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Un cabinet paie 25% moins bien ses associées femmes

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Delphine Jung

2021-02-10 15:00:00

En moyenne, cela signifie que les associés de sexe masculin gagnent 200 000 dollars de plus par an...

Me Kristin Taylor, l'associée directrice adjointe de Cassels. Photo : Site web de Cassels Brock
Me Kristin Taylor, l'associée directrice adjointe de Cassels. Photo : Site web de Cassels Brock
C’est le Globe and Mail qui a sorti cette histoire, mardi. Le cabinet concerné est l’un des plus grands cabinets d’avocats au Canada : Cassels Brock & Blackweel. Il a un bureau principal à Toronto et deux autres, plus petits, à Calgary et Vancouver.

Le journal a mis la main sur des documents qui indiquent qu’en moyenne, les associées gagnent près de 25% moins que leurs collègues masculins, soit environ 200 000 dollars de moins.

Le même document montre que 75 % des avocats à ce niveau sont des hommes. Sur les 116 avocats figurant sur le document, il semble que seuls quatre étaient des femmes de couleur. Trois d'entre elles se trouvaient dans le quartile des revenus les plus faibles.

Mais les inégalités salariales ne s’arrêtent pas là. Elles concernent aussi les primes. Toujours selon le même document, plus de 80 % des hommes ont reçu une prime, mais seulement 44 % des femmes en ont reçu une.

Me Kristin Taylor, l'associée directrice adjointe de Cassels, a déclaré que le cabinet « n'était pas en mesure de commenter de manière approfondie les documents hautement privés et confidentiels qui ont été partagés sans la permission du cabinet ». Elle s’est toutefois défendue en indiquant qu'au cours des quatre dernières années, Cassels a promu 19 femmes au rang d'associées.

Contacté également par Droit-inc, le directeur des communications, Peter Wismath, a indiqué que le cabinet reconnaît pleinement les défis réels et systémiques auxquels sont confrontées les femmes sur le lieu de travail.

Il assure que le cabinet a déjà apporté un certain nombre de changements politiques à notre structure de gouvernance, à notre système de rémunération et à nos pratiques de mentorat et d'embauche afin de résoudre ces problèmes.

Il évoque même « l'adoption d'un nouveau système de rémunération pour mieux remédier aux inégalités salariales historiques ».

Mais lorsque Droit-inc a souhaité en savoir plus, notamment si le cabinet va combler l'écart salarial entre les femmes et les hommes, M. Wismath a répondu que le cabinet n'est pas en mesure de commenter publiquement les changements spécifiques apportés aux processus.

Mme Taylor a ajouté au Globe qu’il est important de noter que « ces deux dernières années, les femmes ont progressé plus rapidement que leurs homologues masculins dans notre grille de rémunération ».

Il y a encore beaucoup d’opacité concernant la rémunération des associés dans les cabinets d’avocats. En 2018, le Women Lawyers Forum (WLF), une branche de l'Association du Barreau canadien, a tenté de mener une étude sur la rémunération des partenaires. Mais la majorité des cabinets n'étaient pas disposés à divulguer les montants des rémunérations, même exprimés en pourcentage du revenu total des associés.

Seuls 27 cabinets (non nommés) sur 65 ont répondu à l'enquête.

Les cabinets d'avocats considérés comme les plus prestigieux du pays, à savoir Blakes, Davies, Goodmans, McCarthy Tétrault, Osler, Stikeman Elliott et Torys utilisent un modèle de « rémunération ouverte », dans lequel les associés peuvent voir ce que font les autres. Borden Ladner Gervais, le plus grand cabinet d'avocats du Canada, avec près de 800 avocats, utilise un modèle fermé.

Ce manque de transparence des salaires exacerberait le problème selon le WLF.

D’après le document déniché par le Globe, au cours de ces deux années, les associés ont gagné entre 335 000 et plus de 3 millions de dollars. En 2019, environ un tiers des femmes se concentraient dans le quartile inférieur.

En interne, il semblerait que certaines femmes aient tenté de faire bouger les choses. Aucune des associées contactées par Droit-inc n’a voulu commenter, même anonymement, nous renvoyant plutôt aux directeurs des communications.

Mais le Globe a mis la main sur un courriel rédigé par une associée daté du 4 avril 2019 dans lequel elle envoie un calcul rapide sur la disparité entre les sexes dans la rémunération de nos associés.

L'écart salarial est « relativement faible », écrit-elle, moins de 5 % par an, mais les bonus sont « une autre histoire ».

Pour « justifier » ces écarts, les avocats du cabinet évoquent le fait que les femmes ont une carrière moins continue, notamment à cause des congés maternité, mais aussi que les associés masculins sont plus susceptibles d'être mis sur des dossiers qui génèrent plus d'heures facturables.
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