Carrière et enfants : comment avoir les deux ?
Jean-françois Théorêt
2010-11-22 08:30:00
Le recruteur juridique Jean-François Théorêt répond à la Question Carrière de la semaine posée par une avocate, lectrice de Droit-inc.com. Elle a 30 ans, elle veut une carrière et des enfants. Est-ce possible?
Question
Je ne sais pas si ma question peut intéresser quelques lectrices mais je me demandais quelle était la meilleure stratégie pour être "bankable" sur le marché du travail lorsqu'on commence sa carrière d'avocate au début de la trentaine mais que l'on désire aussi avoir des enfants? Croyez-vous qu'il faille travailler pendant au moins 4-5 ans et gagner son expérience pour ensuite faire ses enfants après? Ou est-ce travailler un an et en avoir, n'est-il pas mal vu sur le marché puisque l'on a moins d'expérience évidemment?
Réponse
Mmm… question à cent dollars ! La réponse que personne ne veut vous donner car elle est tout sauf agréable : il n’y a malheureusement pas de « stratégie » infaillible et chacune des options vient avec ses aspects négatifs. Il y a bien sûr des employeurs modèles qui ne tiendront pas compte de cette absence momentanée mais ils ne semblent pas être légions.
Avoir des enfants affectera l’évolution ou plutôt la rapidité de l’évolution de votre carrière. Si vous décidez de ne travailler qu’un an et de quitter pour un congé de maternité, vous n’aurez pas eu beaucoup de temps pour vous faire valoir et pour gagner de la crédibilité auprès des donneurs d’ouvrage. Ils vous remplaceront simplement par un autre nouveau venu. Lors de votre retour, vous aurez à recommencer, peut-être pas complètement à zéro mais au bas de l’échelle et vous devrez regagner la confiance des avocats vous entourant. Et vous vous apercevrez peut-être qu’une personne ayant moins d’expérience sera considérée comme plus senior, se verra confier les dossiers plus intéressants et gagnera peut-être même plus d’argent que vous. Je dramatise mais c’est la triste réalité dans beaucoup de cas.
L’autre option est de travailler quelques années et d’avoir des enfants par la suite. Vous serez à ce moment plus senior et serez plus difficile à oublier en un an. Vous aurez durant cette période établi des liens avec des clients et des donneurs d’ouvrage. Vous aurez peut-être même réussi à développer une certaine clientèle. Mais ces clients doivent être servis durant votre absence et les associés qui vous donnent les dossiers doivent bien les donner à quelqu’un pour que le travail se fasse. Il arrive trop fréquemment que la ou les personnes ayant pris la relève soient peu enclins à vous redonner votre place et vos acquis à votre retour. Vous aurez souvent à batailler ferme pour retrouver la place de choix que vous occupiez auprès des clients et des donneurs d’ouvrage. Et du fait que vous ayez « perdu » (j’utilise ce mot car c’est bel et bien la vision de certains) un an au cours duquel vous auriez pu développer, vous faire voir et courtiser les associés en prévision de l’association qui vient à grands pas, il y a fort à parier que l’étude de votre candidature soit retardée.
Je me fais un peu l’avocat du diable ici car la réalité n’est pas toujours aussi sombre, heureusement. Mais tout le monde a entendu des histoires d’horreur. Sachez à quoi vous attendre et préparez-vous en conséquence. Et dites-vous qu’il n’y a pas de moment parfait. Mais n’est-ce pas comme cela pour tout chamboulement majeur ?
Au plaisir.
Jean-François Théorêt
Je ne sais pas si ma question peut intéresser quelques lectrices mais je me demandais quelle était la meilleure stratégie pour être "bankable" sur le marché du travail lorsqu'on commence sa carrière d'avocate au début de la trentaine mais que l'on désire aussi avoir des enfants? Croyez-vous qu'il faille travailler pendant au moins 4-5 ans et gagner son expérience pour ensuite faire ses enfants après? Ou est-ce travailler un an et en avoir, n'est-il pas mal vu sur le marché puisque l'on a moins d'expérience évidemment?
