Une avocate qui joue aux petites voitures !

J’avais été interpellée par son Code de la route annoté. Reflexe macho en tête, je m’étais dit : « tiens, tiens, comment cela se fait qu’une femme s’intéresse aux voitures et aux camions ? »

« Parce qu’avec le domaine de la sécurité routière, on repousse tous les jours les limites du droit », me dit Me Marie-Hélène Lamoureux.

L’avocate est bien embarquée dans sa matière et nous emporte avec elle.

Un concours de circonstances

Tout a commencé il y a 12 ans. Finissant son barreau en 1998, l’avocate entre comme stagiaire à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).

« Cette année là, il y a eu une réforme majeure qui est venue modifier les règles de la sécurité routière. Cela a été ma chance. J’ai commencé à recenser les jurisprudences qui sortaient sur la loi nouvelle », dit-elle.

C’est ensuite tout naturellement que la jeune et consciencieuse avocate a contacté Me Alain Bissonnette qui avait publié, l’année précédente, un premier code de la sécurité routière annoté, pour l’informer de son travail.

« Il a été intéressé, m’a proposé de faire le résumé des décisions que j’avais et voilà comment je me suis retrouvé co-auteur d’un ouvrage dans ma première année de pratique. Aujourd’hui, j’en suis à mon douzième livre. »

Sa vocation aura été vite amorcée.

Camions et voitures

Par la suite, Me Marie-Hélène Lamoureux va parfaire sa pratique en passant à l’accusation, avant de faire le grand saut du coté de la défense, où elle est restée.

L’avocate pratique à son compte, dans une société de partage de moyens de douze avocats.

« C’est un énorme avantage d’avoir été de l’autre coté car je connais la position de la poursuite », dit-elle.

Sa clientèle se divise aujourd’hui entre les compagnies de transporteurs routiers et les particuliers.

Les premiers lui soumettent des litiges portant sur des surcharges, des chargements mal arrimés ou des contestations de fiches journalières. Les seconds, eux, vont la trouver quand ils se font épingler pour un grand excès de vitesse ou qu’ils se sont fait prendre en conduisant sous le coup de l’alcool, ce qui peut entraîner la saisie du permis de conduire et du véhicule.

Ne lui dites surtout pas qu’elle aide les délinquants de la route à s’en sortir. L’avocate, formatrice agréée par le barreau du Québec, balaie la critique d’un revers de la manche.

« Aujourd’hui, le législateur a donné des moyens étendus aux policiers pour réprimer les infractions qui se produisent sur la route, dit-elle. Mais ces pouvoirs sont encadrés, il y a des procédures à respecter. Mon rôle est de m’assurer que les policiers ne les outrepassent pas », dit-elle.

À se battre ainsi au nom des principes du droit, l’avocate se retrouve bien souvent pour son ouvrage annuel à commenter les propres décisions de jurisprudence dans lesquelles elle est intervenue !
Il faut dire que cette passionnée de droit pénal ne lâche pas facilement un dossier et est prête à le porter loin en justice. Actuellement, par exemple, elle conteste en Cour d’appel la validité des constats d’infraction établis sur support électronique à Montréal.

« Regardez-les, ils ne sont pas signés ! », dit-elle.

Sur ce, ayant déjà accumulé 18 amendes et plusieurs points de démérite en quelques mois de présence sur le territoire, je souhaite le plus grand succès dans cette cause à Me Lamoureux. Et je vais ce de pas aller feuilleter son ouvrage !