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Une avocate au secours d’une Québécoise emprisonnée en Colombie

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Delphine Jung

2017-05-01 14:40:00

Cette avocate installée à Montréal aide depuis deux ans une Québécoise condamnée à 28 ans de prison pour le meurtre de son mari...

Mabel Gonzalez, avocate colombienne installée à Montréal
Mabel Gonzalez, avocate colombienne installée à Montréal
Judith Brassard est emprisonnée depuis 2008 à la prison de Santa Marta, en Colombie, pour le meurtre de son mari, originaire de ce pays. Elle clame son innocence depuis le début de cette affaire, estimant être la victime d’un coup monté.

« Cette histoire m’a touchée dès le début. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose », se rappelle Mabel Gonzalez, avocate colombienne installée à Montréal depuis maintenant quatre ans.

Après avoir vu un reportage sur la mère de famille, condamnée à une peine de 28 ans de prison, Mabel Gonzalez prend contact avec l’Association canadienne pour le droit à la vérité, devenue il y a peu En Vero.

L’organisme est spécialisé dans la défense des droits des personnes innocentes et injustement incarcérées et compte sur quelques avocats engagés comme Mabel Gonzalez. Ils agissent à titre bénévoles.

« David Bertet, le président, cherchait justement des personnes qui parlaient espagnol et plus précisément quelqu’un pour prendre en charge le dossier de Judith. J’ai décidé de m’impliquer », explique l’avocate, pour qui ce genre de démarche semble tout à fait naturel.

Détentrice d’un bac en droit obtenu en Colombie et d’une maîtrise en droit international obtenue en Espagne, Mabel Gonzalez a toujours eu le cœur sur la main. Enfant, en Colombie, cette fille de parents avocats s’implique auprès d’enfants pauvres et chante dans une chorale pour la paix.

C’est qu’elle grandit dans le climat de guerre civile et de lutte sanglante contre le narcotrafiquant Pablo Escobar.

« Les droits humains m’ont toujours intéressés. Je voulais aider les gens, et je pensais que le droit était un bon moyen de le faire », dit-elle.

Arrivée au Québec en 2013, elle travaille dans une entreprise de développement durable. En plus de consacrer du temps à ses deux filles en bas âge, elle donne en moyenne six heures par semaine au dossier de Judith Brassard, « composé de plus de 6000 pages ».

« Elle a une avocate en Colombie avec laquelle nous travaillons. On est en train de reprendre tous les témoignages, chercher de nouvelles preuves. On aimerait avoir quelque chose de solide pour rouvrir le dossier », explique la juriste.

La cause trouve en tout cas un petit écho auprès des autorités canadiennes, « plus que sous le temps de Harper », d’après Mme Gonzalez, qui sent les autorités diplomatiques plus réceptives au message de l’organisme.

Un cas complexe

Le cas de la Québécoise est compliqué. « La famille de Felipe Rojas (le défunt mari de Judith Brassard, NDLR) est très connue en Colombie. Ses membres sont dans le milieu des affaires, de la politique, c’est une famille riche et puissante », rapporte Mme Gonzalez.

Depuis le début, les Rojas accusent Judith Brassard d’avoir commandité le meurtre de Felipe. « Mais il n’existe aucune preuve de communication entre Judith et les tueurs par exemple », dit Mme Gonzalez qui estime que la Québécoise a été victime d’un coup monté.

D’ailleurs, il y a peu, l’un des intermédiaires présumés entre les meurtriers et Mme Brassard est revenu sur sa première version des faits, assurant qu’il n’a jamais été en contact avec la Canadienne.

« Mais le juge n’a pas décidé de le croire malgré la faiblesse, sinon l'absence ce preuve. En Colombie, cela peut laisser place aux théories de corruption. La justice est l’une des choses les plus importantes dans une société. Si on ne peut pas faire confiance aux institutions ou aux juges, on se fait justice soi-même. C’est ça la situation en Colombie », déplore l’avocate qui continue pourtant de caresser le rêve de retourner un jour vivre dans « son pays ».

D’un ton bienveillant elle ajoute : « j’aimerais que la famille de Felipe comprenne qu’on n’est pas contre eux. On pense juste que Judith n’a pas été jugée comme il faut. On veut trouver les vrais coupables ».

Une chose est sûre, Mabel Gonzalez n’est pas prête de renoncer : « je ne pourrais jamais dormir tranquillement en sachant qu’une femme comme Judith est en prison. Je ne pourrais jamais arrêter avant que justice soit faite ».
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