Pratiquer en solo

Le syndicat dans la peau

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Céline Gobert

2012-03-07 15:00:00

Oui, exercer à son compte et être heureux, c‘est possible. A l’image de cette avocate qui pour rien au monde n’irait rejoindre un grand cabinet… Rencontre et portrait.

Me Kim Bergeron a 29 ans, et le sourire aux lèvres.

Même si son salaire annuel (qui tourne autour de 80 000 $ par année) n’est pas aussi payant que celui de certaines de ses amies, embauchées dans de grands cabinets, la qualité de vie que lui apporte son travail au quotidien ne se monnaye pas.

« L’avantage premier, c’est la liberté, dit-elle, une liberté de mouvement, de confectionner ses horaires, on ne m’impose rien. A son compte, on est également dans le bain de suite, j’ai commencé à plaider immédiatement. Enfin, la relation humaine avec le client est très différente. Ils me font confiance à moi, en tant que personne ».

Le premier avantage de la pratique en solo, c'est la liberté, pour Kim Bergeron
Le premier avantage de la pratique en solo, c'est la liberté, pour Kim Bergeron
Selon elle, dans les gros bureaux, le client demeure plus éloigné : il y a d’abord l’étudiant, ensuite le stagiaire, puis l’avocat, et enfin l’associé, qui se charge souvent lui-même du contact client.

Autant d’échelons qui la séparent de sa motivation première à pratiquer le droit du travail : l’aspect humain.

« J’ai choisi ce domaine parce que contrairement au droit civil par exemple, où il y a beaucoup plus de procédures, le droit du travail revêt une dimension humaine. Je suis vraiment avec la personne », confie-t-elle.

La semaine dernière, alors qu’elle était au ski avec une amie, cette dernière a reçu plusieurs courriels de son travail. Un samedi.

« C’est une chose inenvisageable en ce qui me concerne. Si je travaille un samedi ou un dimanche, c’est uniquement parce que je l’ai décidé ».

Une détermination qui enrobe chacune de ses phrases, et qui lui fut nécessaire pour arriver là où elle en est. Car, elle l’avoue, c’était plutôt mal parti.

Rigueur et organisation

500 applications, pour seulement une dizaine d’entrevues, cette graduée de l’UQAM, promo 2005, n’a reçu qu’un seul appel : celui de la Commission de Construction du Québec où elle effectue son stage du barreau.

« J’ai eu beaucoup d’entrevues avec des cabinets côté patronal, mais jamais de suite. A l’époque, l’UQAM se classait dernière dans les statistiques des notes au Barreau, et le fait que je sois syndiquée était peut-être perçue comme une tâche au dossier. La Commission de Construction était un entre-deux, la police du droit du travail en quelque sorte», déclare-t-elle.

Puis, moins d’un an plus tard, elle décroche un contrat de service avec le Local 501, un syndicat, côté travailleurs, qu’elle connaît déjà puisqu’elle y était syndiquée, en tant qu’étudiante.

Ensuite, tout s’accélère : sa clientèle grossit, elle décroche deux autres contrats avec des syndicats, et adhère à une association sur internet « le Groupe juridique » qui lui assure l’autre moitié de sa clientèle.

Si elle n’effectue pas de contrats de service à proprement parler avec le syndicat de construction, tous les dossiers de CSST lui sont attribués.

« J’allie ainsi deux domaines qui me passionnent : le médical et le droit », dit Me Bergeron.

Pour les Syndicats des Représentants Syndicaux : même combat. Les dossiers de griefs et de CSST s’enchaînent. En ce moment, elle gère plus de 500 dossiers actifs, un gros volume inhérent aux contrats de service.

Pour sa clientèle non syndiquée, ses dossiers traitent des normes et contrats de travail. Une clientèle qui, seule, ne lui aurait pas été suffisante pour se mettre à son compte, reconnaît-elle, mais qu’elle juge essentielle.

« Ces personnes sont le plus souvent en détresse lorsqu’elles viennent me voir. J’aime cet aspect humain, voire psychologique, du droit du travail », dit-elle.

Avec le Groupe Juridique, elle pratique des tarifs à l’acte, fixes, décidés à l’avance. Si la procédure n’est pas sur la liste, la tarification horaire prend le relai.

Avec les syndicats, elle perçoit un montant annuel, qu’elle divise par douze, ce qui lui assure une stabilité au niveau des revenus.

Travailler à son compte s’est finalement révélée la plus belle chose qu’elle pouvait faire.

« J’adore ce que je fais. Je n’ai à rendre de compte à personne, s’il y a quelqu’un à blâmer, c’est moi. J’ai un bureau chez moi, et je suis ma propre discipline », dit-elle, ravie d’être aux commandes.

Pour autant, Me Bergeron n’est pas complètement seule sur le terrain.

« J’ai l’occasion de tisser des liens, avec des amis qui pratiquent, ou des collègues, on discute, on se conseille. Certains collègues des grands bureaux m’appellent même quelquefois pour avoir quelques informations qu’ils ne trouvent pas »

L’entraide, encore. Et l’humanisme en colonne vertébrale de toute sa carrière, semble-t-il.
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