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Les juges plus cléments le ventre plein?

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Diane Poupeau

2019-05-30 13:15:00

Ce n’est pas une blague. Et si les taux sanguins de glucose influençaient les décisions des magistrats?

Les juges plus cléments le ventre plein?
Les juges plus cléments le ventre plein?
Dans une étude publiée en 2011, le chercheur en neurosciences cognitives Shai Danziger avançait que les juges qui doivent décider de libérations conditionnelles ont tendance à rendre des décisions plus favorables aux accusés quand ils ont le ventre plein.

C'est ce que rapporte un blogue de l'agence Science presse.

« Le pourcentage de décisions favorables aux libérations d’environ 65 % en début de journée, tombe curieusement à presque zéro avant la pause repas. Puis il remonte brutalement autour de 65 % après la pause repas pour redescendre encore une fois à près de zéro quelques heures plus tard. Et la même chose se produit une autre fois en fin de journée où il y a une autre pause repas », peut-on ainsi lire.

Des études antérieures auraient par ailleurs prouvé que des taux sanguins de glucose bas pouvaient nuire au jugement rationnel associé à l’activité du cortex préfrontal.

Danziger et son équipe avaient donc conclu que « les baisses de glucose dans le cerveau des juges les amèneraient à laisser les gens davantage en prison parce que leur faculté de juger serait devenue sous-optimale ».

Une affirmation à relativiser

Cette affirmation serait toutefois à prendre avec des pincettes. Ainsi, une étude publiée la même année par Keren Weinshall-Margel et John Shapard, indiquait que d’autres phénomènes propres au déroulement des audiences auraient pu contribuer à la baisse observée. Il s'agirait par exemple de la tendance des avocats qui représentent plusieurs détenus à présenter leurs cas les plus solides d’abord et de finir par les plus faibles.

Dans un article publié en 2016, Andreas Glöckne concluait lui aussi que certains paramètres de la procédure judiciaire elle-même peuvent avoir une influence non négligeable sur les effets observés.

« Les juges ont tendance à ordonner les dossiers au sein d’un bloc de travail, de telle sorte que ceux qui se retrouvent au début sont souvent les plus épais, donc ayant le plus d’éléments en faveur des détenus », explique-t-il.

Si l'effet de la baisse de glucose sanguin dans le cerveau des juges a été surestimé dans l’étude originale, l'article indique toutefois que les études contradictoires « ne sont pas en mesure d’écarter qu’elle ait tout de même pu contribuer à l’effet observé, mais en de moindres proportions ».
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