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Bouchard c. Khadir: La transcription complète

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L'équipe Droit-inc

2011-06-01 19:13:00

Voici la transcription intégrale de la confrontation de mardi entre Amir Khadir et Lucien Bouchard. Lequel des deux est allé trop loin?

M. Khadir: Oui, merci, M. le Président. C’est bien court. Bienvenue, M. Bouchard, à l’Assemblée nationale.

M. Bouchard, beaucoup de gens, surtout des souverainistes, des indépendantistes, se sont désolés de vous voir passer, disons, comme représentant de l’industrie pétrolière et… et gazière. C’est sûr que, pour les indépendantistes que nous sommes, il est assez inconcevable qu’on puisse servir les intérêts d’une nation tout en travaillant ardemment à protéger des intérêts de multinationales étrangères qui cherchent en fait à spolier nos ressources naturelles, comme ils l’ont fait pour le plus clair des dernières années pour ce qui est des ressources gazières, pétrolières, des ressources aussi minérales. Je n’ai pas besoin de faire beaucoup de démonstration là-dessus, c’est désolant… mais aussi pour notre peuple.

Moi, j’ai reçu… sachant qu’il y avait une commission, il y a une jeune citoyenne de Montréal qui m’a écrit, en fait, quelque chose qu’elle voulait que je vous lise: «Lucien Bouchard, la nation québécoise mérite mieux que ce que vous êtes venu lui proposer.»

M. Bouchard (Lucien): …

M. Khadir: En fait, elle vous écrit.

M. Bouchard (Lucien): À moi?

M. Khadir: Oui: «la nation québécoise mérite mieux[...]»

M. Bouchard (Lucien): À travers vous, vous êtes le facteur, vous êtes le facteur…

Le Président (M. Pinard): …

M. Khadir: Oui, je suis le facteur, je suis l’humble facteur d’une citoyenne.

M. Bouchard (Lucien): Voilà.

Le Président (M. Pinard): S’il vous plaît, on s’adresse à la présidence.

M. Khadir: Je souhaiterais… M. le Président…

Le Président (M. Pinard): Merci.

M. Khadir: Voici la lettre qui est adressée à M. Bouchard. En fait, vous êtes venu… M. Bouchard est venu proposer qu’on protège le droit individuel d’entreprises qui voient leurs propriétés spoliées. Alors, elle, elle dit, elle travaille fort, cette jeune, elle nous dit que «La nation québécoise travaille fort, elle lutte pour demeurer souveraine sur sa terre de ses richesses. Et, là…» Puis elle commence à citer Gatien Lapointe dans son Ode au Saint-Laurent : «Et là… “Et l’âpreté du soleil sur sa nuque, Et la rude espérance et la haute justice,” Et la patience fidèle de ses pas.»

Malheureusement, vous n’avez pas été fidèle à cet engagement que nous devons avoir comme serviteur du bien public…

M. Bouchard (Lucien): Est-ce que je suis ici pour subir des jugements moraux de ce monsieur?

Le Président (M. Pinard): Monsieur…

M. Bouchard (Lucien): Est-ce que c’est la tradition, maintenant, dans cette enceinte, que de porter des jugements de nature morale sur les gens qui y comparaissent?

Le Président (M. Pinard): Monsieur… M. Bouchard…

M. Khadir: Bien, c’est parce que vous servez l’intérêt… l’intérêt de… M. Bouchard…

M. Bouchard (Lucien): Mais, c’est absolument indigne, ça? Où est-ce qu’on est?

Le Président (M. Pinard): M. Bouchard?

M. Khadir: M. Bouchard…

M. Bouchard (Lucien): C’est la cour du roi Pétaud!

M. Khadir: M. Bouchard, je m’excuse.

Le Président (M. Pinard): S’il vous plaît.

M. Khadir: Je ne veux pas vous insulter personnellement.

Le Président (M. Pinard): S’il vous plaît.

M. Khadir: Vous avez eu un rôle… M. Bouchard?

Le Président (M. Pinard): S’il…

M. Bouchard (Lucien): Vous me dites que je n’ai pas été fidèle aux Québécois…

M. Bouchard (Lucien): …porter des jugements de nature morale sur les gens qui y comparaissent?

M. Khadir: Bien, c’est parce que vous servez l’intérêt, l’intérêt de…

Le Président (M. Pinard): M. Bouchard.

M. Bouchard (Lucien): Mais c’est absolument indigne, ça!

Le Président (M. Pinard): M. Bouchard.

M. Bouchard (Lucien): Où est-ce qu’on est?

M. Khadir: M. Bouchard.

M. Bouchard (Lucien): C’est la cour du roi Pétaud!

M. Khadir: M. Bouchard, je m’excuse. Je ne veux pas vous insulter personnellement.

Le Président (M. Pinard): S’il vous plaît.

M. Khadir: Vous avez eu un rôle…

Le Président (M. Pinard): S’il vous plaît.

M. Bouchard (Lucien): Vous me dites que je n’ai pas… que je n’ai pas été fidèle aux Québécois, monsieur.

M. Khadir: M. Bouchard…

M. Bouchard (Lucien): Écoutez…

M. Khadir: …vous n’avez pas été fidèle au rôle de réserve…

M. Bouchard (Lucien): …je ne vous reconnais aucun droit de porter des jugements sur ma fidélité aux Québécois.

M. Khadir: …qui incombe à un premier ministre.

M. Bouchard (Lucien): Aucun droit.

Le Président (M. Pinard): Tel que… C’est tout le temps, tout le temps…

M. Bouchard (Lucien): Aucun droit. Il est en dehors de ses pompes, là, lui, M. le Président.

M. Khadir: M. le Président, est-ce que…

Le Président (M. Pinard): M. Bouchard, tout d’abord je tiens à vous mentionner, au nom des collègues de la commission parlementaire, on voudrait vous remercier d’avoir pris la peine ce matin de vous être déplacé avec les deux autres membres qui vous accompagnent pour venir représenter l’industrie et pour vous… pour nous permettre de vous questionner, de vous demander votre point de vue sur le projet de loi n° 18. Et tous les collègues, j’imagine, sans exception, j’imagine, sont heureux de vous rencontrer ce matin.

