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Encore du temps pour Jean Charest

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Louis Lapointe

2012-03-22 14:15:00

L'ex-directeur de l'École du Barreau, Louis Lapointe revient sur la Commission Charbonneau. Il se demande "à quel jeu joue la GRC ?"

Une des conséquences directes du refus de la GRC de remettre pour des raisons juridictionnelles les documents de l’enquête Colisée requis par la commission Charbonneau sera de permettre à Jean Charest d’élargir un peu plus la fenêtre dont il dispose pour déclencher des élections à l’automne.

À quel jeu joue la GRC, s'interroge Louis Lapointe
À quel jeu joue la GRC, s'interroge Louis Lapointe
Ce contretemps s’ajoute à une longue série d’événements qui viennent retarder et perturber les travaux de la commission d’enquête sur la construction.

L’enquête sur les fuites policières concernant la présumée taupe du SPVM ne sera pas sans conséquence non plus. Elle dissuadera plusieurs éventuels délateurs, indicateurs et sources au sein des forces de l’ordre de passer aux aveux ou de se confier aux journalistes.

À cela s’ajoutera la réticence des syndicats à transmettre des informations sensibles au sujet de leurs membres. Une réaction prévisible qui découle de l’obligation légale imposée par le Code du travail aux syndicats dont le devoir est de protéger leurs membres dans certaines situations. (…)

Jean Charest a également pris d’autres précautions, comme celle de nommer Diane Lemieux à la présidence de la CCQ, cette dernière étant littéralement en train de vider la CCQ de ses meilleurs éléments, notamment les plus expérimentés. Des inspecteurs qui ont préféré prendre leur retraite avant que la CCQ coupe tous leurs droits acquis au cours des 30 dernières années. D’autres alliés de moins pour la commission. (…)

Des manœuvres qui retarderont sans nul doute le travail de la juge Charbonneau et avec lesquelles elle devra certainement composer. Son récent appel à la délation publique en étant un sérieux indice ! Éloge de la lenteur

Au milieu des années 90, la même GRC avait amené de l’eau au moulin du premier ministre Jean Chrétien en impliquant l’ancien premier ministre Brian Mulroney dans l’affaire Airbus sur la base de faits qu’elle n’a jamais élucidés malgré la tenue d’une longue enquête qui s’est terminée en queue de poisson parce qu’elle avait fait défaut de recueillir le témoignage du principal témoin, l’ancien premier ministre de Terre-Neuve et associé de Karlheinz Schreiber, le lobbyiste Frank Moores, avant que ce dernier ne meure en juillet 2005, soit près de 10 ans après l’ouverture de la première enquête Airbus. Retour sur l’affaire Airbus

Une omission que n’a jamais expliquée la GRC.

La GRC n’en était pas à son dernier cafouillage. Dans le cas de l’affaire Maher Arar, elle avait transmis des informations inexactes aux autorités américaines qui avaient conduit à la déportation de ce dernier en Syrie où il a été emprisonné et torturé avant d’être rapatrié au Canada.

À quel jeu joue la GRC ?


Note:
Le procureur de la GRC, Me Claude Joyal, a été au service de l’École du Barreau du Québec alors que j’en étais le directeur.


Le billet de Louis Lapointe a initialement été publié sur Vigile.net le mardi 20 mars. Il fait suite à une première chronique au sujet de la Commission Charbonneau.
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