur général du Québec en 2003-2004. Il a également été ministre responsable des lois professionnelles.

En avril 2010, il a appuyé publiquement l’idée d’une commission d’enquête sur la corruption et le financement des partis politiques au Québec.

Il est assermenté comme avocat en 1979, après avoir complété ses études en droit à l’Université de Montréal en mai 1978 et sa scolarité du Barreau à Québec, en mai 1979. Il pratique depuis en droit social, dans les secteurs du droit reliés aux régimes sociaux et d’aide aux victimes d’accidents. Dès le début des années 80, il fait figure de pionnier en devenant le premier avocat québécois à consacrer la totalité de sa pratique au service exclusif des victimes.
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12 commentaires

  1. Me
    Bon, encore animé par la vengeance
    Vengeance, vengeance quand tu nous tiens….

    Toujours la même rancune qui anime Marc Bellemarre et ce désir insatiable de faire parler de lui.

    J'en peux plus!

    • Me Meuh
      Me Meuh
      il y a 7 ans
      L'imbécillitéw
      Votre commentaire, attaquant une personne qui en a fait cent fois plus que vous, est vide de faits et de substance. En anglais on dit petty.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 7 ans
      en effet
      Effectivement, ce commentaire animé par la vengence est vide, complètement vide.

      L'article énumère des faits, la Protectrice du citoyen base de plus rarement ses rapports sur du bidon.

      Ouvrez les yeux. N'attendez-pas d'être victime vous-même pour réagir. Le style de gestion est toxique à l'IVAC depuis des années, particulièrement depuis 2014.

      Il faut bien être avocat pour se penser au delà de la douleur..

    • sebmor@live.ca
      sebmor@live.ca
      il y a 7 ans
      Se battre pour le respect des lois n'a rien d'un vengeance
      Marc Bellemare dérange ceux qui ont des choses à se reprocher et non les autres.

      La Commission Bastarache a été tournée en queue de poisson! Mais cela n'a pas empêché les juges administratifs de venir dire que c'est vrai et que c'est même pire que ce que nous pouvions imaginer. Voici d'ailleurs une source plus que fiable à ce sujet :

      http://cjaq.qc.ca/le-rapport-sur-lindependance-des-juges-administratifs-fevrier-2014/

      Et curieusement, le 1199 de Bleury, le siège social de l'IVAC, qui relève de la CNESST, est visée par des allégations très sérieuses mettant en vedette nul autre que Franco Fava. Voici deux sources à ce sujet pour débuter vos recherches :

      http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/special/2016/11/allegations-fraude-plq-societe-immobiliere-quebec-fava-rondeau-fortier-bartlett/

      et

      http://meteopolitique.com/Fiches/corruption/Gens-d-affaires/Franco-Fava/Franco-Fava-financement-du-Parti-Liberal-du-Quebec-et-la-corruption.htm

      Une chance que nous avons Me Bellemare pour nous aider à ne pas sombrer davantage dans le cynisme le plus total.

  2. Mon
    Where were you?
    You were Minister of Justice, and the same law applied? Why didn't you fix the problems?

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 7 ans
    Marc Bellemare et les moulins à vent
    "En ce moment ils découvrirent trente ou quarante moulins à vent qu'il y a dans cette plaine, et, dès que don Quichotte les vit, il dit à son écuyer:

    —La fortune conduit nos affaires mieux que ne pourrait y réussir notre désir même. Regarde, ami Sancho ; voilà devant nous au moins trente démesurés géants, auxquels je pense livrer bataille et ôter la vie à tous tant qu'ils sont. Avec leurs dépouilles nous commencerons à nous enrichir ; car c'est prise de bonne guerre, et c'est grandement servir Dieu que de faire disparaître si mauvaise engeance de la face de la terre."

    Don Quichotte, chapitre VIII

    —Quels géants ? demanda Sancho Panza.

    — Ceux que tu vois là-bas, lui répondit son maître, avec leurs grands bras, car il y en a qui les ont de presque deux lieues de long.

    —Prenez donc garde, répliqua Sancho, ce que nous voyons là-bas ne sont pas des géants, mais des moulins à vent et ce qui paraît leurs bras, ce sont leurs ailes, lesquelles, tournées par le vent, font tourner à leur tour la meule du moulin.

    —On voit bien, répondit don Quichotte, que tu n'es pas expert en fait d'aventures : ce sont des géants, te dis-je et, si tu as peur, ôte-toi de là et va te mettre en oraison pendant que je leur livrerai une inégale et terrible bataille.