Alors, oui, il y a certaines choses qui se passent différemment depuis la dernière élection en commission parlementaire. Nous essayons de maintenir, de maintenir, au meilleur le décorum en ce parlement et en cette commission, et nous allons continuer tant et aussi longtemps que vous allez être parmi nous.

M. Bouchard (Lucien): Alors, je vais répondre à la question parce qu’il y a une question dans ce qu’il a dit. M. Khadir: M. le Président, je n’ai pas terminé.

M. Bouchard (Lucien): J’ai cru déceler une question dans ce qu’il disait, quand même.

M. Khadir: M. le Président, je n’ai pas terminé, monsieur…

Le Président (M. Pinard): Alors, pour l’instant, il nous reste 1 min 15 s pour répondre à la question, M. Bouchard.

M. Bouchard (Lucien): Bien, la question: Est-ce que c’est l’intérêt de la nation québécoise…

M. Khadir: J’ai été interrompu. M. le Président, est-ce qu’il y a une présidence à cette commission?

Le Président (M. Pinard): Excusez-moi. Pardon, monsieur.

M. Khadir: M. le Président, j’ai été interrompu…

Le Président (M. Pinard): Une question de règlement, M. le député de Mercier?

M. Khadir: J’ai été interrompu à plusieurs reprises. Je n’ai pas pu faire ma déclaration et poser ma question. Si vous permettez, j’invite M. Bouchard à être patient, je vais lui poser une question très précise.

Le Président (M. Pinard): Alors, voulez-vous la poser par le biais de la présidence?

M. Khadir: Oui, je vais y arriver. Parce qu’il faut le contextualiser. M. Bouchard est ici parce qu’il s’inquiète des droits d’exploration et d’exploitation des compagnies qui sont en grande majorité des compagnies américaines ou canadiennes à l’extérieur du Québec. Il se trouve qu’il pense que c’est eux qui ont fait l’exploration et… et, disons, qui ont mené les études. Et il nous a même dit que l’entreprise Junex, par exemple, qui est le seul exemple québécois qu’il peut nous citer, ça a été réalisé parce que la SOQUIP avait laissé aller les permis. Or, vous savez que, dans un texte de Jacques Gélinas, on a appris en janvier dernier qu’en fait c’est M. Bouchard et M. André Caillé que… lorsqu’il était président d’Hydro-Québec, qui ont liquidé la SOQUIP, la Société québécoise d’initiatives pétrolières, qui, à la fin des années quatre-vingt-dix, dans les années quatre-vingt-dix, était en contrôle de tous ces permis et avait fait pendant 40 ans, 30 ans, des explorations et l’investigation qui ont été remis littéralement à l’industrie privée. Et c’est M. Bouchard qui a forcé la SOQUIP à renoncer à son mandat et qui a fini de la liquider, d’accord?

Alors, je voudrais lui demander: Comment alors est-ce qu’il peut aujourd’hui venir réclamer des droits pour ces entreprises privées qui nous ont spoliés, qui nous ont dépossédés de 30 ans d’investissements publics dans la SOQUIP…

Le Président (M. Pinard): Alors, merci infiniment, M. le député de Mercier.

M. Bouchard (Lucien): …pour l’investigation pétrolière et gazière?

Le Président (M. Pinard): Merci infiniment, M. le député de Mercier. Le temps est maintenant complété. Votre temps imparti est complété.

M. Khadir: …sur l’histoire de la SOQUIP et de sa liquidation.

Le Président (M. Pinard): Je… Veuillez me transmettre votre document pour le dépôt. Bon.

M. Bouchard (Lucien): …permis bien avant que… que j’arrive au pouvoir, là. Ils ont même investi 40 millions en Alberta à même les 100 millions qui leur avaient été octroyés. Et c’est ce jeune ingénieur qui travaillait pour la SOQUIP à l’époque, qui a décidé de reprendre le flambeau puis d’essayer de prouver qu’il y en avait… Deuxièmement, puis la question principale, elle est de fond. Vous faites référence à la nation québécoise dont nous sommes tous et dont les intérêts nous tiennent tous à coeur. Et je vous soumets, monsieur, qu’il faut se préoccuper de la possibilité pour la nation québécoise et pour le Québec de recevoir des investissements. Et on ne peut pas s’imaginer que les investissements ne peuvent venir que du Québec. Tous les pays au monde reçoivent des investissements étrangers; le Québec n’en reçoit pas assez, pas assez, en reçoit moins qu’autrefois même. Il faut absolument que nous nous assurions que le développement des… du Québec, que le développement de la nation québécoise puisse s’effectuer en particulier avec la contribution des investissements publics, des investissements privés qui viennent de corporations. Et je ne comprends pas cette espèce d’urticaire…

Le Président (M. Pinard): Alors, merci beaucoup.

M. Bouchard (Lucien): …que vous faites quand vous parlez des corporations.

Le Président (M. Pinard): Je regrette, M. Bouchard.

M. Bouchard (Lucien): Les corporations sont des citoyens qui ont des droits.
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