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Une population en quête de changement

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Ryan Hillier

2018-09-28 14:40:00

Cette (longue) campagne aura connu son lot de rebondissements et plusieurs moments cocasses. À trois jours du scrutin, l’heure est au bilan, de notre avocat analyste...

Ryan Hillier
Ryan Hillier
Que l’on parle du candidat du Parti conservateur du Québec qui se prononce sur le prix du gaz à côté de sa BMW, de Jean-François Lisée qui chante de l’Aznavour à la radio, du jeu de mots de François Legault plus ou moins réussi sur l’échange du Canadien, des fausses images du Québec sur une publicité du Parti libéral du Québec, ou de Québec solidaire qui s’engage à légaliser les tournois amateurs de Ju-Jitsu, nous avons eu droit, comme électeurs, à un spectacle particulièrement bien rempli depuis la fin du mois d’août.

Or, le fait que ces incidents amusants aient autant retenu notre attention collective est peut-être symptomatique d’un problème plus profond. Depuis le début de la campagne, le Québec tout entier exprime sans réserve sa volonté de « changement », après un règne quasi-interrompu de 15 ans du Parti libéral du Québec. Or, les principaux partis en lice, à une exception près (dont nous traiterons en fin de chronique), ont semblé incapables de convaincre l’électorat qu’ils étaient en mesure de d’incarner ce changement tant souhaité. Certes, ce n’est pas par manque d’effort que ces partis n’y sont pas arrivés ; mais pourquoi, au juste, ont-ils autant failli à la tâche ?

Le PQ, la CAQ et le PLQ : pas tellement !

Du côté du Parti québécois, cela avait pourtant bien commencé. En intégrant Véronique Hivon à titre de vice-cheffe du parti et en écartant définitivement un référendum sur la souveraineté du Québec pendant un premier mandat, l’équipe de Jean-François Lisée a su démontrer qu’elle était à l’écoute de son bassin d’électeurs potentiels et qu’elle était ouverte à innover dans ses façons de faire. Or, à l’approche du scrutin, sentant ce même électorat lui glisser sous les pieds au profit de Québec solidaire, les péquistes ont multiplié les attaques envers leurs adversaires solidaires, s’en prenant notamment à Manon Massé elle-même ainsi qu’à la gouvernance de QS. Si les sondages d’intention des derniers jours disent vrai, cette stratégie (qui ne faisait pas l’unanimité au sein du PQ en partant) semble avoir nui à la formation de Jean-François Lisée plus qu’autre chose.

Du côté de la CAQ, grand meneur en début de campagne, c’est surtout à mi-chemin que les choses se sont compliquées, notamment en raison des gaffes du chef François Legault. Inefficace au premier grand débat et à peine meilleur au débat en anglais, M. Legault a semblé perdre ses repères, sans parler de ses réflexes, à un moment crucial de la campagne.

Alors que la population cherchait à reconnaître en M. Legault un premier ministre en devenir, elle a surtout assisté à l’embourbement du chef caquiste dans le dossier de l’immigration, un enjeu qui est par ailleurs une des pièces maîtresses du programme du parti de centre-droite.

Cela étant dit, alors que tout portait donc à croire que François Legault et la CAQ connaîtraient un sort semblable à celui de Thomas Mulcair et du NPD aux fédérales de 2015, la CAQ a réussi à freiner sa chute libre dans les intentions de vote, notamment grâce à une performance plus percutante de M. Legault au dernier débat francophone et à une meilleure utilisation de l’équipe solide de candidats caquistes en fin de parcours, ces derniers n’ayant, jusqu’alors, pas vu beaucoup de temps de glace.

Enfin, même du côté du Parti libéral du Québec, on a su reconnaître, tôt, que si Philippe Couillard avait une chance de remporter cette élection, il devai présenter une formation rajeunie et un programme redoré. Suivant cette stratégie à la lettre, le PLQ est tranquillement parvenu remonter dans les sondages populaires, alors qu’aucun autre parti n’arrivait à s’imposer.

Pour les deux premiers tiers de la campagne, M. Couillard, fidèle à lui-même, a réussi à vanter humblement son bilan, soulignant, à toute bonne occasion qui lui était présentée, la performance économique du Québec au cours des quatre dernières années. En formulant, par ailleurs, des promesses ciblées, réalisables et faciles à expliquer, le PLQ a semblé de plus en plus séduire les électeurs aux deux bouts du spectre, soit les jeunes Québécois et les aînés.

Or, c’est peut-être la seule bourde du premier ministre de toute la campagne, soit son affirmation qu’une famille pouvait se nourrir avec 75$ par semaine, qui coutera l’élection au PLQ. Dès que M. Couillard eut exprimé ces mots, la table était mise pour qu’on lui reproche son manque de sensibilité et sa « déconnexion » de la population. Curieusement, plutôt que de s’excuser, le chef libéral a persisté, allant même jusqu’à proposer un menu hebdomadaire (qui a - évidemment - fait fureur dans les médias sociaux).

Québec solidaire ambitionne

Il n’y a finalement qu’un seul parti qui aura réellement su tirer son épingle du jeu dans la catégorie « catalyseur de changement », et c’est Québec solidaire. Alors que la formation de Françoise David n’avait reçu que 8% du vote populaire au scrutin de 2014, les projections les plus récentes suggèrent que le parti de Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois pourrait même atteindre l’appui d’un 20% historique de population le 1er octobre prochain.

Cette progression fulgurante, acquise surtout aux dépens du Parti québécois, résulte en grande partie de la communication efficace des principaux éléments du programme électoral de QS par ses porte-parole et candidats vedettes. On n’a qu’à penser à Catherine Dorion, candidate dans Taschereau mais également auteure et artiste de scène, dont les prises de position véhiculées à l’aide de courtes vidéos publiées sur internet, ont fait rêver bien des Québécois.

Tout au long de la campagne, l’authenticité des engagements des Solidaires a effectivement détonné avec les discours pré-emballés des trois autres partis principaux. Que ce soit à l’occasion des débats, de mêlées de presse ou même directement sur le terrain, Manon Massé, a paru posée tout en faisant preuve d’une certaine verve, tout à fait bienvenue, lors de moments clés. Contrairement, peut-être, à ses trois adversaires, Québec solidaire a présenté une réelle alternative au statut quo : un projet de société auquel, visiblement, de plus en plus de Québécois souscrivent.

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  • Restez à l’affût ; lundi matin, nous dévoilerons nos prédictions en vue d’une soirée électorale qui s’annonce particulièrement enlevante !
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