  4. Brigitte Lachance
    Brigitte Lachance
    il y a 7 ans
    Professionnelle
    Et bien moi, je peux vous dire que j'ai une amie qui a été victime d'un acte criminel et elle s'est battue pour obtenir de l'indemnisation par l'IVAC. C'est après une sortie dansnles journaux que les choses ont commencé à bouger. Il y a un sérieux ménage à faire à l'IVAC.

  5. Poignée dans le dos
    Poignée dans le dos
    il y a 7 ans
    Et vous ?
    Et vous monsieur Bellemare ? Qu'avez vous fait pour faire changer cette lois ? Et bien vous y avez vue une occasion d'affaire en or et pour bien faire perdurer votre business, vous frappez sur le petit en bas, coincé avec une Loi absolument vétuste, coincé avec une augmentation des demandes faramineuse mais pas plus de bras pour y arriver! Vous ne souhaitez surtout pas que la loi change ça serait beaucoup moins payant pour VOUS!
    Parce que si le but était vraiment d'aider les victimes, vous useriez votre partiel au parlement, à demander des mesures d'amélioration et non pas A cracher dans votre propre soupe pour en faire plus!

  6. Anonyme
    Anonyme
    il y a 7 ans
    Encore les fonctionnaires
    C'est bien malheureux d'encore attaquer les fonctionnaires : «Elle laisse aller les fonctionnaires aux pires abus». Comme si ceux-ci, animés par la méchanceté et un désir vicié de blesser, se moquaient des jugements des tribunaux au risque même de perdre leur emploi et pour le seul plaisir de blesser. Absurde.
    Comme pour les autres portefeuilles, la Justice guide ses fonctionnaires avec des directives, avec des fascicules mais aussi et surtout avec des orientations et des consignes, certaines formelles, d'autres moins.
    Ceci expliquant cela, si M. Bellemare n'est lui-même pas intervenu en son temps sur la problématique, c'est que le politique, ce même gouvernement, ne désire en rien respecter les décision du TAQ mais économiser sur la souffrance.
    La volonté des fonctionnaires n'a rien à y voir. Encore moins leurs pulsions mesquines imaginaires.
    Il aurait dû s'en tenir à son titre et faire preuve de cohérence.

  7. anonyme
    anonyme
    il y a 6 ans
    Il est dans le champ Bellemarre
    C'Est depuis le 15 septembre 2016 qu'il existe une jurisprudence pour les parents d’enfants assassinés. ILs sont tous reconnu maintenant.... Pourtant Me Bellemarre était au courant de tout ça. C'est le juge François Huot de la cour supérieure qui a fait tout changer ....

    Une autre affaire pour avoir de la pub gratuitement ce cher avocat.

    En passant, ce n'était pas Bellemarre mon avocat.

  8. FL
    On a comme oublié quelque chose...
    Le régime de l'IVAC a été mis sur pied pour régler des injustices flagrantes, pas pour agir comme régime d'assurance universel. 90% des dossiers qui font la une des journaux n'auraient pas abouti à l'IVAC si les gens avaient bénéficié d'une protection normale d'assurance-vie.

    Si moi ou ma conjointe étions victime d'un meurtre, le survivant aurait simplement reçu le bénéfice de la police d'assurance-vie, sans besoin d'aller à l'IVAC.

    Si on n'est pour se déchirer la chemise sur la place publique pour la mort de quelqu'un, qu'est-ce qu'on va faire pour les dizaines de personnes qui meurent chaque semaine de mort naturelle et qui laissent leurs dépendants dans la misère?

    Je m'abstiens de commenter la sortie de Me Bellemare - je ne tiens pas à faire de la promotion gratuite pour ce has-been de la vie politique, viré kid-kodak du Journal de Québec.

  9. Anonyme
    Anonyme
    il y a 6 ans
    Vous oubliez quelque chose également...
    Pour qu'une assurance vie soit versée, il faut qu'une personne meure, alors que ce que couvre l'IVAC est beaucoup plus large. Assurance invalidité me direz-vous? Dans les deux cas, ce sont un luxe que peu de gens se paieraient, si ce n'était pas inclus dans bien des régimes collectives. Comme la plupart des régimes d'indemnisation gouvernementaux, l'IVAC a été créé pour protéger les personnes vulnérables. Pas Joe Blo qui a mis une assurance-vie sur la tête de ses enfants "au cas où"...

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