Réponse
Mmm… question à cent dollars ! La réponse que personne ne veut vous donner car elle est tout sauf agréable : il n’y a malheureusement pas de « stratégie » infaillible et chacune des options vient avec ses aspects négatifs. Il y a bien sûr des employeurs modèles qui ne tiendront pas compte de cette absence momentanée mais ils ne semblent pas être légions.
Avoir des enfants affectera l’évolution ou plutôt la rapidité de l’évolution de votre carrière. Si vous décidez de ne travailler qu’un an et de quitter pour un congé de maternité, vous n’aurez pas eu beaucoup de temps pour vous faire valoir et pour gagner de la crédibilité auprès des donneurs d’ouvrage. Ils vous remplaceront simplement par un autre nouveau venu. Lors de votre retour, vous aurez à recommencer, peut-être pas complètement à zéro mais au bas de l’échelle et vous devrez regagner la confiance des avocats vous entourant. Et vous vous apercevrez peut-être qu’une personne ayant moins d’expérience sera considérée comme plus senior, se verra confier les dossiers plus intéressants et gagnera peut-être même plus d’argent que vous. Je dramatise mais c’est la triste réalité dans beaucoup de cas.
L’autre option est de travailler quelques années et d’avoir des enfants par la suite. Vous serez à ce moment plus senior et serez plus difficile à oublier en un an. Vous aurez durant cette période établi des liens avec des clients et des donneurs d’ouvrage. Vous aurez peut-être même réussi à développer une certaine clientèle. Mais ces clients doivent être servis durant votre absence et les associés qui vous donnent les dossiers doivent bien les donner à quelqu’un pour que le travail se fasse. Il arrive trop fréquemment que la ou les personnes ayant pris la relève soient peu enclins à vous redonner votre place et vos acquis à votre retour. Vous aurez souvent à batailler ferme pour retrouver la place de choix que vous occupiez auprès des clients et des donneurs d’ouvrage. Et du fait que vous ayez « perdu » (j’utilise ce mot car c’est bel et bien la vision de certains) un an au cours duquel vous auriez pu développer, vous faire voir et courtiser les associés en prévision de l’association qui vient à grands pas, il y a fort à parier que l’étude de votre candidature soit retardée.
Je me fais un peu l’avocat du diable ici car la réalité n’est pas toujours aussi sombre, heureusement. Mais tout le monde a entendu des histoires d’horreur. Sachez à quoi vous attendre et préparez-vous en conséquence. Et dites-vous qu’il n’y a pas de moment parfait. Mais n’est-ce pas comme cela pour tout chamboulement majeur ?
Au plaisir.
Jean-François Théorêt
La Question Carrière
Chaque semaine, tour à tour, les recruteurs juridiques Caroline Haney et Jean-François Théorêt répondent à une question posée par vous chers lecteurs.
La Question Carrière de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes du moment qu’elles concernent votre carrière de juriste.
Pour participer, rien de plus simple, inscrivez votre question dans le formulaire situé ici. Et voilà, le tour est joué!
Chaque semaine, tour à tour, les recruteurs juridiques Caroline Haney et Jean-François Théorêt répondent à une question posée par vous chers lecteurs.
La Question Carrière de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes du moment qu’elles concernent votre carrière de juriste.
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15 commentaires
Anonyme
il y a 13 ansLa réponse est triste, mais elle reflète très bien la réalité. J'ai un un premier enfant quelques années après mon assermentation. Le retour a été difficile, mais pas trop pénible. J'avais eu le temps de gagner la confiance de mes donneurs d'ouvrage (patrons et clients) et ceux-ci étaient très heureux de mon retour. Sachez cependant qu'ils ont vites compris que mes disponibilités (heure d'arrivée/départ, coquetel, activités clients ett.) n'étaient pas du tout les mêmes et ce n'était pas sans leur déplaire. Le tout s'est corsé après mon retour de mon 2e congé. Je n'avais pas eu le temps entre les deux congés de me rendre "indispensable" dans la mesure du possible. Le retour fut assez catastrophique (peu de travail, heures facturables à la baisse et même négligeables... sentiments d'être ignorée). Les collègues avaient réussi à faire leur place pendant mon absence (mais n'aurais-je pas fait de même si j'avais été à leur place...). Cependant, à force de persévérance, de rigueur et de qualité du travail, on peut reprendre notre place. C'est une lutte difficile, mais quand on sait ce qu'on veut et ce qu'on vaut, on peut le faire. Bonne chance à toutes celles qui passeront par là...
