Le procureur Mueller joue gros avec le procès de Paul Manafort

L'équipe du procureur spécial Robert Mueller, chargée d'enquêter sur de possibles ingérences russes lors de la présidentielle américaine de 2016, subit un test important, mardi, avec l'ouverture du procès de l'ex-directeur de la campagne électorale de Donald Trump.

Paul Manafort, 69 ans, doit répondre à 18 chefs d’accusation relativement à des fraudes bancaires et fiscales qu’il est soupçonné d’avoir commises dans la foulée d’activités de lobbying effectuées au profit de l’ex-président ukrainien prorusse Viktor Ianoukovitch.

Il s'agit du premier procès découlant de l'enquête du procureur Mueller, en cours depuis mai 2017. D'autres collaborateurs du président Trump, dont son ex-conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, ont aussi été accusés, mais ils ont plutôt décidé de conclure des ententes avec le procureur.

Le procès de M. Manafort, qui a lieu devant un tribunal fédéral d’Alexandria, en Virginie, s’est mis en branle à 10 h avec la sélection des 12 jurés appelés à se prononcer sur sa culpabilité. Il doit durer trois semaines.

S’il devait être reconnu coupable sur toute la ligne, M. Manafort, qui a dirigé la campagne de M. Trump pendant quatre mois, entre mai et août 2016, pourrait écoper de 305 ans de prison.

Le procès de M. Manafort porte essentiellement sur des faits antérieurs à son implication en politique aux côtés de M. Trump. Il ne doit donc pas y être question de la possible collusion entre l’équipe de campagne du président et la Russie.

« Je ne crois pas qu’un témoin du gouvernement va prononcer le mot "Russie" », a même prévenu la semaine dernière un des procureurs de l’équipe de M. Mueller.

Au-delà du sort de M. Manafort, l’enjeu n’en est pas moins grand pour la présidence de M. Trump, soulignent cependant de nombreux analystes juridiques interrogés par les médias américains.

Si M. Manafort devait être déclaré non coupable, disent-ils, il s’agirait d’un dur coup pour l’enquête du procureur Mueller, dont la crédibilité est constamment attaquée par M. Trump lui-même. Ces attaques pourraient conséquemment s’intensifier.

À l’inverse, un verdict de culpabilité contribuerait vraisemblablement à donner de l’air à cette enquête, et des arguments aux détracteurs du président Trump.