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L’avocat suspendu prétend avoir soudoyé un vérificateur du Barreau!

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Radio -canada

2019-02-15 11:15:00

Un avocat suspendu par le Barreau a témoigné hier avoir utilisé des billets de hockey pour soudoyer un vérificateur du Barreau...

Stéphane Langlois vit maintenant à Punta Cana en République dominicaine. Photo: Radio-Canada / Montage photo.
Stéphane Langlois vit maintenant à Punta Cana en République dominicaine. Photo: Radio-Canada / Montage photo.
L'avocat suspendu Stéphane Langlois a témoigné sous serment qu'il aurait utilisé des billets des Sénateurs d'Ottawa et des coupons de restaurant pour encourager un vérificateur du Barreau de l'Ontario à « regarder dans l'autre direction » lorsque les livres de sa firme étaient sous audit.

Le Barreau de l’Ontario a effectué un audit de routine de deux jours de la firme Charron Langlois LLP en janvier 2015, un an avant la découverte que des millions de dollars étaient disparus des comptes en fiducies de M. Langlois.

L’audit n’a soulevé aucun manquement de la part de l’avocat de Clarence-Rockland en 2015, mais selon la transcription d’un témoignage pendant l'enquête préalable de M. Langlois fait sous serment en 2018 et dont CBC a obtenu copie, des fonds auraient pu être manquants lors de la vérification.

En septembre 2016 - un mois après que des avocats de la même firme que M. Langlois eurent formulé des plaintes, poussant le Barreau à enquêter - le Barreau a suspendu le permis de Stéphane Langlois.

Un enquêteur a découvert que des comptes qui auraient dû contenir près de 4 millions de dollars en fiducie n’en contenaient plus que 220 000.

La Police provinciale de l’Ontario mène actuellement une enquête pour fraude. Aucune accusation n’a été déposée contre M. Langlois.

Langlois prétend avoir soudoyé le réviseur

En 2018, Stéphane Langlois a témoigné sous serment durant une conférence téléphonique de sa résidence actuelle de Punta Cana, en République dominicaine. L’appel, fait en français et en anglais, faisait partie d’un processus préparatoire dans le cadre de deux des plus de 75 poursuites au civil dont il est la cible.

Je me suis assis avec le réviseur-comptable en 2015 et j’ai dit : ''oui, il y a des dossiers que j’ai complétés qui ne répondaient pas aux normes du Barreau'', a affirmé M. Langlois en anglais, sous serment, pendant l’appel téléphonique.

Interrogé à savoir si le réviseur avait vérifié si les comptes étaient équilibrés en 2015, M. Langlois a dit, en anglais, que tout ce que je sais, c’est que j’ai été capable de le tourner… de le faire regarder dans l’autre direction.

Stéphane Langlois a témoigné que le vérificateur lui aurait dit de choisir des dossiers à regarder pour que ce dernier puisse faire son rapport. Il a aussi prétendu avoir offert un pot-de-vin au vérificateur.

Dans son témoignage, M. Langlois a affirmé que le vérificateur aurait quitté son bureau avec un bon-cadeau pour son restaurant ainsi que des billets pour un match des Sénateurs.

Il a aussi soutenu qu’il n’a pas été en mesure de répéter ce truc l’année suivante. Je n’avais pas de billets de hockey et ça n’a pas fonctionné, a-t-il dit en anglais.

Aucune des allégations de M. Langlois, ni celles qui pèsent contre lui, n’ont toutefois été prouvées en cour.

« Pas d’inquiétude » en 2015, selon le Barreau

Dans un courriel, le Barreau de l’Ontario a indiqué qu’il n’y avait aucune substance aux allégations formulées par Stéphane Langlois.

Une conseillère en communications a affirmé que l’audit de 2015 n’avait soulevé aucun problème.

À l’époque de l’audit (de 2015) aucun manque de fonds n’avait été observé lors de la vérification de la conciliation des comptes en fiducie d’octobre et de novembre 2014, ne soulevant pas d'inquiétude, a écrit Susan Tonkin.

Le dossier a par la suite été fermé, a-t-elle écrit.

Mme Tonkin écrit dans le courriel que la ligne de conduite des affaires du Barreau fait en sorte que les employés ne peuvent accepter de bénéfices ou formuler des ententes si celles-ci résultent en ou donnent l’apparence de (…) traitement de faveur ou préférentiel.

Les employés du Barreau et les membres de leurs familles ne peuvent accepter de cadeaux ou d’hospitalité outre que des items de valeur nominale.

« Ne t’inquiète pas, je vais le rembourser »

Dans son témoignage, M. Langlois prétend qu’il a commencé à utiliser des comptes en fiducie dès 2014 pour couvrir des dépenses et financer un nombre croissant de prêts qu’il devait rembourser et que la comptable de sa firme s’informait de ces transactions.

Que lui as-tu dit?, a demandé l’un des avocats durant la conférence téléphonique.

Exactement ce que j’ai dit au réviseur-comptable du Barreau, a répondu M. Langlois, en anglais. Ne t’inquiète pas, je vais le rembourser.

Stéphane Langlois a aussi décrit sa stratégie de tirer profit de la pratique des banques de geler les chèques.

Il a soutenu qu’il aurait déposé des chèques de son compte personnel pour équilibrer le compte en fiducie chaque mois, et avant que son chèque personnel ne rebondisse, il aurait écrit un chèque du compte en fiducie pour couvrir son compte personnel.

J’ai appris à jouer le système avec la compensation entre les banques, a expliqué M. Langlois en anglais. Et il y a une façon de le faire sans se faire prendre.

Il a soutenu que s’il tentait d’équilibrer les livres chaque 21 du mois, il n’avait pas à rapporter les manques de fonds des comptes en fiducie au Barreau de l’Ontario.

''Avec les informations de Amanda Pfeffer''.
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