L’avocat de la première victime de Hockey Canada s’exprime

Rob Talach, l’avocat dont la cliente a soulevé des allégations d’agression sexuelle contre des joueurs de hockey junior, demande aux Canadiens de remettre en question leurs propres opinions sur le hockey. M. Talach est un avocat de London, en Ontario.

Il a représenté la femme qui a soulevé des allégations contre des membres de l’équipe mondiale junior du Canada, allégations selon lesquelles ils l’avaient agressée sexuellement et humiliée dans une chambre d’hôtel à London en 2018. La poursuite de sa cliente visait à obtenir un règlement à l’amiable de 3,5 millions de dollars.

Depuis, un comité parlementaire a déclaré que Hockey Canada a versé 8,9 millions de dollars à 21 plaignants depuis 1989.

La semaine dernière, des entreprises commanditaires, dont Nike, Chevrolet Canada, la Banque Scotia et Canadian Tire, ont mis fin à leur soutien à Hockey Canada tandis que de nombreuses organisations provinciales ont annoncé qu’elles retiendront les cotisations des joueurs à l’organisation.

M. Talach, qui suit le déroulement des événements depuis que l’affaire de sa cliente a été rendue publique, en avril dernier, dit espérer que Hockey Canada va profiter de cette situation pour se réformer. Il ajoute cependant que le changement de culture au hockey incombe aussi aux parents, aux joueurs et aux partisans.

« La responsabilité ne s’arrête pas à Hockey Canada. Je pense que les gens sont vraiment bouleversés ici parce qu’il y a eu un véritable examen de conscience. S’il y a un problème dans le monde du hockey au Canada, il commence dans les arénas locaux », lance-t-il.

« Ce n’est pas entièrement la responsabilité d’un conseil d’administration. C’est aussi la façon dont nous traitons tous les joueurs de hockey et la manière dont ils agissent. Il y a un énorme problème », ajoute-t-il.

Rob Talach souligne que les joueurs de hockey sont traités comme des célébrités alors que leur rôle consiste plutôt à offrir une forme de divertissement.

« Ils sont grossièrement surpayés et trop vénérés. C’est peut-être le moment de se poser la question de savoir pourquoi nous faisons cela. Sans cette adulation de la part des partisans, ils ne pourraient pas agir de cette façon », lance-t-il.

Hockey Canada a embauché le juge à la retraite de la Cour suprême Thomas Cromwell cet été pour mener un examen en ce qui a trait à la gouvernance de cet organisme.

Vendredi, le conseil d’administration de Hockey Canada a décidé de reporter d'un mois les élections à son conseil d’administration. L’organisme a également renouvelé son assurance de responsabilité civile pour les dirigeants avec une prime annuelle de 1,9 million de dollars.

« Il me semble assez clair que les dirigeants de Hockey Canada ont suivi des conseils pour dire qu’ils peuvent résister à cette tempête. Il ne semble pas y avoir d’effort pour changer substantiellement la direction du navire. Ils vont simplement essayer de survivre », déclare l’avocat.

M. Talach dit qu’il a peu confiance dans l’organisation à court terme. « Il faudra du temps et un changement de culture pour mettre fin à cette situation, dit-il. Je ne pense pas que Hockey Canada soit encore prêt à franchir une de ces étapes. »