Comment utiliser Facebook pour attirer de nouveaux clients ?

Utiliser les réseaux sociaux pour atteindre de nouveaux clients est devenu la norme pour les entreprises. Me Nadia Barrou a réussi à y tirer son épingle du jeu, avec un taux de conversion de 10%.

Elle n’a pourtant pas toujours été juriste. À 31 ans, alors qu’elle était orthoptiste (spécialiste du traitement non chirurgical des pathologies de l’oeil), elle a décidé de donner un second souffle à ses ambitions professionnelles. Elle a choisi de suivre des cours de droit à l’Université de Montréal pour devenir avocate. Elle a été assermentée en 1994 et s’est tout de suite spécialisée dans l’immigration.

Naissance d’une communauté

Aujourd’hui, son groupe « Français et Belges au Québec, questions d’immigration » affiche 1600 membres. Il existe depuis huit mois sur le réseau social. L’avocate a senti qu’il y avait un réel besoin pour une telle communauté.

« Je voyais souvent des questions sur l’immigration publiées sur différents groupes d’immigrants français. Chacun y allait de sa réponse sans citer de sources, il y avait plein d’erreurs, c’était à me faire dresser les cheveux sur la tête. En plus, les informations disponibles sur le site internet Citoyenneté et Immigration Canada ne sont pas toujours claires. D’autres trouvent des solutions à leurs problèmes sans être au courant qu’il y a des chemins bien plus simples. C’est comme ça que l’idée de créer un groupe avec des informations fiables m’est venue », explique Me Barrou.

Ici, les gens lui posent toutes sortes de questions. « Surtout sur la situation de conjoint de fait et sur les démarches à suivre pour devenir résident permanent », précise-t-elle.

Mais l’animation d’une telle communauté demande un réel investissement. Me Barrou avoue consacrer environ deux heures par jour et quatre heures le samedi et le dimanche à ce groupe, le temps de faire ses recherches, de donner la bonne réponse, etc... « Je réponds toujours, sauf quand quelqu’un du groupe a donné le bon conseil », dit-elle.

Dans ses réponses, pas une seule fois Me Barrou ne mentionne son cabinet. « Je ne propose des consultations que lorsque le cas est très complexe, mais jamais je ne parle de l’intérêt de faire appel à un avocat ». L’existence de la communauté semble donc être une publicité en elle-même.

La formule marche en tout cas, et l’investissement paie, puisque un peu plus de 10% des membres inscrits sont devenus des clients de Me Nadia Barrou, qui se paye même le luxe de ne pas accepter tout le monde afin d’éviter les trolls. « Je fais toujours un tour sur le profil d’un nouveau demandeur pour m’assurer que c’est quelqu’un de sérieux », assure-t-elle.

Des résultats « impressionnants »

Pour Alexandre Gravel, co-fondateur de Studio Toast, une entreprise de marketing digital, les résultats de conversion de Me Barrou sont « impressionnants ». « Cela montre cette nouvelle réalité à laquelle toutes les entreprises, y compris les cabinets d’avocats, doivent faire face : la publicité par interruption (celle qui nous interrompt dans notre programme télé favori par exemple, NDLR) est de moins en moins pertinente ».

Le spécialiste en est convaincu : aujourd’hui, il faut apporter de la valeur aux gens, créer une relation de confiance avec eux et les réseaux sociaux sont un formidable vecteur pour cela. « Sans avoir parlé à l’avocate, l’internaute s’est promené sur le groupe, il a l’impression de la connaître. Elle est devenue propriétaire d’une réponse », poursuit-il.

Mais tout le monde ne s’improvise pas gestionnaire de page Facebook. Certaines publications seront plus appropriées que d’autres. « L’idéal, c’est de proposer un portfolio de contenus. Il ne faut pas juste publier des photos qui montrent la culture d’entreprise, ou des vidéos de conseils, il faut tout faire, alterner », dit M. Gravel, qui est persuadé que tous les secteurs d’activité doivent miser sur une présence numérique.

Me Barrou confirme : « les réseaux sociaux sont devenus le meilleur moyen d’atteindre de nouveaux clients et c’est payant. Mais il faut le faire avec générosité, beaucoup de bienveillance et de passion. Les gens me le rendent bien ».

Elle songe d’ailleurs à ajouter un groupe similaire mais anglophone.