En baisse, ces avocat qui friment…

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Amélia Salehabadi

2011-02-08 15:00:00

Le divorce d'un associé d'un grand cabinet met en lumière le train de vie parfois outrancier de certains avocats. Amélia Salehabadi raconte une histoire vraie...

En Hausse

Borat

Nous avons aussi nos amis du Kazakhstan à Montréal!

Ils sont si sympas avec nous qu'ils nous offrent même un spectacle à la Borat en Cour supérieure de Montréal.

Une femme, très belle, habite à Montréal avec ses frères et son jeune fils. Elle est Kazakhe. Comme elle est pauvre, elle vit grâce à l'aide sociale.

Un de ses frères travaille pour un homme riche et kazakh. Le patron riche tombe éperdument amoureux de la sœur de son employé. L'histoire ne dit pas s'il est beau, mais il est riche en tout cas.

Pour conquérir la belle, il la couvre de cadeaux, notamment de voitures de luxe (Nissan Murano, BMW, Porsche Cayenne), une montre Chopard, des sacs Chanel, des Vuiton. En outre, il paie pendant deux ans le loyer de l'appartement où elle habite avec ses frères. Il paie l'épicerie, le téléphone, le cellulaire de sa dulcinée. Cette dernière restera pendant tout ce temps là sur l'aide sociale quand même.

Mais la Porshe Cayenne va finir par attirer l'attention des agents de l'aide sociale. La jolie dame perdra ses bénéfices et elle devra rembourser environ 14 000$. C'est son amant qui paiera la note.
En fait, elle a plus d'un tour dans son sac, et pour lui réclamer chaque fois davantage de l'argent, elle n'hésite pas à inventer des histoires à boire debout, genre des saisies douanière rocambolesques. Lui, bon enfant et fou d'elle, tombe chaque fois dans le panneau. Juste avant la rupture du couple, elle lui demande 81 000 $ pour soi-disant acheter son cadeau de fête. Elle le quittera dès qu'elle recevra cette somme.

Mais rassurez-vous, Notre Borat national récupérera sa somme, puisqu'il y a après tout une justice dans ce bas monde. Offusqué, notre homme n'hésitera pas à apporter cette affaire en cour...

Si vous voulez vous dérider quelque peu, n'hésitez pas à vous régaler de ce [http://www.jugements.qc.ca/php/decision.php?liste=51074860&doc=44B2B1B61B13F4F750ED9E27D8E643CC063B755F1B5B146FB768C3EB76B1C49E&page=1
|jugement, digne d'un scénario hollywoodien].


En baisse

La frime des avocats

Je ne parle pas souvent ici des jugements en matière de divorce.

Normal me diriez-vous, Droit-inc est un site destiné avant tout aux avocats d'affaires du Québec.

Mais lorsque l'un des deux protagonistes est un associé d'un grand cabinet (et de surcroît chef de département) et que son train de vie est assez symptomatique de la profession, je fonce.

La Décision du juge Déziel risque en effet de vous intéresser, pour deux raisons essentiellement.

Primo, le système de rémunération des associés dans un grand cabinet y est décrit. Secundo, le train de vie au-dessus de ses moyens de l'avocat (ou plutôt de son couple).

Le système de rémunération est le suivant : le cabinet lui verse un salaire de 19 000 $ par mois. À la fin de mars de chaque année, le comité de compensation établit la portion des profits à laquelle chaque associé a droit en raison de sa performance. Cet ajustement est payé à la fin juin. Selon la lettre de la directrice générale du cabinet, l'allocation de profit totale du l'avocat pour 2009 était de 550 000 $. De plus, le cabinet verse à chaque associé une allocation pour une voiture au montant de 9 400 $ par année. Le cabinet demande à chaque associé d'acheter chaque année le maximum de REER permis, soit 21 000 $ pour l'année 2010. Pour les chiffres exacts, le jugement est fort révélateur. Je vous invite à le consulter.

Mais revenons plus précisément à l'associé. Il s'agit d'un avocat reçu au barreau dans les années 80, spécialisé en droit du travail, qui au bout de 22 ans de mariage avec sa femme, quitte cette dernière pour une autre, visiblement plus jeune (elle a un enfant de 7 ans).

Somme toute, une histoire banale.

Notre avocat travaille beaucoup -50 heures par semaine -, accumule beaucoup de biens (maisons, voitures de luxe, chalets, lacs artificiels), dépense plus qu'il ne gagne (voyages, dont un voyage de 2 mois en Europe, décorations et réparations des chalets et maisons à coup de 100 000 $ et plus à chaque fois, réceptions, sorties aux restaurants, etc.).

Le tout est financé grâce à des marges de crédits, les dépenses étant plus importantes que les rentrées. À tel point, que la banque de l'avocat le contraint à contracter une hypothèque de 140 000 $ sur une de ses résidences pour diminuer sa marge de crédit courante en bas du maximum autorisé de 50 000 $. Car, malgré une valeur nette de ses biens assez modestes (après 30 ans de carrière) ma foi de 328 393,62 $, l'avocat a maintenu un niveau de vie important et donc à crédit. La situation financière de l'avocat lors du divorce devient si dramatique, qu' il se représente seul, car il ne peut plus assumer les frais d'un avocat. Au mois de juin 2010, il doit à sa banque plus de 200 000 $ sur ses trois marges. Il a en banque 923,86 $ de cash au 1er décembre 2010.

Qui mérite une petite sanction aujourd'hui?
Qui mérite une petite sanction aujourd'hui?
Mais attention, le Juge Deziel est également sinon plus sévère avec l'ex-épouse qui « n'a pas fait les efforts requis pour retrouver son autonomie » . Elle semble vouloir faire saigner à mort son ex-mari, puisqu'elle réclame 14 000 $ pour couvrir ses dépenses mensuelles (montant qui sera réduit à un peu plus de 6000 $ par le juge Déziel).

Madame, malgré son métier de décoratrice ne travaille pas depuis la séparation en 2006; elle a acheté une nouvelle maison de plus de 750 000 $ pour elle toute seule. Elle s'est retrouvée dans les bras d'un riche veuf qui lui paie ses nombreux voyages.

Je vous parle de cette histoire, car comme je vous le disais, elle est symptomatique du milieu.

Le train de vie de cet avocat avec son ex-femme ressemble à celui de TRÈS nombreux disciples de Thémis : je travaille fort- je dépense beaucoup- je travaille encore plus fort pour rembourser des sommes plus importantes- je dépense-encore-plus,etc.

Une explication?

Permettez-moi de simplifier. Ce train de vie des avocats d'affaires s'explique essentiellement par deux motifs, me semble-t-il. D’une part, c'est un métier stressant alors on dépense pour décompresser, d’autre part, le milieu est maladivement compétitif. Pour démontrer que je réussis, que je suis le meilleur, je claque le fric. Surtout, le fric que je n'ai pas. Entre les costumes de designers italiens à la mode, la maison à Westmount (of course), le chalet dans les cantons de l'est, la BMW dernier cri, le VUS Mercedes-Benz, la Porsche, le choix est vaste.

Je suis, donc je frime. Ou l'inverse. C'est selon.

Et si pour vivre heureux, on vivait simplement, sans se mettre cette surcharge d'endettement excessif qui alimente sans cesse ce cercle vicieux?
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