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60 ans de carrière pour cet ancien juge

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Marie-ève Buisson

2022-09-19 15:00:00

Un ancien juge à la Cour suprême du Canada célèbre ses 60 ans d’inscription au Tableau de l’ordre… Droit-inc lui a parlé.

Me Louis LeBel. Sources: Site web de l’Université Laval et Shutterstock
Me Louis LeBel. Sources: Site web de l’Université Laval et Shutterstock
Le Barreau de Québec a remis le 9 septembre dernier, la Médaille du Conseil du Barreau de Québec à l’ancien juge à la Cour suprême, Me Louis LeBel, pour souligner son 60e anniversaire au Tableau de l’Ordre. L’avocat s’est démarqué tout au long de sa carrière par son dévouement et son amour pour le domaine du droit.

Pour l’ancien juge, cette cérémonie était très nostalgique, puisqu’elle lui rappelait son assermentation.

« Il y a 60 ans, j’ai été assermenté par mon père, Paul LeBel, qui était à cette époque le bâtonnier de Québec. C’était donc pour moi un moment très touchant lorsque je me suis rappelé de ce souvenir », mentionne Louis LeBel.

Le droit, une affaire de famille

Sans aucun doute, le droit est une passion qui a été partagée par plusieurs membres de la famille Lebel. Son grand-père et son père étaient avocats, son fils, Me François LeBel, est juge à la Cour du Québec et sa femme, Louise Poudrier, est avocate, docteure en droit et a été professeure titulaire à la Faculté de droit de l'Université Laval jusqu'en 2000.

« Cependant aucun de mes sept petits enfants ne semblent vouloir aller en droit. Ils sont plus intéressés par la science, l’informatique, l’art ou la littérature. Je pense que nous les avons découragés…! » dit-il à la blague.

Louis LeBel détient un baccalauréat en droit et un diplôme d'études supérieures en droit privé de l'Université Laval, ainsi qu’une maîtrise en droit de l'Université de Toronto. Après avoir été admis au Barreau en 1962, il a travaillé avec son père au sein du cabinet LeBel, Letarte, Bilodeau, Boily, de 1963 à 1964.

Après le décès soudain de son père, Me LeBel a dû rejoindre le cabinet Désilets, Grondin, LeBel & Associés. « Avec Me Désilet, j’ai appris à plaider et à travailler avec des clients. C’était une personne très ouverte d’esprit et qui n’avait pas peur de mettre ses jeunes avocats en contact avec ses clients », se rappelle-t-il.

Aujourd’hui, Me LeBel travaille aux côtés de son fils en tant qu’avocat-conseil chez Langlois.

Nouvelle orientation de carrière

Lorsque Louis LeBel se fait demander comment il a planifié sa carrière de juge, il répond: « Je n’ai rien fait du tout ». Car après ses études, son objectif était de devenir professeur en droit.

« L’envie de devenir juge est arrivée plus tard dans ma carrière. Ce sont mes activités en tant que plaideur et consultant qui m’ont donné envie de pratiquer le droit dans les milieux judiciaires », ajoute-t-il.

Après avoir terminé son bâtonnat, Me LeBel a été nommé juge de la Cour d'appel du Québec en 1984 et juge de la Cour suprême du Canada, en 2000. « Assez curieusement, je me suis trouvé heureux et intéressé par ce que je faisais dans ce domaine, même si je travaillais dans des secteurs où je n’avais jamais pratiqué, comme le droit criminel », raconte-t-il.

À cette époque, 25 % des causes de la Cour d’appel du Québec étaient en droit criminel. « Plusieurs de mes collègues m’ont rapidement dit que je devais apprendre mon droit criminel, sinon j’allais me faire “casser” par la Cour suprême », dit-il en riant.

Avant de siéger en tant que juge, Louis LeBel a passé son été à étudier et à apprendre les procédures du droit criminel. « Je me renseignais énormément sur la jurisprudence de la Cour suprême et j’essayais de lire, le plus souvent possible, les arrêts les plus importants de la Cour d’appel du Québec », explique-t-il.

En plus de sa carrière de juge, Me Lebel a été auteur de divers articles de droit et études. Il a entre autres écrit avec Me Robert-P. Gagnon et Pierre Verge un ouvrage intitulé « Le droit du travail en vigueur au Québec », publié aux Presses de l'Université Laval. Il a aussi enseigné le droit en tant que professeur invité à l’Université d’Ottawa et à l’Université Laval.

Le juge LeBel a pris sa retraite le 30 novembre 2014. Il travaille depuis 2015 au sein du cabinet Langlois en tant qu’avocat-conseil.

Le monde du droit a changé

Selon Louis LeBel, le domaine du droit a énormément changé au fil des années. Un des changements les plus importants selon lui, est le nombre d’effectifs dans la profession. « Quand j’ai commencé ma carrière, il y avait environ 2500 avocats dans la pratique. Lorsque j’étais bâtonnier, il y en avait environ 11 000 et aujourd’hui je pense qu’il y en a près de 30 000 », indique-t-il.

Pourquoi? « Car les domaines du droit se sont diversifiés. Il y a aujourd’hui beaucoup plus de matières à traiter pour les avocats. Le droit des affaires et le droit à l’immigration ont, par exemple, subi beaucoup de changements et de développements au courant des années. Les questions d’immigration étaient définitivement moins présentes à mon époque », ajoute-t-il.

Un autre changement est la féminisation de la profession. « Si on regarde aujourd’hui, la juge en chef du Québec, la juge en chef de la Cour supérieure, la juge en chef associée de la Cour supérieure du Québec et la juge en chef de la Cour du Québec sont toutes des femmes ! »

Il y a d’ailleurs beaucoup moins d’hommes dans les programmes en droit à l’université. « Lorsque j’ai enseigné, c’était évident qu’il y avait plus d’étudiantes que d’étudiants dans mes cours. On remarque la même chose dans les colloques et les conférences. La majorité de l’auditoire est composé de femmes », détaille-t-il.

La pandémie a également transformé le domaine du droit avec l’arrivée du télétravail. « Le travail à distance nous a permis de régler les problèmes de fuseaux horaires. Ça nous a aussi permis de participer à des colloques qui se trouvent en dehors du Québec et ce, sans avoir à se déplacer », explique-t-il.

Le télétravail a aussi créé certaines situations rigolotes, selon Me LeBel. « Durant la pandémie, j’ai donné une conférence à distance à des étudiants en droit. Chaque fois qu’un élève posait une question, je pouvais le voir dans son appartement à Montréal. Je crois que je n’ai jamais visité autant de maisons en un seul après-midi! »
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