Revenir à la pratique en cabinet ?

Question

Bonjour,
J'ai pratiqué en cabinet privé pendant 5 ans. Depuis un an je suis en contentieux d'entreprise pour une institution financière et j'étudie une offre d'une multinationale. Je pense œuvrer en entreprise pour quelques années encore. Je me pose cependant la question : pourrais-je faire un retour facile en pratique privé dans un cabinet d'importance ?

Merci


Réponse

Il sera assez difficile, bien que ça ne soit impossible, de revenir à la pratique en cabinet. Diverses raisons font que votre candidature ne déclenchera pas nécessairement l’enthousiasme au sein des cabinets.

Premièrement, vous avez quitté à un moment crucial pour l’association. En effet, les cabinets commencent à étudier les candidatures futures à l’accession à la société vers la sixième ou la septième année de pratique. Quitter au cours de la cinquième année envoie le message que vous désirez prendre une autre voie que cette dernière. C’est aussi à ce moment que vous devez mettre les bouchées doubles sur le plan du développement de clientèle. En allant du côté des contentieux d’entreprises, vous avez évidemment laissé de côté cet aspect de la pratique en cabinet. Vous serez donc considéré comme un coût et non un centre de profitabilité, pour un certain temps à tout le moins.

De plus, les cabinets considèrent, à tort ou à raison, qu’une personne ayant travaillé un certain temps en entreprise a perdu la « pureté » de ses réflexes juridiques nécessaire à la pratique en cabinet. Un conseiller juridique en entreprise est perçu plus comme un conseiller d’affaires que comme un avocat au sens littéral du mot. Il est vu comme étant axé plus sur les résultats que sur l’exactitude juridique. Cette facette, qui est vue comme une qualité nécessaire à tout bon conseiller juridique d’entreprise, devient plus une lacune pour la pratique en bureau d’avocats.

Finalement, un conseiller juridique d’entreprise doit jongler avec une multitude de problématiques juridiques relevant de plusieurs domaines de pratique. Que ce soit en droit du travail, en secrétariat corporatif, en propriété intellectuelle, en financement, le conseiller juridique devra savoir s’adapter rapidement et être à même de se débrouiller dans des domaines qui ne relèvent pas de son expertise première. Ces aptitudes sont grandement appréciées en entreprises car elles permettent de diminuer les frais à l’externe. Cependant, les clients des cabinets demandent conseils à ces derniers précisément parce qu’ils sont des experts dans leur domaine spécifique.

Ceci étant dit, un bureau d’avocats peut très bien embaucher un conseiller juridique provenant d’une entreprise pour solidifier un lien avec un client, parce que cet avocat réussirait à amener avec lui comme client son ancien employeur ou parce que cette personne possède une expertise ou renommée particulières. Ce ne sont que deux raisons parmi tant d’autres…

Au plaisir.

Jean-François Théorêt


La Question Carrière

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