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Relations de travail : Faut-il revoir la législation québécoise?

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L'équipe Droit-inc

2009-08-26 10:15:00

Le Québec possède la législation en matière de relations de travail la plus partiale et la plus rigide parmi l'ensemble des provinces canadiennes, d'après une nouvelle étude de l'Institut Fraser.

Si le Québec souhaite favoriser la création d'emplois alors que la récession mondiale se dissipe, le gouvernement devrait s'attarder à rendre plus flexible sa réglementation du marché du travail, mentionne l’organisme de recherche indépendant.

"Des recherches empiriques provenant de partout dans le monde indiquent que les juridictions où l'on trouve un marché du travail plus flexible obtiennent de meilleurs résultats sur le plan de l'emploi ", a affirmé Niels Veldhuis, directeur des études fiscales à l'Institut Fraser et coauteur de l'étude An Empirical Comparison of Labour Relations Laws in Canada and the United States: 2009 Edition.

"Lorsque l'on compare la réglementation du marché du travail des provinces canadiennes et des Etats américains, le Québec a de loin la législation en matière de relations de travail la plus rigide et la plus partiale au profit des syndicats. En fin de compte, cette caractéristique restreint ses perspectives de croissance économique."

Dans l'étude, M. Veldhuis et ses coauteurs présentent une évaluation empirique de la législation en matière de relations de travail dans le secteur privé pour les dix provinces canadiennes, pour les entreprises canadiennes de compétence fédérale et pour les cinquante Etats américains. L'Indice de législation en matière de relations de travail que l'on trouve dans l'étude présente une mesure globale de l'équilibre et de la flexibilité du régime juridique encadrant les relations de travail dans chaque province ou Etat.

"La législation québécoise en matière de relations de travail entrave le fonctionnement adéquat et efficace du marché du travail parce qu'elle favorise un groupe au profit d'un autre, freine l'innovation et la flexibilité et est indûment rigide, imposant le règlement des conflits de travail plutôt que de faciliter la négociation entre employeurs et employés," selon M. Veldhuis.

L'étude montre que la législation québécoise en matière de relations de travail crée un marché du travail inflexible et que parmi l'ensemble des provinces, elle est la plus partiale au profit des syndicats. Le Québec a obtenu une note de 1,3 sur 10 en ce qui concerne l'Indice de législation en matière de relations de travail, la pire après le régime encadrant les entreprises de compétence fédérale, qui a obtenu une note de 1,1.

Le Manitoba obtient la troisième pire note avec 1.8 sur 10, suivi de la Colombie-Britannique, du Nouveau-Brunswick et de Terre-Neuve-et-Labrador, chacune ayant obtenu une note de 2,8 sur 10. L'Ile-du-Prince-Edouard a obtenu la note de 3,0, la Saskatchewan 3,2, la Nouvelle-Ecosse 3,3 et l'Ontario 3,4.

L'Alberta est la province canadienne ayant la législation en matière de relations de travail la plus impartiale et la moins rigide, elle obtient une note de 5,3 sur 10, et est la seule province à obtenir une note supérieure à 5,0 pour cet indice.

Pro syndicats?

"Le Québec obtient des résultats particulièrement médiocres sur le plan de la réglementation des entreprises syndiquées et sur des questions comme : les obligations du successeur, les changements technologiques, l'arbitrage, les travailleurs de remplacement et le piquetage secondaire," d'après M. Veldhuis.

"La législation québécoise dans ces domaines est très favorable aux syndicats établis et constitue un obstacle à de nouveaux investissements."

Les juridictions ayant obtenu les meilleures notes de l'indice, soit 9,2 sur 10, sont les 22 Etats ayant adopté des lois garantissant le droit au travail (right-to-work laws) qui permettent aux employés de refuser de se joindre à un syndicat et de payer des cotisations syndicales. Les 28 autres Etats américains ont obtenu une note globale de 7,5 sur 10.

L'étude souligne l'importance de la flexibilité du marché du travail qui détermine la facilité avec laquelle les travailleurs et les employeurs peuvent réallouer leurs ressources pour profiter des occasions offertes par des changements dans les conditions du marché. Améliorer la flexibilité du marché du travail est particulièrement important lors d'une période de repli économique puisque les entreprises tentent d'y réagir par des restructurations et des réorganisations et que les travailleurs essaient de quitter les secteurs en déclin pour se déplacer vers des secteurs ou des régions plus prospères.

Les dispositions sur les obligations du successeur sont un bon exemple illustrant de quelle manière la législation du travail influence les entreprises et donc le dynamisme du marché du travail, particulièrement dans un contexte économique difficile. Elles déterminent si - et de quelle manière - les conventions collectives survivent à la suite d'une vente, d'un transfert, d'une consolidation ou de toute autre forme d'aliénation d'une entreprise. La législation du Québec et de toutes les provinces canadiennes, de même que la législation fédérale, fait en sorte qu'une convention collective existante lie le nouvel employeur lorsqu'une entreprise est - en totalité ou en partie - vendue, transférée, louée, fusionnée ou aliénée d'une quelconque manière. En d'autres mots, un employeur qui achète une entreprise est lié par une convention collective alors qu'il n'a jamais participé à sa négociation. Inversement, il est rare aux Etats-Unis qu'un acheteur soit lié par une convention collective existante.

