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Y’a-t-il une avocate dans l’avion?

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Theodora Navarro

2016-10-06 15:00:00

Quand ils utilisent leur jet privé ou leur drones, c’est elle que ses clients appellent! Droit-inc a parlé avec cette avocate immergée dans le monde très masculin du droit de l’aviation…

Me Caroline Healey a opté pour le droit de l’aviation
Me Caroline Healey a opté pour le droit de l’aviation
Fascinée tant par la complexité du domaine que par toute l’imagerie romantique qui lui est associée, Me Caroline Healey a opté pour le droit de l’aviation. Du 19 au 21 octobre, la Ville de Montréal, une capitale de l’aviation civile, accueillera la conférence annuelle de l’International Aviation Women’s Association (IAWA). Membre du comité organisateur, l’avocate du cabinet Langlois y sera, à l’instar de 300 autres femmes.

Pour Droit-inc, elle revient sur cette pratique que l’on associe encore trop souvent aux hommes.

Droit-inc: Comment avez-vous débuté en droit de l’aviation?

Me Caroline Healey: C’était un peu par hasard. J’étais avocate en droit commercial corporatif. J’ai eu une opportunité d’emploi chez Bombardier aéronautique, c’est ce qui a fait décoller tout ça, sans jeu de mots. C’était en 2005-2006, j’ai été immergée dans le monde de l’aéronautique et de l’aviation, et j’ai adoré. C’est une industrie très importante ici, et il y a beaucoup de gros joueurs à proximité.

Puis vous êtes passée du côté de l’aviation civile…

Oui. Lorsque j’ai rejoint l’Association du transport aérien international (IATA), j’étais alors responsable de la division des services financiers car IATA offre une variété de services à la communauté aérienne, notamment un service de gestion de la facturation via une « chambre de compensation », qui permet à des compagnies aériennes et autres entités œuvrant dans l’industrie aérienne partout dans le monde d’opérer compensation selon un calendrier établi pour leurs nombreuses transactions, et ce, dans diverses devises.

Qu’avez-vous trouvé différent lorsque vous avez rejoint la pratique privée?

J’ai connu le cabinet McMillan par mon travail à IATA, et je l’ai ensuite rejoint. La différence, et elle vaut quel que soit le domaine je pense, c’est qu’en contentieux notre client c’est notre employeur. On le connaît de fond en comble et on nous demande d’avoir une opinion juridique mais aussi d’affaires. En pratique privée, on nous demande souvent une opinion juridique pointue. On va moins voir le projet du début à la fin mais on a la possibilité de travailler avec différents joueurs. Et pour ceux qui ont une fibre entrepreneuriale comme moi, développer une clientèle et un portfolio s’avèrent très stimulants !

Qu’avez-vous désormais comme mandats?

Outre les mandats que j’ai en droit commercial général, la moitié de ma pratique est consacrée au domaine du droit des transports et notamment au droit de l’aviation. Je fais des représentations devant les instances fédérales en matière de transport, je donne des conseils juridiques sur des aspects réglementaires liés à l’aviation, j’offre également une assistance à mes clients dans le cours normal de leurs affaires. Il y a aussi des compagnies qui m’interrogent quant à l’utilisation de leur jet privé et des utilisateurs de drones qui me demandent des conseils.

Qu’aimez-vous dans le droit de l’aviation?

La complexité du domaine! C’est une réglementation très très pointue. Et il y a à côté de ça une vision très romantique du voyage qui est associé à l’aviation et qui me plaît beaucoup, ainsi que des rencontres à l’international et entre cultures.

Que pouvez-vous nous dire sur la conférence IAWA ?

L’IAWA existe depuis 1988, elle est basée aux Etats-Unis. Elle regroupe près de 400 femmes mais pour un réseau de plus de 2500 femmes au total. Chaque année, un événement-phare est organisé. L’an dernier, c’était à Dubaï. C’était incroyable car c’était la première fois que Dubaï accueillait une conférence réservée aux femmes et faite par et pour les femmes. C’est organisé pour la première fois à Montréal cette année, Montréal qui est une capitale de l’aviation civile. On attend 300 femmes de partout dans le monde.

Est-ce une conférence destinée à promouvoir la place des femmes?

Oui, mais pas seulement. Ce n’est pas une conférence où l’on parle exclusivement de conciliation travail-famille ou de leadership au féminin, il y a une vraie part dédiée à l’actualité de l’aviation.

Il y a quelque chose dont vous êtes particulièrement fière dans votre carrière?

Oui, j’ai eu à redéfinir une entente cadre et à la présenter à un groupe de compagnies aériennes et à d’autres joueurs de l’aviation. Ils faisaient des commentaires, me challengeaient, et je repartais avec mes notes. J’ai vraiment dû défendre mon travail, ça a duré un an en tout mais le document a finalement été ratifié par plus de 400 compagnies aériennes et intégré dans le manuel IATA. C’est le point fort de ma carrière, car il y avait aussi un aspect de médiation dû au fait qu’il y avait des opinions divergentes au sein du groupe.

Avez-vous rencontré des difficultés en tant qu’avocate dans un milieu encore majoritairement masculin?

Il y a eu quelques incidents isolés quand j’étais à l’étranger, avec la différence de cultures notamment. Ensuite, ce sont les difficultés que peut rencontrer n’importe quelle avocate. Le fait est que le monde de l’aviation est encore vraiment très masculin, il y a un certain retard de cette industrie à ce niveau. On parle de 20% de femmes, tous métiers confondus, dont la moitié à des postes administratifs.

Vous ne vous êtes jamais demandé si c’était une place pour vous, si vous alliez rencontrer des obstacles?

Si, je me suis posée la question. Mais c’est motivant, aussi, d’être dans les premières femmes à accéder à ce niveau de leadership. Et ce n’est pas si décourageant car on s’aperçoit qu’il y a, chez les femmes comme chez les hommes, une réelle volonté de changement.

Quels conseils donneriez-vous aux femmes?

Si je devais donner un conseil aux femmes, ce serait d’oser davantage. On se met souvent ses propres limites, il faut oser prendre sa place.

Quels sont vos objectifs maintenant?

À terme, je voudrais accéder à un poste décisionnel et continuer à avoir du plaisir dans ce que je fais.
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