maman comblée
il y a 13 ans> La réponse est triste, mais elle reflète très bien la réalité. J'ai un un premier enfant quelques années après mon assermentation. Le retour a été difficile, mais pas trop pénible. J'avais eu le temps de gagner la confiance de mes donneurs d'ouvrage (patrons et clients) et ceux-ci étaient très heureux de mon retour. Sachez cependant qu'ils ont vites compris que mes disponibilités (heure d'arrivée/départ, coquetel, activités clients ett.) n'étaient pas du tout les mêmes et ce n'était pas sans leur déplaire. Le tout s'est corsé après mon retour de mon 2e congé. Je n'avais pas eu le temps entre les deux congés de me rendre "indispensable" dans la mesure du possible. Le retour fut assez catastrophique (peu de travail, heures facturables à la baisse et même négligeables... sentiments d'être ignorée). Les collègues avaient réussi à faire leur place pendant mon absence (mais n'aurais-je pas fait de même si j'avais été à leur place...). Cependant, à force de persévérance, de rigueur et de qualité du travail, on peut reprendre notre place. C'est une lutte difficile, mais quand on sait ce qu'on veut et ce qu'on vaut, on peut le faire. Bonne chance à toutes celles qui passeront par là...
Oui, tu peux avoir une carrière et avoir des enfants. Il s'agit de définir ta notion de carrière. Grands cabinets: gros salaires, au moins 2 nounous et une femme de ménage.
Gouvernement: salaire décent, heures flexibles, beaucoup d'avantages sociaux et la chance de vivre tous les moments magiques de la petite enfance, de l'enfance......
à toi de choisir, il n'y a que toi qui sait ce que tu veux vraiment
DSG
il y a 13 ansThe real question is: if you’re not willing to work and dedicate time to the advancement of your career, why the F--- did you decide to become a lawyer? It’s bad enough that the market is saturated to the point that lawyers will eat any crap handed to them just to survive, but to that we add these half-baked lawyers that approach the profession as a pastime between diaper changes.
Face the facts: there are way too many lawyers. So if you’re unsure, do the rest a favour and stay home with the kids.
Anonyme
il y a 13 ans> The real question is: if you’re not willing to work and dedicate time to the advancement of your career, why the F--- did you decide to become a lawyer? It’s bad enough that the market is saturated to the point that lawyers will eat any crap handed to them just to survive, but to that we add these half-baked lawyers that approach the profession as a pastime between diaper changes.
>
> Face the facts: there are way too many lawyers. So if you’re unsure, do the rest a favour and stay home with the kids.
J'ai l'impression que tu vas encore te faire des amis aujourd'hui :)
Anonyme
il y a 13 ansmon arrière grand-père pensait la même chose.
Anonyme
il y a 13 ansI'm glad you think that way DSG. The last thing I want is for morons like you to procreate.
> The real question is: if you’re not willing to work and dedicate time to the advancement of your career, why the F--- did you decide to become a lawyer? It’s bad enough that the market is saturated to the point that lawyers will eat any crap handed to them just to survive, but to that we add these half-baked lawyers that approach the profession as a pastime between diaper changes.
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> Face the facts: there are way too many lawyers. So if you’re unsure, do the rest a favour and stay home with the kids.
Marie
il y a 13 ans> mon arrière grand-père pensait la même chose.
si ce n'est pas ton arrière-grand-père, c'est certes un dinosaure!