Alors que tant de compagnies se restructurent, fusionnent ou doivent composer avec une faillite en raison de la récession mondiale, les obligations du successeur deviennent un aspect encore plus important de la législation en matière de relations de travail.

"Si quelqu'un achetait l'actif d'une entreprise en difficulté comme General Motors ou Chrysler, les lois canadiennes strictes quant aux obligations du successeur entraveraient la réorganisation de l'entreprise et la réallocation efficace de son capital."

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18 commentaires

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 14 ans
    Le jupon néoconservateur dépasse
    Contre exemple: Danemark.
    Taux se syndicalisation: 85%
    Taux de chômage: 3.5% (2008)

    • !
      Re : Le jupon néoconservateur dépasse
      > Contre exemple: Danemark.
      > Taux se syndicalisation: 85%
      > Taux de chômage: 3.5% (2008)

      Oui, mais il ne faut pas oublier le concept de la flexicurity qui est présente au Danemark.

    • !
      Re : Re : Le jupon néoconservateur dépasse
      > > Contre exemple: Danemark.
      > > Taux se syndicalisation: 85%
      > > Taux de chômage: 3.5% (2008)
      >
      > Oui, mais il ne faut pas oublier le concept de la flexicurity qui est présente au Danemark.

      présent* Pardon.

  2. Master P.
    Master P.
    il y a 14 ans
    Les limites du modèle danois
    Je déteste particulièrement quand les critiques gachistes utilises des modèles sans discuter des parties qui font moins leur affaires.

    Au début de l'année 2008, les économistes danois, et en particulier Niels Bernstein, gouverneur de la Banque centrale, critique beaucoup la vision très optimistes que bien des Etats étrangers ont de l'économie danois. Celui-ci est semble curieusement vulnérable face à la crise économique et financière mondiale qui commence:

    La consommation intérieure, en recul depuis 1 an, devrait continuer à se dégrader en 2008, voire 2009 et 2010.

    La TVA (taxe de vente)de 25% est vraiment très élevée.

    Les exportations deviennent plus difficiles et le resteront.

    La compétitivité des entreprises et du marché danois se détériore.

    Je t'invite a lire davantage sur le Danemark avant de penser d'importer leurs réalités ici. En passant quant as-tu acheter un bien danois la dernière fois. Un tiers des travailleurs travaillent pour l'état.

    • Zorro
      Re : Les limites du modèle danois
      > Je déteste particulièrement quand les critiques gachistes utilises des modèles sans discuter des parties qui font moins leur affaires.

      Les critiques de droite font la même chose.

      Néanmoins, l'institut Fraser a beau parler de partialité, son domaine semble l'être tout autant.

      Bien sûr qu'avoir une législation pro-syndicat favorise moins la création du travail que dans un pays du tiers monde qui n'encadre rien.

      L'Institut Fraser ne nous apprend pas grand chose parce que c'est un choix politique. Son analyse pourrait être pertinente s'il nous montrait que malgré ce choix politique et son acceptation, cette législation est mauvaise (ce qu'il ne fait évidemment pas).

      Si on suit leur raisonnement, chaque pays ou province nivellerait continuellement par le bas leur législation du travail et on n'aurait plus qu'à se retrouver en pleine révolution industrielle. Comme quoi l'histoire n'est pas souvent prise en compte.

      Quant au président américain, tiens, lui il l'a trouve particulièrement intéressante notre législation du travail et souhaite s'en inspirer .... Faut croire qu'elle n'est pas si mauvaise que ça.

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 14 ans
    Méthodes anti-démocratique de syndicalisation
    Que dire de la possibilité pour un travailleur de se faire imposer un syndicat et le paiement de cotisations syndicales, sans même avoir pu se prononcer sur son l'opportunité de son implantation?

    L'absence d'un tel processus ne fait qu'accentuer, à mon avis, un déséquilibre dans les relations de travail au profit des institutions syndicales où les travailleurs sont devenus des sources de revenu, plutôt que des "victimes" des méchants patrons.

  4. Anonyme
    Anonyme
    il y a 14 ans
    Méthodes anti-démocratique de syndicalisation
    Que dire de la possibilité pour un travailleur de se faire imposer un syndicat et le paiement de cotisations syndicales, sans même avoir pu se prononcer sur son l'opportunité de son implantation?

    L'absence d'un tel processus ne fait qu'accentuer, à mon avis, un déséquilibre dans les relations de travail au profit des institutions syndicales où les travailleurs sont devenus des sources de revenu, plutôt que des "victimes" de méchants patrons.

