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Une avocate nommée ombudsman de l’Église catholique à Montréal

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Didier Bert

2021-05-12 14:15:00

Cette avocate avait le profil idéal pour devenir la première ombudsman de l’Archidiocèse de l’Église catholique à Montréal...

Me Marie Christine Kirouack. Photo : LinkedIn
Me Marie Christine Kirouack. Photo : LinkedIn
L’Archevêché de Montréal a annoncé la désignation de Me Marie Christine Kirouack comme ombudsman. Elle est chargée de recevoir et de faire le suivi des plaintes d’abus et de toutes formes de comportements inappropriés de la part de membres du clergé catholique.

L’Archidiocèse catholique de Montréal met ainsi en oeuvre une recommandation du Rapport Capriolo. Publié en septembre dernier, le rapport de l’ex-juge Pepita G.Capriolo avait été commandé par l’Archevêché, afin d’enquêter sur la carrière de l’ancien prêtre Brian Boucher, condamné à huit ans de prison pour avoir agressé sexuellement deux mineurs. Me Kirouack avait traduit en français le rapport.

Le Rapport Capriolo formulait 31 recommandations, dont une majorité ont été annoncées en même temps que la nomination de la première ombudsman de l’Église catholique à Montréal. « La création du poste d'ombudsman, ainsi que les nouveaux mécanismes mis en place, nous permettront de mieux protéger les fidèles et la collectivité », commente Mgr Christian Lépine, l’Archevêque de Montréal.

Me Kirouack a débuté son mandat d’ombudsman le 3 mai pour une durée indéfinie. Elle recevra les plaintes de toutes les victimes à un numéro de téléphone dédié, le 514-PLAINTE. L’ombudsman répondra aux questions des plaignants, et elle leur expliquera le processus de traitement de leur plainte. Elle tiendra un registre des plaintes reçues et de leur traitement.

Les plaintes d’abus seront transmises à un Comité consultatif composé de cinq membres laïques, dont un est un survivant. Le président du Comité, délégué de l'Archevêque, participera sans droit de vote.

Le Comité consultatif pourra recommander à l'Archevêque d'octroyer du soutien à la victime, et de prendre toute mesure jugée appropriée à l’encontre d’un auteur d’abus. Si le Comité consultatif recommande une enquête, un enquêteur externe et autonome la conduira.

Une experte en écoute

« Je suis l’intermédiaire pour toute personne qui a connu un problème avec un employé, un prêtre, un bénévole », explique Me Marie Christine Kirouack. Le plaignant peut être extérieur au clergé, mais il peut aussi s’agir d’un de ses membres. Toute personne pourra se plaindre de faits de harcèlement, d’abus sexuels, spirituels, financiers et psychologiques.
« Les plaintes ne concernent pas seulement les abus, mais aussi toutes formes de comportements inappropriés », précise Me Kirouack.

« Je formulerai les plaintes demandées par les appelants, et je les enverrai au Comité consultatif. Je m’assurerai du suivi du dossier, comme intermédiaire indépendante », décrit l’ombudsman, avant de préciser son rôle.
« Si le plaignant souhaite saisir les autorités policières, et qu’il veut que je l’accompagne dans cette démarche, il est certain que je serai là », martèle-t-elle.

Avocate en droit de la famille depuis 1991, Me Kirouack a un long parcours en matière d’écoute. L’avocate est la directrice du Programme d’aide aux membres du Barreau du Québec (PAMBA) depuis 2011. Auparavant, elle avait été adjointe du gestionnaire de ce programme durant une décennie.

Me Kirouack est aussi présidente du comité de liaison entre le Barreau et la Cour d’appel du Québec. Depuis 1995, elle a successivement occupé les fonctions de directrice, vice-présidente, puis présidente de l'Association des avocats et avocates en droit familial du Québec, dont elle est présentement administratrice. Par ailleurs, elle est chargée de cours en droit de la famille à l’Université McGill.

L’avocate et médiatrice en droit de la famille a reçu un Mérite du Barreau du Québec en 2019, pour « son apport significatif au développement et à l’avancement du droit en matière familiale et pour son inestimable travail de démystification des problèmes de santé mentale que peuvent vivre les avocats », indiquait alors le Barreau du Québec.

« Je trouve que ce rôle s’inscrit directement dans la suite de mon parcours. J’ai représenté de nombreux enfants. Les questions d’abus sexuels ne sont pas une nouveauté pour moi », commente l’avocate.

Comment compare-t-elle son rôle auprès des membres du Barreau et celui d’ombudsman? « C’est différent parce que comme ombudsman je reçois des plaintes, mais le soutien est semblable », souligne-t-elle, tout en précisant que son rôle n’est pas d’être une ligne d‘aide, mais bel et bien d’écouter et d’informer.

L’ombudsman entend bien mettre à la disposition des plaignants son expérience en matière d’écoute. « C’est important que les victimes aient une oreille attentive, pour qu’elles se sentent écoutées et appuyées. C’est important de bien les recevoir au moment où elles ont le courage de porter plainte », explique l’avocate.

Autonomie garantie

En plus de son parcours professionnel, le profil de Me Marie Christine Kirouack la prédisposait à ces fonctions d’ombudsman de l’Archevêché de Montréal. Parce qu’elle est une femme, et aussi parce qu’elle est de confession juive, dit-elle. « Par définition, cela garantit encore plus mon autonomie, parce que je n’ai pas de lien direct avec l’Église catholique. Il n’y a pas de conflit d’intérêt. Or, le conflit d’intérêt c’est aussi l’apparence de conflit d’intérêt », précise-t-elle.

C’est l’exécutif du comité de mise en oeuvre des recommandations du Rapport Capriolo qui l’a contactée pour devenir la première ombudsman de l’Archevêché de Montréal. « Je n’ai pas accepté immédiatement, j’ai demandé 48 heures de réflexion. Puis j’ai accepté », relate Me Kirouack.
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