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La legaltech : menace ou futur partenaire ?

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Delphine Jung

2018-04-16 11:15:00

Comment les avocats devraient se positionner par rapport à l’émergence des services juridiques ?

Me Gilles de St-Exupéry, fondateur de LexStart
Me Gilles de St-Exupéry, fondateur de LexStart
Pour en discuter, Me Gilles de St-Exupéry, fondateur de LexStart, Jonathan Hamel, fondateur d’Académie bitcoin et Me Alexandre Désy, fondateur d’OnRègle étaient présents lors de la journée de conférence Legal IT organisée par le Jeune Barreau de Montréal.

LexStart et OnRègle proposent des services juridiques en ligne et Académie Bitcoin assiste les organisations dans l'apprentissage et l'intégration de la technologie Bitcoin et de sa blockchain.

Les trois entrepreneurs estiment que l’émergence de ces legaltech s’explique par plusieurs facteurs. D’abord le fait que la plupart des gens n’ont pas les moyens de se payer les services d’un avocat.

Jonathan Hamel, fondateur d’Académie bitcoin
Jonathan Hamel, fondateur d’Académie bitcoin
« C’est la demande qui a créé ce besoin de legaltech », estime M. Hamel. « Les legaltech visent à offrir des services légaux efficaces et rapides ainsi qu’à moindre coût tout en utilisant les technologies », ajoute-t-il.

Le fait que la technologie permet de traiter un plus gros volume de dossier peut aussi expliquer que certains entrepreneurs ont décidé de se lancer dans ce marché d’après le fondateur de l’Académie Bitcoin.

« Depuis 2008, les revenus des cabinets stagnent, tandis que ceux des legaltech a augmenté de 8 % chaque année. Ce n’est plus de la science-fiction, c’est un marché devenu sérieux », ajoute Me Désy.

L’avocat ne peut plus tout faire

Aujourd’hui, les trois experts estiment qu’il y a une fragmentation des acteurs avec l’apparition de nouvelles entreprises et l’émergence de firmes-conseil. « Les big four se lancent dans le milieu juridique », précise Me de St Exupéry.

Alexandre Désy rappelle aussi qu’une start-up – car la plupart des entreprises en legaltech le sont –, n’a pas le même modèle d’affaires qu’un cabinet d’avocats. « C’est pas la même chose, c’est pas le même marché, ça n’atteint pas les mêmes personnes. Une start-up, c’est 80 % de la technologie, ce n’est pas une entreprise juridique », ajoute-t-il.

Me Alexandre Désy, fondateur d’OnRègle
Me Alexandre Désy, fondateur d’OnRègle
Alors comment prendre le virage quand on est des professionnels du droit ? « Il faut travailler ensemble, car l’avocat n’est plus capable de tout faire. On vit dans un monde de plus en plus régulé ou les contrats sont de plus en plus compliqués, donc du travail pour les avocats il y en aura toujours », dit Me de St-Exupéry.

D’après lui, il faudrait mettre en place des comités, informer dans les bureaux d’avocats et surtout dans les facultés de droit. « J’enseigne à l’université et pas un seul de mes étudiants ne sait ce que c’est que la legaltech. Ils veulent tous faire des stages en fusion-acquisition, sauf que c’est un domaine du droit qu’on peut facilement automatiser. On aura besoin de moins de juniors dans ce domaine par exemple », dit-il.

Avant tout, il ne faut « surtout pas travailler en guerre l’un contre l’autre », ajoute le fondateur de LexStart qui croit en l’expertise nécessaire et pertinente des avocats, au moins autant que les possibilités qu’offrent les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle.

Mes Désy et de St-Exupéry ne sont en revanche pas d’accord sur l’approche qu’a le public des legal tech. Pour le fondateur d’OnRègle beaucoup ont encore besoin de parler physiquement à un avocat, se sentir rassurés, car ils ont encore peur de ce qui est entièrement automatisé.

Tandis que Me de St-Exupéry estime que les clients sont prêts - et vont l’être de plus en plus - à travailler avec des avocats sans parler avec eux.

Dans un avenir proche, il pense que la profession d’avocat va finir par se scinder en deux en quelque sort. D’un côté ceux qui vendront des conseils et d’un autre, ceux qui vont faire des contrats et s’occuper de la documentation et qui travaillent donc sur le contenu.
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