    • Master P.
      Master P.
      il y a 14 ans
      Re : Méthodes anti-démocratique de syndicalisation
      > L'absence d'un tel processus ne fait qu'accentuer, à mon avis, un déséquilibre dans les relations de travail au profit des institutions syndicales où les travailleurs sont devenus des sources de revenu, plutôt que des "victimes" de méchants patrons.

      Je suis d'accord. J'ai un dégout pour les centrales syndicales qui ne font que collecter les cotisations pour le bénéfices des emplois des dirigeants. Quand a-t-on vu les états financiers de ses compagnies? Oubligeons les à les publiés avec les salaires des dirigeants.

  5. Olivier
    Olivier
    il y a 14 ans
    Olivier
    L'institut Fraser (par l'entremise de Diane Katz) remet en question les changements climatiques. C'est manifestement un groupe très crédible!

  6. Me
    Me
    L'exemple du Danemark est d'une imbécilité phénoménale. Deux adjectifs de cet article ne s'appliquent aucunement à la législation danoise en matière de relations syndicale soit l'adjectif "partiale" et l'adjectif "rigide".

  7. Me
    Me
    >>>>> L'institut Fraser (par l'entremise de Diane Katz) remet en question les changements climatiques.

    Bravo. C'est éminemment sain comme démarche. Il est du devoir de tout scientifique (comme de tout avocat) de remettre en question des faits et de douter. Si l'instutut Fraser aurait adopté une position visant à nier les changement climatiques, là il y aurait de quoi soulever un sourcil.

    • Olivier
      Olivier
      il y a 14 ans
      Re : Me

      >
      > Bravo. C'est éminemment sain comme démarche. Il est du devoir de tout scientifique (comme de tout avocat) de remettre en question des faits et de douter. Si l'instutut Fraser aurait adopté une position visant à nier les changement climatiques, là il y aurait de quoi soulever un sourcil.


      Non, c'est du fuckaillage. Les scientifiques ont fait leur job; l'IF devrait considérer la problématique comme réelle et si elle veut critiquer, qu'elle le fasse de manière intelligente en ciblant les abus qui sont faits à l'égard des "crédits de carbone" (comme n'importe quel intangible, ceux-ci sont sujets à fraude et abus), mais surtout pas tenter de discréditer une preuve scientifique.

      En passant, z'avez fait une faute, maître.

  8. polaire
    polaire
    il y a 14 ans
    À comparer on se console?
    En France, les travailleurs ne sont pas obligés d'être membres du syndicat de leur entreprise. Résultat: avec des taux de syndicalisation autour de 10%, les syndicats font la grève AVANT de négocier! Et font chier tout le monde plusieurs fois par années. Au Québec, malgré la syndicalisation obligatoire (dans les entreprises où il y a un syndicat!), on a des exemples comme le Journal de Montréal où l'employeur refuse de négocier!

    • !
      Re : À comparer on se console?
      > En France, les travailleurs ne sont pas obligés d'être membres du syndicat de leur entreprise. Résultat: avec des taux de syndicalisation autour de 10%, les syndicats font la grève AVANT de négocier! Et font chier tout le monde plusieurs fois par années. Au Québec, malgré la syndicalisation obligatoire (dans les entreprises où il y a un syndicat!), on a des exemples comme le Journal de Montréal où l'employeur refuse de négocier!

      Je ne suis pas un avocat en droit du travail mais il y a un aspect que j'aimerais que vous m'éclaircissiez.

      Avec seulement 10 % de syndicalisation ( en prenant pour acquis que vous vouliez dire qu'il n'y a pas de formule rand ), comment un syndicat peut financer son fonds de grève ? Sans fonds de grève suffisant, on peut dire Bonne chan !

  9. Me
    Me
    >>> on a des exemples comme le Journal de Montréal où l'employeur refuse de négocier!

    Le but c'est de mettre à sec leur fonds de grève pour démarrer lrs négociations lorsqu'il sera à sec. C'est brillant et légal.

  10. Me
    Me
    >>>> mais surtout pas tenter de discréditer une preuve scientifique.

    Donc selon vous "remettre en question" est synonyme de "tenter de discréditer". Je vois. Etes-vous d'une cuvée sciences humaines pas de maths? Dommage. Ce n'est pas mon cas.

    • Olivier
      Olivier
      il y a 14 ans
      Re : Me
      > >>>> mais surtout pas tenter de discréditer une preuve scientifique.
      >
      > Donc selon vous "remettre en question" est synonyme de "tenter de discréditer". Je vois. Etes-vous d'une cuvée sciences humaines pas de maths? Dommage. Ce n'est pas mon cas.


      Vous êtes un tigre de papier!

  11. Me
    lol
    wow le monde comprend rien aux relations de travail !!!!

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