Anonyme
il y a 13 ansJ'aimerais savoir pourquoi le modérateur a publié cette réponse: elle est très méchante et insultante. Moi j'ai envie de répondre à ce taré que si le marché est si saturé que ça, pourquoi a t'il même décidé de devenir avocat? IMBÉCILE!merci pour les collègues qui l'on bien envoyé paître
> The real question is: if you’re not willing to work and dedicate time to the advancement of your career, why the F--- did you decide to become a lawyer? It’s bad enough that the market is saturated to the point that lawyers will eat any crap handed to them just to survive, but to that we add these half-baked lawyers that approach the profession as a pastime between diaper changes.
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> Face the facts: there are way too many lawyers. So if you’re unsure, do the rest a favour and stay home with the kids.
Me
il y a 13 ans>>>>>>>> Croyez-vous qu'il faille travailler pendant au moins 4-5 ans et gagner son expérience pour ensuite faire ses enfants après?
Il est certain que le fait de finir une phrase avec une préposition telle "avec" fait de l'auteure une mauvaise avocate et ce, qu'elle soit avec enfants ou sans enfants ou encore avec hiatus dans une carrière ou sans celui-ci.
Anonyme
il y a 13 ans> >>>>>>>> Croyez-vous qu'il faille travailler pendant au moins 4-5 ans et gagner son expérience pour ensuite faire ses enfants après?
>
> Il est certain que le fait de finir une phrase avec une préposition telle "avec" fait de l'auteure une mauvaise avocate et ce, qu'elle soit avec enfants ou sans enfants ou encore avec hiatus dans une carrière ou sans celui-ci.
Bonne ou mauvaise avocate, peut-on s'intéresser au fond de la question et non pas à la forme.
Anonyme
il y a 13 ansTrouves-toi un emploi dans la fonction publique et tombe enceinte tout de suite après si tu veux.
Me
il y a 13 ans>>>>>> Bonne ou mauvaise avocate, peut-on s'intéresser au fond de la question et non pas à la forme.
En matière d'emploi & carrière, une faute de français si monstrueuse n'a rien à avoir avec la forme. Une telle faute est indicative de la qualité de l'employé et donc, du fond.
Me
il y a 13 ans>>>>>> Bonne ou mauvaise avocate, peut-on s'intéresser au fond de la question et non pas à la forme.
Il est primordial de jauger si elle est bonne. C'est pour savoir si après l'enfant l'employeur désirerait la retenir ou non. Comment pourrait-elle autrement prendre une décision sans cette donnée fondamentale? Donc, on l'aide.
GBS
il y a 13 ansC'est incoyable comment l'individualisme égoïste règne ici.
Il ne faut pas s'étonner, si avec d'aussi brillantes idées, notre société se dirige tout droit vers une faillite démographique et fiscale.
Les femmes sont naturellement désavantagées, côté carrière, lorsqu'elles ont des enfants.
Or, ces enfants vont être un avantage pour l'ensemble de la société.
Il serait donc logique, de tous les points de vue, que l'ensemble de la société facilite la maternité chez les femmes, afin qu'elles n'aient justement pas à choisir entre la carrière et les enfants.
Ça passe donc vers un effort soutenu pour les entreprises de faciliter les congés, et surtout de faciliter la réinsertion.
Mais ça, c'est si évidemment on a un intérêt pour quoi que ce soit d'autre que le profit à court terme.
Anonyme
il y a 13 ans> C'est incoyable comment l'individualisme égoïste règne ici.
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> Il ne faut pas s'étonner, si avec d'aussi brillantes idées, notre société se dirige tout droit vers une faillite démographique et fiscale.
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> Les femmes sont naturellement désavantagées, côté carrière, lorsqu'elles ont des enfants.
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> Or, ces enfants vont être un avantage pour l'ensemble de la société.
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> Il serait donc logique, de tous les points de vue, que l'ensemble de la société facilite la maternité chez les femmes, afin qu'elles n'aient justement pas à choisir entre la carrière et les enfants.
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> Ça passe donc vers un effort soutenu pour les entreprises de faciliter les congés, et surtout de faciliter la réinsertion.
>
> Mais ça, c'est si évidemment on a un intérêt pour quoi que ce soit d'autre que le profit à court terme.
Bravo GBS pour cette réponse. C'est rassurant de voir que dans notre profession, certains ont conservé leur...GBS!